Marie Barbieux
Océanographe et poloïste de pointe
Le sport de haut niveau m’a également permis de découvrir de nombreuses facettes de ma personnalité et de travailler plus efficacement sur mes points faibles psychologiques
En Malaisie, cette docteure en océanographie découvre le water-polo à l'âge de 12 ans grâce à un joueur néo-zélandais qu’elle rencontre à la piscine dans laquelle elle passe déjà le plus clair de son temps. Quatre ans plus tard, de retour en France, elle s’inscrit dans un club dont elle sera la seule fille poloïste.
Durant son adolescence, Marie part deux ans sur un voilier faire le tour de l'Atlantique avec sa famille. Elle y découvre la richesse et la beauté de l'océan.
« J’ai pu observer des dauphins surfer à l'étrave du voilier, admirer un cachalot à seulement quelques mètres, traverser l'Atlantique dans des conditions météo parfois difficiles, contempler les étoiles dans un ciel parfaitement noir, etc. », se souvient Marie.
Ces images à jamais gravées dans sa tête la poussent à en apprendre davantage sur cet espace encore méconnu qu’est l’océan. Après une licence de biologie à Caen, cette amoureuse du grand large part se spécialiser en océanographie à l’université de Laval au Québec avant d’intégrer le master Océanographie, Environnements Marins de Sorbonne Université. En parallèle, elle participe à l’expédition Tara Méditerranée pour étudier la répartition des microplastiques dans une région particulièrement sujette à la pression anthropique. Grâce à Tara, elle sensibilise petits et grands aux gestes indispensables à la réduction de l’empreinte écologique. Elle rejoint ensuite la station marine de Villefranche-sur-mer pour y réaliser une thèse.
Son travail de recherche porte sur le phytoplancton, ces microalgues marines présentes dans l’océan qui effectuent la photosynthèse et contribuent pour moitié à la production primaire de l’oxygène de la planète.
« Grâce à de nouveaux robots, les flotteurs BGC-Argo, nous avons pour la première fois obtenu des mesures dans tous les océans à très haute résolution spatiale et temporelle. Mon travail a consisté à analyser ces données issues de plus d’une centaine de flotteurs afin de mieux comprendre la répartition et la quantité de phytoplancton présent dans l’océan », explique la docteure.
En 2015, sélectionnée en équipe de France, Marie poursuit sa carrière de poloïste de haut niveau. Elle occupe la place de « pointe », un poste d’attaquante qui demande de l’endurance, du physique et de l’astuce technique. Allier compétitions et doctorat requiert au quotidien une discipline de fer. Ses journées commencent à 6h par un travail de recherche, puis, de 9h à 11h, elle part s’entraîner à la piscine avant de reprendre ses recherches jusque tard dans l’après-midi. A 18h30, elle enchaîne par de la musculation puis un nouvel entraînement dans l’eau jusqu’à 22h. Il faut également jongler entre les semaines d'entrainement à Lille et les recherches à Villefranche-sur-mer, sans compter les rassemblements avec l’équipe de France.
Durant cette périlleuse traversée du doctorat, elle peut compter sur le soutien de ses responsables, de ses amis et de sa famille, mais aussi sur celui Gaby Gorsky. L’ancien directeur du laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-mer a également connu une carrière d’entraîneur de l’équipe masculine de water-polo de Nice.
« Gaby m'a encouragé dès le départ à poursuivre mon double projet et m'a soutenu dans toutes mes démarches, indique Marie. Il est l'un des nombreux acteurs qui m'ont permis de réaliser ce projet avec, entre autres, Annick Bricaud et Julia Uitz, mes directrices de thèse, et David Izidore, alors responsable des sportifs de haut niveau à Sorbonne Université. »
Sortie indemne de cette période pourtant harassante, Marie est désormais fière d'avoir réussi à obtenir le titre de docteur tout en représentant son pays dans de très nombreuses compétitions internationales. Etre sportive de haut niveau lui a donné l’occasion d’apprendre le dépassement de soi, la persévérance, la patience et la capacité à s'investir au sein d'un collectif.
« Le sport de haut niveau m’a également permis de découvrir de nombreuses facettes de ma personnalité et de travailler plus efficacement sur mes points faibles psychologiques. Sans cette expérience, je ne serais probablement la personne que je suis aujourd’hui », confie-t-elle.
L’an prochain, la championne souhaite s'investir pleinement dans son projet sportif.
Si je veux avoir une chance de représenter la France à cette compétition mythique que sont les JO, mon investissement doit être total
Le tournoi de qualification pour les JO 2020 aura lieu en mars prochain. Avant, elle devra être sélectionnée individuellement pour pouvoir participer aux championnats d'Europe de janvier 2020 puis au tournoi de qualification. Il faudra ensuite que l’équipe de France féminine de water-polo fasse partie des dix premières nations mondiales lors de ces qualifications.
Passionnée par l’océanologie, cette sportive de pointe ne veut cependant pas perdre pied avec la science et espère bientôt replonger dans les projets de recherche.