Découverte d’un traité astronomique perdu de Claude Ptolémée
Un texte qu’on croyait perdu de l’astronome Claude Ptolémée (IIe siècle avant JC) a été découvert grâce à l'imagerie multispectrale, puis à son déchiffrement et à son interprétation par deux chercheurs du Centre Léon Robin (Sorbonne Université / CNRS), et un chercheur de l’université de New York (NYU). Ce traité constitue le plus ancien texte connu consacré intégralement à la description d’un instrument scientifique. Leurs travaux ont été publiés le 9 mars 2023 dans Archive for History of Exact Sciences.
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Victor Gysembergh, chargé de recherche CNRS (Centre Léon Robin)
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Marion Valzy, service de presse de Sorbonne Université
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06 14 02 20 51
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Claire de Thoisy-Méchin, service de presse de Sorbonne Université
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En juin et en octobre 2022, le projet RESCAPALM avait déjà permis de découvrir le plus ancien exemplaire d'un traité en latin portant sur l'œuvre de Platon et les extraits d’un catalogue d’étoiles d’Hipparque. Cette fois, c’est un traité astronomique de Claude Ptolémée qui a été décodé. Le déchiffrement et l’interprétation du texte ont été effectués par trois chercheurs : Victor Gysembergh et Emmanuel Zingg du Centre Léon Robin (Sorbonne Université / CNRS) et Alexander Jones de l’université de New York.
À l'intersection des sciences naturelles et des sciences humaines, le déchiffrement a été rendu possible par la réalisation d’images multispectrales. Ce travail d’imagerie a été réalisé d’abord par l’entreprise française Lumière Technology, puis par une équipe internationale constituée de l’EMEL (Early Manuscripts Electronic Library), de Lazarus Project (Université de Rochester), du Rochester Institute of Technology et de l’entreprise MegaVision Inc.
Le manuscrit contenant le nouveau traité de Ptolémée est un palimpseste, c’est-à-dire un manuscrit constitué à partir d’un parchemin déjà utilisé auparavant, qui est actuellement conservé à la Veneranda Biblioteca Ambrosiana de Milan (Italie). Il provient de l’abbaye de Bobbio, l’une des plus importantes collections de manuscrits d’Italie au début du Moyen Âge, laquelle a inspiré le célèbre roman Le nom de la rose d’Umberto Eco et son adaptation au cinéma par Jean-Jacques Annaud.
Ce document est composé notamment de feuillets issus d’un manuscrit grec du VIe ou VIIe siècle avant notre ère, qui contenaient plusieurs œuvres du célèbre astronome Claude Ptolémée.
Les feuillets en question (palimpsestes) ont été effacés au VIIIe siècle, pour permettre d’y copier, par-dessus le texte effacé, le texte latin des Étymologies d’Isidore de Séville. C’est grâce à l’emploi de techniques de pointe d’imagerie multispectrale que leur contenu a été découvert et déchiffré.
Le nouveau texte, qui présente des lacunes, décrit la construction et l'utilisation d'une sphère armillaire à neuf anneaux, identifiable comme le « Météoroscope » inventé par l’astronome Claude Ptolémée. Cette découverte majeure apporte un éclairage nouveau sur l’histoire de l’astronomie dans l’Antiquité et sur les débuts de l’histoire des sciences. Elle permet notamment de mieux comprendre la méthode scientifique employée par les astronomes de l’Antiquité pour effectuer leurs mesures.
En outre, cette découverte illustre le progrès des techniques de pointe comme l’imagerie multispectrale, dont l’application à des manuscrits illisibles permet de sauver de l’oubli des textes appartenant au patrimoine culturel de l’Humanité.
Références :
Ptolemy’s treatise on themeteoroscope recovered, Victor Gysembergh, Alexander Jones, Emanuel Zingg, Pascal Cotte, Salvatore Apicella, Archive for History of Exact Sciences, 09 March 2023
https://doi.org/10.1007/s00407-022-00302-w