Marion Carré
Alumna du Celsa et co-fondatrice de la start-up Ask Mona
Au Celsa, je me suis spécialisée dans le domaine du numérique grâce au master médias & numérique qui s’est révélé être en totale adéquation avec mon projet
Et si une intelligence artificielle vous suggérait des sorties culturelles personnalisées en discutant avec vous ? Voici ce qu’a développé Marion Carré, alumna du Celsa et co-fondatrice de la start-up Ask Mona, à travers la création d’un chatbot accessible à tous et d'assistants personnels destinés à des lieux culturels.
Vous avez créé la start-up Ask Mona. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Marion Carré : Notre média interactif Ask Mona est un chatbot qui recommande des sorties culturelles. Le mot chatbot vient de l’anglais « chat », discussion en ligne, et de « bot » comme robot. Aussi connu sous le nom d'agent conversationnel, notre chatbot est accessible gratuitement via Facebook Messenger ou le site askmona.fr. Programmé pour simuler une conversation en langage naturel, Ask Mona vous propose des idées de sorties personnalisées en fonction de votre géolocalisation, du moment que vous choisissez et du type de sortie culturelle que vous souhaitez.
A côté de ce chatbot, nous avons développé « Ask Mona studio ». Cette activité nous permet de nous rémunérer via le développement d’assistants personnels pour les institutions culturelles. Certains de ces assistants permettent de répondre aux questions pratiques du public pour préparer leur visite. D’autres ont un rôle de médiateur culturel et envoient aux visiteurs des informations explicatives et complémentaires sur une œuvre, une exposition ou un artiste. Nous travaillons avec une quinzaine de grandes institutions dont le Ministère de la culture, l’auditorium du Louvre, l’Institut du monde arabe, le musée du quai Branly, etc.
Comment êtes-vous passée de la communication à l’entreprenariat ?
M. C. : Après deux années de double licence Droit-Histoire à Sorbonne Université en partenariat avec l’université Panthéon-Assas, j’ai passé le concours du Celsa et intégré la licence 3 en information et communication. En parallèle, j’ai terminé ma dernière année de licence de droit et j’ai créé un blog sur l’histoire de Paris : Il était Paris. Ce projet était pour moi une façon de continuer de faire de l’Histoire en donnant vie à celle de Paris à travers des formats numériques innovants (vidéos, infographie, webdocumentaires interactifs…).
Ce blog a rassemblé une communauté de personnes engagées qui souhaitaient recevoir des recommandations de sorties. Je me suis alors demandée comment répondre à cette attente. Et c’est ainsi que j’ai créé, durant mon master au Celsa, Ask Mona, avec Valentin Schmite et Thomas Victoria qui nous a rejoint.
Nous avons remporté l’appel à projet « services numériques innovants 2016 » du Ministère de la Culture et de la Communication qui nous a permis de réaliser la preuve de concept d’Ask Mona. A cette occasion, nous avons reçu le soutien du Centre des monuments nationaux et de Paris musées, et obtenu une subvention pour nous lancer. L’équipe s’est étoffée et nous sommes passés de 3 cofondateurs à une dizaine de collaborateurs.
Dans quelle mesure votre formation au CELSA vous a-t-elle aidée dans la création d’Ask Mona ?
M. C. : Au Celsa, je me suis spécialisée dans le domaine du numérique grâce au master médias & numérique qui s’est révélé être en totale adéquation avec mon projet. A quelques mois d’intervalle, je voyais en cours des problématiques que j’avais précédemment abordées de façon concrète à travers Ask Mona : la gestion de projet, le développement de formats innovants, la programmation informatique, l’innovation dans le secteur culturel, etc.
Par ailleurs, ce fut pour l’occasion de prendre le temps de conceptualiser ce que je développais au quotidien. Dans mon mémoire, j’ai ainsi tenté de développer une vision prospective sur la façon dont l’intelligence artificielle (IA) allait se développer dans le milieu culturel et sur ce que la culture pouvait en retour apporter à l’IA.
A partir de l’étude de dispositifs développés par Ask Mona et par d’autres structures, je me suis également interrogée sur la façon de personnaliser, grâce à l’IA, l’expérience de médiation culturelle. Encadrée durant mon mémoire par Clothilde Chevet, spécialiste des assistants personnels, j’ai cherché à comprendre comment ces auxiliaires virtuels pouvaient faire évoluer les relations avec les publics au sein d’une institution culturelle, comment un chabot par exemple permettait de s’informer différemment. Ces questions font écho à celles qui se posaient au moment de l’apparition de l’audioguide. Analyser comment elles ont été résolues permet d’avoir des clés de lecture pour mieux mettre, dans l’avenir, l’IA au service de la culture.
Vous avez fait partie du programme Pépite. En quoi a-t-il été un tremplin pour votre start-up ?
M. C. : Le diplôme Etudiant Entrepreneur (D2E) du programme Pépite m'a d’abord donné un statut permettant de reconnaître ma situation particulière d’étudiant-entrepreneur. Il m'a offert une souplesse dans l’organisation de notre parcours. Au lancement d’une start-up, il y a beaucoup de travail, de rendez-vous et de choses à gérer. Cela n’est pas toujours compatible avec un emploi du temps de cours classique.
Au sein du D2E, j’ai fait partie de la première promotion Pépite starter hébergée à la station F pendant 6 mois. J'ai bénéficié de la renommée de ce lieu et de son écosystème qui réunit tout ce dont une start-up a besoin : coachs spécialisés, programme de conférences, rencontres avec d’autres entrepreneurs, bureaux, salles de réunion, organismes indispensables pour le développement d’une entreprise, etc.
A la sortie de mes études, j’avais déjà un projet de startup avec des clients, une équipé stabilisée, un produit et les premiers développements d’Ask Mona.