Quelle prothèse pour le cyborg de demain ?
Par Mathilde Legrand
Homme augmenté, cyborg, prothèse active: des mots qui font peur autant que rêver. Certains se demandent même si, un jour, ils ne se feront pas volontairement amputés car les prothèses dépasseront les capacités humaines. Et pourtant...
Malgré ce qui est dit, depuis bientôt 70 ans que les prothèses de bras robotisées existent, elles ne sont toujours pas contrôlées par la pensée. La technique utilisée est presque aussi vieille que les prothèses: une sorte de langage morse avec des contractions musculaires. Comme si vous aviez deux boutons pour contrôler la main, le poignet et le coude prothétiques. Apprendre à contracter individuellement des muscles puis apprendre ce langage morse est un programme fatiguant et fastidieux après une amputation. Ce contrôle reste néanmoins le plus sûr. Les solutions actuelles via le cerveau peuvent provoquer des mouvements inattendus et parfois dangereux de la prothèse.
Comment donc allier sûreté et simplicité ? En écoutant le corps. Ce qu’il nous dit par ses compensations, ces mouvements de tronc et d’épaule qui corrigent la position de la prothèse, qui sont souvent plus utilisés que le morse musculaire car plus rapides et plus naturels mais qui sont indésirables car mauvais pour les articulations. En modifiant le rôle de la prothèse aussi: corriger la posture de l’utilisateur plutôt que faire un geste particulier. Grâce à la combinaison de ces deux propositions, j’arrive à contrôler sûrement et simplement toutes les articulations de la prothèse.
Mathilde Legrand
- ED 391 - Sciences mécaniques, acoustique, électronique et robotique de Paris (SMAER)
- Institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR - UMR 7222)