Pascal Romans
Conservateur du Biodiversarium de Banyuls-sur-Mer
La science doit être partagée. Elle ne doit pas rester enfermée dans des laboratoires.
À l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer, Pascal Romans conjugue recherche scientifique, conservation de la biodiversité et médiation. Cet ingénieur de recherche dirige le service mutualisé d’aquariologie de la station et participe en parallèle à des projets ambitieux pour mieux comprendre et protéger les écosystèmes marins.
Originaire de Perpignan, Pascal Romans a grandi les pieds dans l’eau, entre plages et aquariums. « Nous avons une maison de famille en bord de mer, j’y ai passé toutes mes vacances quand j’étais petit. J’ai aussi toujours été passionné par les aquariums », raconte-t-il. Cette passion l’a guidé vers un parcours académique classique, mais atypique, jalonné d’étapes à l’international, dont un séjour Erasmus à Barcelone en 1993, au cours duquel il se spécialise en océanologie biologique.
Après un DESS en aquaculture et un DEA en océanologie à Sorbonne Université, alors université Pierre et Marie Curie, il revient à ses racines pour réaliser un doctorat à l’université de Perpignan. « J’ai eu la chance de pouvoir concrétiser mon intérêt pour les cycles biologiques des espèces marines dans un travail qui me passionne », confie-t-il.
Entre recherche, conservation et médiation
À l’issue de son doctorat, en 2003, Pascal Romans rejoint l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (OOB). L’opportunité de devenir responsable de l’aquarium public marque un tournant dans sa carrière. « Les planètes étaient alignées : je venais de terminer ma thèse, et le poste s’est libéré. En plus, il y avait un projet de construction d’un nouvel aquarium. C’était un défi passionnant. »
Sous sa houlette, l’aquarium de Banyuls, premier du littoral méditerranéen français (sorti de terre en 1985), se transforme en Biodiversarium. Inauguré en 2017, ce complexe réunit un aquarium public et un jardin méditerranéen, offrant un espace unique pour découvrir la biodiversité locale. « Le Biodiversarium, c’est plus qu’un aquarium, c’est un outil de médiation scientifique pour connecter le grand public et les scolaires aux travaux de recherche », explique Pascal Romans.
Responsable du service mutualisé d’aquariologie de l’OOB, Pascal Romans supervise une équipe dédiée à la gestion des bassins de l’aquarium public et à l’élevage d’organismes marins pour des projets de recherche. « Produire des organismes marins pour l’expérimentation, c’est répondre aux besoins scientifiques tout en contribuant à des programmes de conservation. » Parmi ses projets phares, il cite la sauvegarde de la grande nacre, un mollusque emblématique de Méditerranée menacé d’extinction, et l’étude du crabe bleu, une espèce invasive. « Ces projets mêlent recherche fondamentale et application concrète pour protéger les milieux marins », souligne-t-il.
Au-delà des laboratoires, Pascal Romans plonge régulièrement sur le terrain avec son équipe. « On passe beaucoup de temps sous l’eau, surtout au niveau des zones côtières critiques, entre 0 et 5 mètres de profondeur, qui abritent une biodiversité parfois méconnue, mais essentielle », explique-t-il. Ces « très petits fonds », souvent délaissés par la recherche, subissent de plein fouet les impacts du changement climatique et du tourisme. Il ajoute : « Ce qui me passionne, c’est de mieux comprendre ce que j’appelle la “boîte noire” des cycles biologiques : ce qui se passe entre l’œuf pondu en pleine mer et le juvénile qui s’installe sur le littoral. C’est encore un mystère pour de nombreuses espèces. »
Un médiateur engagé pour la science
Pascal Romans ne se contente pas de faire avancer la recherche ; il consacre également une part importante de son temps à sensibiliser le public. « La science doit être partagée. Elle ne doit pas rester enfermée dans des laboratoires », affirme-t-il avec conviction. Pendant près de dix ans, il a conçu les parcours pédagogiques du Biodiversarium et mis en place des ateliers interactifs pour les scolaires.
Depuis cinq ans, il anime une chronique sur France Bleu Roussillon, diffusée deux fois par semaine. « C’est un format court, mais très varié. Je peux parler d’une espèce marine, d’un sujet d’actualité comme l’observation d’un requin blanc à Porquerolles, ou des impacts des crèmes solaires sur les coraux. ». Pascal Romans a également été nommé ambassadeur de la Fête de la Science en Occitanie en 2024.
Entre recherches fondamentales, actions de conservation et médiation scientifique, Pascal Romans incarne une approche intégrée de la science. « Ce que je trouve formidable, c’est que dès qu’on protège un écosystème, les résultats sont rapides. Les réserves marines, par exemple, montrent des retours sur investissement environnementaux exceptionnels. »
Malgré un agenda chargé, il trouve dans ses missions une source inépuisable de satisfaction. « C’est un privilège de travailler sur des projets aussi variés et essentiels. Oui, il y a des semaines fatigantes, mais c’est une fatigue constructive », conclut-il.
Pauline Ponchaux