Urgence Ukraine : notre engagement solidaire
Solidaire des personnes touchées par la guerre en Ukraine, Sorbonne Université se mobilise à travers une série de mesures d’urgence et de plus long terme. Guillaume Fiquet, vice-président Relations internationales, partenariats territoriaux et socio-économiques, revient sur les actions mises en place par l’université depuis l’annonce du conflit.
Quelles ont été les réponses d’urgence apportées par Sorbonne Université dans le contexte de la guerre en Ukraine ?
Guillaume Fiquet : Suite à la tentative d'invasion de l’Ukraine par la Russie et à la situation de guerre à laquelle l’Ukraine fait face depuis le 24 février 2022, la présidente de Sorbonne Université a rapidement montré l’engagement de notre établissement et sa solidarité envers le peuple ukrainien, sa communauté de recherche, mais aussi les ressortissants russes et biélorusses qui se sont dès le début opposés à cette guerre.
Trois réponses ont immédiatement été apportées par l’université. D'abord, le recensement et la mise en sécurité des personnes liées à Sorbonne Université qui étaient en échange ou en mission internationale en Russie - aucune ne se trouvant en Biélorussie ou en Ukraine. Aujourd’hui, sur une quinzaine de personnes concernées, quatre de nos étudiants et étudiantes sont encore en Russie. Nous sommes en contact régulier avec eux et, même si nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, un courrier leur a été adressé pour leur demander de rentrer en France afin de prévenir de situations pouvant devenir plus complexes.
La deuxième action lancée par Sorbonne Université a été de déployer dès le mois de mars une aide matérielle et psychologique d’urgence aux membres de notre communauté touchés par cette crise. Rappelons que Sorbonne Université compte environ une centaine de personnels ou étudiants ukrainiens et plus de 200 étudiants et personnels de nationalité russe. Nous veillons particulièrement à ce qu’aucune discrimination ne soit faite entre les ressortissants russes et ukrainiens, qui subissent les conséquences de cette guerre. Les informations concernant les aides ont été relayées sur le site de l'université et dans le fil d'actualité qui nous permet de tenir informé l'ensemble des personnels et étudiants des mesures mises en œuvre.
La troisième réponse d’urgence a été, en cohérence avec la décision unanime des États membres de l’Union européenne, de suspendre toutes les coopérations institutionnelles avec la Russie (accords de formation, missions, séminaires communs, etc.). Ces mesures ont particulièrement impacté la faculté des Lettres, notamment les Collèges universitaires français en Russie (CUF), mais aussi de nombreux laboratoires au sein de Sorbonne Université qui ont noué des liens forts avec des laboratoires de recherche russes. Sorbonne Université s’est, néanmoins, engagée à ce que les étudiantes et étudiants en bi-diplomation franco-russe puissent finaliser leur mémoire auprès des enseignants français de façon indépendante des CUF et le soutenir auprès de leur établissement de rattachement.
Quelles mesures ont été mises en place pour l’accueil des personnels de recherche en exil ?
G. F. : Sorbonne Université a eu recours, comme beaucoup d'établissements français, au programme national PAUSE qui co-finance cet accueil pris en charge par les établissements et les laboratoires. Un appel spécial a été ouvert pour tous les doctorants, chercheurs et enseignants-chercheurs de nationalité ukrainienne. Il propose une aide financière pour un accueil d’urgence de trois mois - ce délai permettant une mise à l’abri et de préparer un dossier pour un accueil régulier au programme PAUSE pouvant aller jusqu'à un an.
À l'heure actuelle, nous comptons une vingtaine de demandes dans plusieurs départements de nos facultés. Engageant la responsabilité de l’établissement, les dossiers sont examinés collectivement en prenant soin de regarder à la fois l’aspect scientifique et la soutenabilité de l’accueil, mais aussi l'adéquation entre le projet de recherche, le parcours des personnes et les laboratoires de l'université. Pour cela, nous avons mis en place une cellule qui réunit de façon hebdomadaire les représentants de l’ensemble des facultés et des services, où nous étudions également les possibilités de cofinancement et d'hébergement.
Quelles actions sont menées pour l’accueil des étudiants et étudiantes fuyant les zones de guerre ?
G. F. : Parmi ces étudiantes et étudiantes, nous comptons à la fois les personnes de nationalité ukrainienne qui fuient la guerre, mais également les ressortissants de pays tiers qui résidaient en Ukraine avant le 24 février 2022 et qui, bien que touchés par ce conflit, ne bénéficient pas actuellement d'une protection temporaire européenne.
Avec la vice-présidente Formation et Vie étudiante Stéphanie Bonneau et les services de l’administration, nous mettons en place un dossier et une adresse unique pour recueillir l’ensemble des demandes de pré-inscription de ces étudiantes et étudiants. Ces dernières seront examinées par les services pédagogiques compétents dans les différentes facultés.
Par ailleurs, à l’initiative du Service d’innovation pour l’apprentissage des langues (SIAL) hébergé par la faculté des lettres et du diplôme universitaire de retour aux études supérieures des personnes exilées (DU RESPE) géré par la faculté des Sciences et Ingénierie, nous proposons d’ores et déjà à des étudiants non-francophones fuyant l’Ukraine des formations en français langue étrangère. Nous sommes en train de renforcer les capacités d’accueil des différents départements et services de langue de Sorbonne Université pour quelques groupes supplémentaires au printemps, en école d’été et pour l’année 2022-2023.
Au-delà des formations tournées vers l’acquisition de la pratique du français, Sorbonne Université mobilise tous ses moyens afin d’accueillir une part de ces étudiantes et étudiants en exil pour la rentrée dans les cursus universitaires de licence et master, malgré la tension sur le nombre de places en formation. Nous allons également augmenter les capacités d'accueil du DU RESPE. Le dossier d’inscription unique est d’ailleurs grandement inspiré de celui développé pour ce diplôme.
Enfin nous essayons d’installer une solidarité à l'intérieur de notre alliance européenne 4EU+ afin d’apporter notre soutien aux universités proches de la frontière ukrainienne. C’est le cas notamment de l’université de Varsovie qui accueille déjà des centaines d'étudiants et étudiantes fuyant les zones de guerre. Cette solidarité sera proposée aux membres de l'Alliance Sorbonne Université et plus largement de nos partenaires en région parisienne et en province.
Quel budget l’université a-t-elle réservé à ces mesures d’urgence ?
G. F. : Les dossiers soumis au programme PAUSE doivent comporter une part de co-financement sur lequel l’université s’engage et doit donc veiller à ce que le co-financement du salaire des bénéficiaires soit assuré. Afin de maximiser les capacités d’accueil, les laboratoires sont invités, lorsque c’est possible, à mobiliser leurs reliquats de contrats de recherche ou d'autres financements, Sorbonne Université pouvant mobiliser une part de l’Idex réservée pour financer les besoins non couverts. Je tiens à souligner ici la belle solidarité dont ont déjà fait preuve plusieurs laboratoires ou programmes d’Instituts et d’Initiatives.
500 000 euros des fonds de l'Alliance Sorbonne Université seront consacrés à faciliter l’accueil des étudiantes et étudiants fuyant la guerre en Ukraine et cofinancer le salaire de bénéficiaires du programme PAUSE. Il s’agit d’un engagement financier fort de l'établissement sur ses ressources propres. La Fondation Sorbonne Université a également lancé un appel au don pour soutenir ces actions de solidarité.