Architecture et œuvres d'art
Les campus, centres et bâtiments de Sorbonne Université constituent un patrimoine architectural – historique ou contemporain – parfois méconnu, mais remarquable.
De la Sorbonne de Nénot où est implantée une partie de la faculté des Lettres au campus Pierre et Marie Curie, l’histoire architecturale de Sorbonne Université est riche et continue de s’écrire aujourd’hui.
C’est à la fin du XIXe siècle, après l’abandon de plusieurs projets de rénovation, que la Sorbonne du XVIIe siècle bénéficie enfin d’un ambitieux projet de reconstruction. Sous l’impulsion de Jules Ferry, un concours est ouvert en 1882. L’architecte Henri-Paul Nénot, élève de Charles Garnier qui n’a pourtant encore rien construit, le remporte. En trois chantiers successifs s’étalant jusqu’en 1901, Nénot dote la Sorbonne d’un palais académique (où siégeait l’administration rectorale), inauguré en 1889, et de nouveaux locaux d’enseignement et de recherche pour les facultés des sciences et des lettres.
D’inspiration éclectique, la « nouvelle Sorbonne » associe façades néo-Renaissance, péristyles à l’antique et cour d’honneur de style classique, dominée par la chapelle de Lemercier. Son grand vestibule, son escalier d’honneur et son grand amphithéâtre, classés Monuments historiques, constituent des références de l’architecture de la Troisième République.
Des visites de la Sorbonne sont régulièrement organisées par le Rectorat de Paris.
L’Institut d’art et d’archéologie (1925-1928) a été édifié à l'emplacement de l'ancien Institut de chimie appliquée de la Faculté des sciences de l’Université de Paris. D’inspiration historiciste, le bâtiment réalisé par Paul Bigot, prix de Rome en 1900, associe une structure en béton armé à un revêtement de briques rouge vif. Une frise de moulages archéologiques en terre cuite se déploie tout le long de l’Institut, reproduisant des chefs d’œuvre de l’histoire de l’art, écho à la destination du bâtiment. La grille d’inspiration médiévale de l’entrée a été exécutée par les établissements Borderel et Robert, alors dirigés par Raymond Subes, qui réalisera plus tard en 1960 les ferronneries des portes d’entrée des barres de Cassan à la Faculté des sciences.
« Palais des Doges? Alhambra? Thermes de Dioclétien? églises de l’Ara Coeli? d’Assise? de Palerme?... oui? ... Eh bien, oui et non, il y a de tout cela, oui, mais il y a autre chose, autre chose d’entièrement personnel, de complètement nouveau » dans le bâtiment de Paul Bigot, écrira en 1930 un journaliste dans L’Illustration.
Classé Monument historique en 1996, il accueille aujourd’hui l’UFR d’Histoire de l’Art et Archéologie de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.
Pour en savoir plus : Christian Hottin, « L’Institut d’Art et d’Archéologie », Universités et grandes écoles à Paris. Les palais de la science, Paris, 1999, 222 p., p. 121-125.
Inauguré en 2016 après de nombreuses années de rénovation, l’ex-campus Jussieu constitue aujourd’hui la principale implantation parisienne de la Faculté de sciences et ingénierie. Resté pendant longtemps « l’Eldorado inaccessible des universitaires, scientifiques ou médecins » (Christian Hottin), l’immense site de la Halle aux Vins sur le quai Saint-Bernard est officiellement affecté à la Faculté des sciences dans l’immédiate après-guerre. Après une première phase de travaux conduisant à la réalisation de « barres » par Urbain Cassan, la nomination en 1962 d’Edouard Albert à la tête de ce projet de construction d’une nouvelle Faculté des sciences constitue un tournant.
Malgré les objectifs fixés initialement par le doyen Zamansky (« une faculté des sciences se construit en trois ans pour trente ans »), le projet, inachevé, s’interrompt en 1972. Il en reste un immense « gril » dont la réalisation en plein cœur du Paris historique avait suscité une importante controverse mais qui a constitué un jalon dans l’histoire de l’architecture universitaire. Du reste, sous l’impulsion d’André Malraux, de nombreuses œuvres d’art seront commandées au titre du « 1 % artistique » et intégrées au projet. Si les premières réalisations sont entièrement mises au service de l’architecture, elles gagnent progressivement en autonomie et viennent renforcer la dimension muséale des espaces du « gril » d’Albert.
Ces œuvres, réalisées entre 1961 et 1975 par des artistes majeurs (Cinq Ailes d’Alexandre Calder, Le Petit Théâtre de Jean Arp, Para Vista de Victor Vasarely), méconnus (fresques de Léon Gischia et Dan Sabatay, Labyrinthe de François Stahly) ou au parcours singulier (comme Jacques Lagrange, qui a dessiné les décors de plusieurs films de Jacques Tati… et le dallage du campus Pierre et Marie Curie), sont indissociables de l’histoire artistique et architecturale de la seconde moitié du XXème siècle.
Entre 2009 et 2015, d’importants travaux de réhabilitation des secteurs Est et Ouest du campus ont été réalisés sous le pilotage de l’agence Architecture-Studio et la maîtrise d’ouvrage de l’EPAURIF. L’ouverture du campus sur la ville a constitué l’un des enjeux centraux de cette restructuration du campus, également marquée par l’intégration de nouveaux éléments architecturaux dans les patios, comme le Tipi ou la Bibliothèque des licences.
L’un des équipements les plus récents de Sorbonne Université, le centre Clignancourt a été inauguré en 2013. Conçu par l’agence Gaëlle Péneau Architectes et associés (GPAA), il a pris la suite du « centre universitaire » originel, réalisé dans l’urgence en 1968. Intégré à un projet plus vaste de renouvellement urbain du quartier Clignancourt, il a été conçu comme « un espace simultanément protégé et ouvert sur le quartier », autour de trois équipements fédérateurs – une bibliothèque, un gymnase et un grand auditorium (le centre accueillant notamment l’UFR de musicologie de la Faculté de lettres).