OBEPINE+ : « Les enjeux de santé publique auxquels nous faisons face sont mondiaux »
De l'épidémiologie à l'éthique, la conférence internationale « Surveillance des maladies infectieuses par les eaux usées » a mis en avant l’importance de la multidisciplinarité.
Le 12 novembre dernier, une centaine d'experts venant du monde entier, qu’ils soient scientifiques, professionnels du droit ou actrices et acteurs politiques, se sont réunis à Paris pour participer à la conférence « Surveillance des maladies infectieuses par les eaux usées : vers une perspective mondiale ». Plus de 900 personnes ont également participé via Zoom et YouTube.
Organisé par Sorbonne Université à l’Institut du Cerveau (Sorbonne Université/AP-HP/CNRS/Inserm), cet événement a été orchestré en collaboration avec l’Alliance 4EU+, OBEPINE+, l’université Paris-Assas et le Forum Santé de Genève. L’Organisation mondiale de la Santé a également contribué à l’organisation et a participé activement, avec l’intervention du Dr Chikwe Ihekweazu, épidémiologiste et directeur adjoint du département des systèmes de surveillance et de renseignement sur les urgences sanitaires.
Cette conférence est le fruit de SWEALTH, un projet de l’Alliance 4EU+ dirigé par Vincent Maréchal, professeur de virologie à Sorbonne Université, le premier projet de recherche stratégique commun à toutes les universités 4EU+ et financé par les membres eux-mêmes.
Pourquoi cette collaboration internationale est-elle importante ?
Vincent Maréchal : Les enjeux de santé publique auxquels nous faisons face sont mondiaux : les agents pathogènes ne connaissent pas de frontières, et le contrôle des épidémies nécessite des réseaux de surveillance et un partage d’informations à l’échelle internationale. L’OMS et l’Europe auront un rôle majeur dans la coordination de ces réseaux.
De plus, de nombreuses équipes de recherche travaillent au développement des mêmes outils. La coordination des projets de recherche à l’échelle internationale est essentielle pour mieux organiser les efforts, partager plus rapidement les produits de la recherche et les transférer aux réseaux de surveillance qui en assureront l’application.
Quels sont les espoirs et les objectifs de cette conférence ?
Vincent Maréchal : Cette conférence a été cruciale pour faciliter les échanges entre les communautés de recherche et les acteurs politiques qui, eux, utiliseront ou non les résultats de la recherche pour mieux prévenir les risques infectieux. Elle a également permis de réunir des communautés qui dialoguent trop rarement, comme les chercheuses et chercheurs en sciences, et les collègues en sciences humaines et sociales, dont la contribution sera essentielle pour aborder les questions de droit et d’éthique en particulier.
Il était aussi indispensable de prendre du recul pour évaluer ensemble les axes de recherche les plus pertinents et les stratégies à privilégier si l’on veut intégrer rapidement l’épidémiologie des eaux usées dans d’autres schémas de préparation aux pandémies.
Enfin, de nombreux contacts ont été établis lors de cette conférence, et nous espérons qu’ils contribueront au développement de collaborations transnationales et pluridisciplinaires sur ce sujet.
Le terme multidisciplinarité a beaucoup été évoqué durant la conférence. Pourquoi est-il si essentiel ?
Vincent Maréchal : Créer un système de surveillance des infections par l’analyse des eaux usées, à une échelle mondiale, repose intrinsèquement sur des connaissances techniques et scientifiques, mais aussi sur des aspects liés à l’éthique, au droit et à l’économie. Ces approches exigent le développement de vecteurs de communication vers les décideurs politiques, mais aussi vers la population. À mon sens, la multidisciplinarité est indispensable à l’épidémiologie des eaux usées, surtout si elle s’inscrit dans une logique de stratégies « Approche globale de la santé » (One Health) qui associent la santé humaine à celle des animaux ou de l’environnement.