Matéo Françoise © Pierre Kitmacher

Matéo Françoise

Doctorant et lauréat du prix des lycéens MT180

La formation est faite par des personnes bienveillantes qui nous ont permis d’avoir des retours sur nos discours, notre gestuelle, l’intonation de notre voix et d’être clair sur le message transmis et son intelligibilité.

Doctorant en deuxième année à l’école doctorale Géosciences Environnement et Ressources Naturelles (GRNE), Matéo Françoise a remporté le prix des lycéens à l’occasion de la finale MT180 de Sorbonne Université. Adepte de disciplines acrobatiques, il nous a offert un discours mouvementé sur les chlorites, son sujet de thèse au sein de l’Institut des Sciences de la Terre de Paris

Pourriez-vous nous retracer votre parcours ? 
Matéo Françoise :
Ma passion pour les minéraux vient de très loin. Quand j’étais petit, j’ai lancé le plus loin possible un caillou que je trouvais très laid. Il s’est cassé, je suis allé le récupérer et j’ai eu la surprise de découvrir une belle calcite à l’intérieur. Et je me suis demandé comment cela était possible. Cette curiosité s’est transformée en passion par les livres que j’ai lus et par les gens qui ont su l’entretenir en m’en expliquant toujours un petit peu plus.    

Par la suite, j’ai fait un bac scientifique. Faire de la minéralogie impliquait de suivre un cursus en géosciences, je suis donc entré à Sorbonne Université pour suivre une double licence physique-géosciences, puis un master en géosciences. Je suis maintenant en thèse de minéralogie fondamentale, sur la cristallochimie des chlorites. 

Parlez-nous de votre sujet de thèse ?

M.F. : La composition chimique des minéraux qui constituent les roches nous renseigne sur l’environnement (en termes de pression et de température) dans lequel ils se sont formés. Analyser cette composition nous permet donc de comprendre comment les objets géologiques qui nous entourent se sont formés.
Le but de ma thèse est d’étudier l’évolution de la composition de minéraux appelés chlorites en fonction de la température, de deux manières. Le premier volet nécessite l’utilisation de simulations atomistiques. À l’aide de mon ordinateur, je crée de tout petits cristaux, à l’échelle d’un petit millier d’atomes. Je fais varier la position et la nature de ces atomes au sein de ma structure, puis je détermine si mes cristaux sont stables ou non. Être stable, pour un minéral, cela revient à dire que sa création ne dépense pas beaucoup d’énergie alors que les compositions instables nécessiteront beaucoup plus d’énergie. La nature tend à privilégier le minimum d’énergie. En testant les milliards de structures possibles, je peux prédire quels arrangements sont stables en fonction de la température et quelles chlorites j’aurai le plus de chance de rencontrer dans la nature.
Le deuxième volet consiste à comparer mes résultats avec de vraies chlorites originaires des Alpes.

Des décennies de travaux sur les Alpes ont permis de bien comprendre les conditions de température, de formation des roches et des chlorites qui les composent. J’analyse le plus finement possible la composition chimique de ces chlorites naturelles en déterminant le nombre et le type d’atomes qu’elles contiennent. Actuellement, je travaille toujours sur le premier volet, pour déterminer précisément ce à quoi ressemblent les chlorites les plus stables pour pouvoir, plus tard, les comparer avec mes résultats sur les chlorites naturelles. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à participer au concours MT180 ? 

M.F. : En 2024, j’avais regardé la finale de Sorbonne Université en ligne. Il y avait des sujets très variés, avec des manières très différentes de les présenter. Je trouvais cela très intéressant et j’avais constaté qu’aucun géologue ne participait. Je m’étais dit : « Pourquoi pas » ? 

Comment vous êtes-vous préparé pour résumer en trois minutes votre thèse ? 

M.F. : Nous avons préparé notre discours en plusieurs temps espacés sur plusieurs semaines. Nous avons pu prendre du recul sur ce que nous avions dit ou écrit. C’est vraiment agréable, car la formation est faite par des personnes bienveillantes qui nous ont permis d’avoir des retours sur nos discours, notre gestuelle, l’intonation de notre voix et finalement d’être clair sur le message transmis et son intelligibilité. Nous ne connaissions pas les autres participantes et participants et ils et elles ont donné des points de vue constructifs différents. 

Comment avez-vous vécu cette soirée de finale ? 

M.F. : J’ai ressenti de l’engouement en réalisant la taille de l’auditorium, en prenant conscience des projecteurs, des gens présents. Quand le public a commencé à arriver dans l’auditorium, le stress est monté. Il a été à son apogée lorsque c’était à mon tour de laisser derrière moi le siège bien confortable pour aller me placer sur scène. Une fois commencé, il a très vite laissé place à l’enthousiasme de pouvoir raconter une histoire, d’autant plus que j’entendais les rires du public et que je réalisais que l’histoire était en train d’être pleinement entendue.

Cela m’a fait extrêmement plaisir de recevoir ce prix des lycéens. Dans un concours où l’exercice principal est de faire de la vulgarisation, je trouve que cela fait partie des meilleurs prix que je puisse recevoir. Les gens qui ont préféré ma prestation sont celles et ceux pour qui je le vulgarise. À mes yeux, ce prix est très précieux. Mon sujet semble avoir été compris, apprécié, et qui sait, ai-je pu susciter la passion de futurs géologues ou minéralogistes. 

Que vous a apporté la participation à une telle compétition ? 

M.F. : Participer à ce concours me permet tout d’abord de découvrir d’autres sujets de thèse. En discutant avec les autres participantes et participants et avec Alexandra, la formatrice, nous avons pu transmettre des informations à des personnes qui n’ont pas les mêmes bases que nous. Cela nous a donné la possibilité de prendre du recul sur nos sujets et sur la façon de les vulgariser au mieux pour n’importe qui. Cela prouve qu’en prenant le temps, nous pouvons expliquer notre sujet de thèse à tout le monde. 

D’après vous, quels sont les effets de ce concours sur l’image du doctorat ?

M.F. : Le doctorat n’est pas un monde à part. Les doctorantes et doctorants sont comme tout le monde. Ce que nous faisons est parfois compliqué, mais finalement, nous nous posons des questions et nous essayons d’y répondre. Le concours aide à rendre cette image accessible et montrer les implications que cela peut avoir.

Matéo Françoise, Prix des Lycéens 2025 | MT180