Jeanne Lebatard-Pontet

Lauréate du programme de bourses Passeport pour les sciences Pluri’elles, Jeanne est étudiante en L2 en filière SPRINT (Sorbonne Physique : Recherche Intensive et Nouvelles Technologies). Grâce aux donatrices et donateurs du programme de bourses, elle bénéficie d’une aide financière lui permettant de se consacrer pleinement à ses études scientifiques exigeantes.

Parlez-nous de votre parcours et de ce qui vous a amené à étudier la physique ? 

J’ai fait ma scolarité à Paris, et dès le collège je n’aimais pas vraiment les maths, la physique, les sciences. Je n’y voyais pas vraiment d’intérêt. Mais en 3^ème ma professeure de physique nous a fait découvrir les atomes : au-delà d’une découverte, c’était pour moi une révélation ! Je trouvais incroyable l’idée de se dire que l’on était constitué des mêmes petites particules que le bureau sur lequel j’étais assise. J’ai donc commencé à m’intéresser à la physique et dès la seconde à beaucoup aimer cette matière ainsi que les maths. Je me suis donc orientée vers une filière S.

Au moment de mon choix d’orientation post-bac j’ai hésité entre université et classe prépa. Mais ce qui m’intéressait, c’était la recherche, j’ai donc choisi la fac en me disant que j’allais faire maths et physique. Lors d’une conférence à la fin de la L1 de Jean Dalibard, chercheur en physique, j’ai eu un déclic et c’est là que j’ai souhaité m’orienter vers la physique plutôt que les maths. Autant donc m’orienter vers un cursus qui m’ouvre les portes de la recherche !

Je suis donc aujourd’hui en SPRINT, cursus intensif de physique dès la L2, qui consiste en une licence de physique classique où l’on approfondit les notions étudiées avec une UE (unité d'enseignement) en plus par semestre. On y est aussi initié à la recherche avec des stages en laboratoire tous les mercredi après-midi.

Pourquoi avez-vous choisi cette formation et Sorbonne Université ?

J’ai choisi ce cursus car les élèves y sont très soudés, on a même une association pour ce dernier avec des parrains et des marraines. Les stages en laboratoire ont été un facteur clef dans le choix de cette filière. Son directeur, Marco Saitta, avait également indiqué qu’il manquait cruellement de filles dans le parcours et qu’il les encourageait donc à y venir étudier.

Il faut savoir que le cursus existe dans d’autres universités : j’ai notamment hésité avec Paris-Saclay. Mais j’ai choisi Sorbonne Université principalement pour son ouverture internationale et son excellence.

Quels sont vos projets à l’issue de votre licence ?

J’aimerais continuer dans la recherche, avec un master en physique. Je sais qu’à Sorbonne Université il y a plusieurs catégories de Master 1, et je souhaiterais faire la spécialité en physique fondamentale. Je compte aussi partir en Erasmus pour étudier ou faire un stage durant mon master. Je dois encore découvrir toutes les matières de la physique pour décider de ce que je ferai durant mon Master 2.

La suite ? J’aimerais beaucoup faire un doctorat suivi d’un post-doctorat, pour être chercheuse ou enseignante-chercheuse.

Que représente la bourse Passeport pour les sciences Pluri’elles pour vous ?

Je trouve cela incroyable qu’une bourse pareille existe, pour accompagner les femmes qui souhaitent faire un parcours en sciences. C’est très encourageant, car dans mon cas par exemple, je n’ai découvert les sciences qu’à travers des hommes. En cours, on n’étudiait que des physiciens et des mathématiciens, pas de physiciennes ou mathématiciennes. J’ai donc cherché des modèles féminins, mais elles sont bien moins connues que leurs pairs. Quand on demande à quelqu’un de citer 3 femmes scientifiques, c’est très difficile, à part peut-être Marie Curie. Je trouve donc cela super d’encourager les jeunes femmes dans cette voie-là. Et plus personnellement, c’est un soulagement financier, qui me permet de réduire mes heures de job étudiant. C’est une source de motivation, de me dire qu’on croit en moi !

Auriez-vous une réussite ou une satisfaction personnelle à partager ?

Être arrivé en SPRINT. J’ai toujours eu peu de confiance en moi alors que j’avais de bons résultats au lycée. En 5^ème j’avais 10 de moyenne en maths, je détestais ça. Mais regardez où je suis aujourd’hui : j’ai été prise dans un cursus sélectif – nous sommes une vingtaine - dans une des plus grandes universités françaises, j’ai été choisie !

J’ai eu des problèmes de santé durant mon année de terminale et je ne pensais pas pouvoir reprendre les études et arriver en 1^ère année à l’université après un an de pause dans mes études scientifiques. Je suis donc très heureuse d’être là où je suis aujourd’hui, après tous ces obstacles.

Quel message auriez-vous pour les mécènes et donateurs qui prennent aujourd’hui part au financement des programmes de bourse Passeport, et plus largement pour un mécène ou un donateur qui envisagerait de soutenir le programme ?

Je lui dirais merci. L’envie initiale de soutenir votre Fondation est déjà formidable. Soutenir les étudiantes et étudiants, c’est un engagement sur lequel on ne peut pas se tromper, car ils sont l’avenir. Soutenir ce type de programme, c’est in fine aussi soutenir la recherche dans tous les domaines. C’est donner une égalité des chances aux étudiantes et étudiants qui souhaitent réussir, car l’argent ne devrait jamais être un frein aux études, et c’est malheureusement plutôt le cas aujourd’hui. Retirer cet obstacle à une étudiante ou un étudiant plus que motivé, c’est un geste formidable. Toutes celles et ceux qui reçoivent une bourse en sont donc, je l’imagine, très reconnaissants.