Pierre-Ange Giudicelli

Pierre-Ange Giudicelli

Défenseur de l’environnement et cofondateur de l’association Mare Vivu

Je suis tombé dans le combat de la pollution plastique par engagement plus que par curiosité scientifique. Je suis très attaché à mon île et je voulais faire quelque chose pour avoir un impact

Alumnus de Sorbonne Université en histoire ancienne et anthropologie, Pierre-Ange Giudicelli a délaissé l'Antiquité pour se consacrer à des problèmes plus contemporains comme la lutte pour la protection de l’environnement marin. Avec l’association Mare Vivu qu’il a cofondée en 2016, ce trentenaire originaire du Cap Corse s’investit à temps plein pour sensibiliser aux enjeux de la pollution plastique en Méditerranée, en particulier au large de l’Île de Beauté. 

De l'Antiquité au présent. Pour Pierre-Ange Giudicelli, enfant du village de Pinu, situé près de la pointe du Cap Corse, les défis environnementaux sont plus préoccupants que les questions du passé. C’est dans son village natal, qui regroupe quelque 160 habitants, qu’il a cofondé l’association Mare Vivu, au départ une expédition maritime, qui vise à mobiliser et à sensibiliser la jeunesse à la protection de la biodiversité marine. « Je suis tombé dans le combat de la pollution plastique par engagement plus que par curiosité scientifique. Je suis très attaché à mon île et je voulais faire quelque chose pour avoir un impact », raconte le trentenaire. 

« La réalité, c’est ce qu’il se passe chez moi »

Fondée en 2016, Marie Vivu est une association participative, dont le but est de promouvoir le zéro déchet et la lutte contre la pollution plastique, tout en collectant des données pour les scientifiques. « C’est une association environnementale de la protection et d’étude du milieu marin. L’objectif étant de permettre à des jeunes d’évoluer ensemble, d’apprendre des choses et de se former », détaille Pierre-Ange Giudicelli. À l’origine de Mare Vivu se trouve l’expédition CorSeaCare, un tour de Corse à la voile, qui sert de vitrine pour sensibiliser le grand public aux enjeux environnementaux. « On voulait faire plus que cette expédition donc c’est pour ça qu’on a créé l’association », précise le jeune Corse. 

Pourtant, ce ne sont pas ses études qui l’ont amené à s’engager pour la défense de l’environnement. Après un internat au lycée Louis Le Grand à Paris, Pierre-Ange Giudicelli entame une double licence à Sorbonne Université ainsi qu’à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) en histoire et lettres classiques. Il s’oriente ensuite vers un master en histoire et anthropologie, avant de revenir en Corse. « La réalité, c’est ce qu’il se passe chez moi. C’est ce qui m’a fait dévier de mes études. Au lieu de faire de l’archéologie du passé, je fais de l’archéologie avec les déchets du présent. Ça m’a tellement happé que je ne me suis plus du tout intéressé à mes histoires d’amphores, de poteries ou de commerce gréco-romain », poursuit Pierre-Ange Giudicelli. 

« J’ai une revanche à prendre »

Face à la hausse continue de la production du plastique dans le monde, ce dernier tente de faire changer les mentalités. Au mois d’avril, il participe à une journée de réflexion et de discussions autour du plastique à initiative de Sorbonne Université à l’occasion du Jour de la Terre. Au niveau local, Mare Vivu, qui compte six bénévoles, trois salariés et plusieurs alternants, stagiaires et services civiques, agit auprès des collectivités, des élus locaux et des entreprises pour essayer de mettre en place des politiques visant à réduire l’usage du plastique unique. « On essaie de convaincre nos décideurs locaux de mettre en place des politiques publiques ambitieuses. On veut faire de la Corse un exemple de lutte contre la pollution plastique. Mais ce n’est pas du tout gagné », regrette Pierre-Ange Giudicelli. 
 
Alors que les négociations visant à signer un traité international limitant la production de plastique avancent à pas de tortue, la Méditerranée reste la mer la plus polluée par le plastique avec 95 % des déchets en haute mer, sur les fonds marins et sur les plages, selon l’association Natura 2000. « On est sur une trajectoire très mauvaise, puisque la production de plastique explose. On prend très cher ici. Ce n’est pas normal qu’on se fasse polluer de cette manière. Il faut mettre des règles beaucoup plus ambitieuses et demander réparation parce qu’il y a un lobbying extrêmement agressif pour continuer à produire du plastique en énorme quantité », estime Pierre-Ange Giudicelli. Et d’affirmer : « Aujourd’hui, je compte bien faire plus. J’ai une revanche à prendre. »