Changement d'heure : quels effets sur notre corps ?
Le changement d’heure, qui permet de synchroniser le temps d’ensoleillement et l'activité quotidienne, n’est pas sans conséquence pour l’organisme.
Instauré en France à la suite des chocs pétroliers pour réaliser des économies d’énergie, le changement d’heure n’est pas sans conséquences pour le corps. S’il permet de mieux synchroniser la durée d’ensoleillement avec les activités quotidiennes, le passage à l’heure d’été ampute également notre temps de sommeil d’une heure. Véronique Fabre, chargée de recherche au laboratoire Neurosciences Paris Seine-IBPS (Sorbonne Université/CNRS/Inserm) et membre du groupement de recherche sur le sommeil, revient sur les effets de ce changement pour notre horloge biologique.
Le changement d’heure fait perdre une heure de sommeil. Quelles conséquences pour l’organisme ?
Ce manque de sommeil peut provoquer une chute de l'attention, occasionner de la somnolence, de la nervosité ou dégrader l'humeur. Le passage à l'heure d'été pourrait ainsi être la cause d'une augmentation des accidents de la route ou du travail.
Dans notre société, l'exposition prolongée en soirée à la lumière des écrans d’ordinateurs, des tablettes et des smartphones retarde notre endormissement et restreint notre temps de sommeil. Nous avons ainsi perdu en quelques décennies une à deux heures de sommeil par nuit ce qui favoriserait l'apparition de troubles du métabolisme comme le diabète ou l'obésité, ou de maladies cardiovasculaires. La perte supplémentaire d'une heure de sommeil au passage à l'heure d'été aggraverait ponctuellement les effets du manque chronique de sommeil sur notre santé.
Certaines personnes sont, par ailleurs, plus sensibles au changement d'heure comme les adolescents chez qui la puberté induit un retard de phase physiologique et donc un endormissement tardif. Ils auront plus de mal à s'adapter au passage à l'heure d'été.
Quels sont les autres effets du changement d’heure sur notre corps ?
Plus globalement, le changement d'heure perturbe notre horloge interne qui contrôle nos différents rythmes biologiques. Ces rythmes correspondent aux variations périodiques d'une fonction physiologique. La pression artérielle, le rythme cardiaque, la température corporelle, les cycles veille-sommeil et même l'humeur et l'attention varient au cours de la journée. Perturber l'horloge biologique peut donc avoir diverses répercussions sur l'organisme.
Comment fonctionne cette horloge biologique ?
En réalité, il existe plusieurs horloges dans notre organisme, mais la principale est située dans le cerveau. Elle se trouve plus précisément dans le noyau suprachiasmatique de l'hypothalamus. Ce noyau est le générateur fondamental qui coordonne tous nos rythmes biologiques. Par exemple, une lésion dans cette zone du cerveau affecte profondément les rythmes comme ceux de la température corporelle ou de la sécrétion de certaines hormones. La découverte, par Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young, des mécanismes moléculaires qui génèrent ces rythmes, a été récompensée par le prix Nobel de Médecine en 2017.
Nos rythmes biologiques sont-ils entièrement déterminés par notre horloge biologique ?
Nos rythmes biologiques sont endogènes, c’est-à-dire produits par l’organisme. Cela a été mis en évidence chez l’homme par des expériences d’isolement temporel. En 1962, le géologue Michel Siffre a été l’un des premiers à vivre « hors du temps » en s’isolant pendant deux mois dans une grotte. Cette expérience a notamment permis de montrer que le sommeil, comme d’autres variables physiologiques, a un rythme propre, indépendant de l’alternance jour-nuit. Chez l’homme, ce rythme n’est pas exactement de 24h, mais varie entre 23h30 et 24h30 en fonction des individus.
Ce sont les synchroniseurs externes qui agissent sur notre horloge biologique pour une remise à l’heure de nos rythmes sur 24 heures. La lumière est le synchroniseur externe le plus puissant, mais il en existe d’autres comme les activités sociales (repas, travail, sport, etc.).
Quels conseils pour mieux s’adapter au changement d’heure ?
Il est possible de s'adapter au passage à l'heure d'été en adoptant certains comportements simples qui permettent à notre horloge d'anticiper ce changement de rythme jour-nuit.
- Se lever un peu plus tôt pendant plusieurs jours en mettant notre réveil 20 à 30 minutes plus tôt que l'heure habituelle dans les jours qui précèdent le changement d’heure.
- Se coucher plus tôt la veille du changement d’heure est déconseillé car il est difficile de s'endormir à la demande.
- S’exposer le matin à la lumière naturelle qui est notre principal synchroniseur externe.
- Pratiquer une activité physique ou sportive pour favoriser la vigilance pendant la journée.
- Eviter tout ce qui prolonge la veille comme l'exposition à la lumière le soir, la prise d'excitant comme le café en fin de journée qui retarde l'endormissement et rend le réveil à la nouvelle heure plus difficile.
- Eviter pendant cette période de faire la grasse matinée le week-end, la sieste ou de pratiquer du sport en soirée.