Lucile Veissier

Lucile Veissier

De la physique quantique au journalisme scientifique

Lucile Veissier, docteure 2013 de Sorbonne Université en physique quantique s'est reconvertie, il y a 5 ans,  dans le journalisme scientifique. Elle travaille actuellement chez TheMetaNews, un journal en ligne destiné aux chercheurs et chercheuses. Nous l’avons rencontrée, le 28 mai dernier, à l’occasion d’une conférence carrière proposée aux doctorantes et doctorants .

La recherche pour passion
Lucile Veissier a réalisé son doctorat au sein du Laboratoire Kastler Brossel (LKB) sur des protocoles de mémoires quantiques basées sur des ensembles d’atomes piégés. Elle était encadrée par Élisabeth GIacobino et Julien Laurat. Ce dernier a d’ailleurs été l’un des créateurs, avec Eleni Diamanti et Tom Darras, d’une start’up  nommée Welinq. Passionnée, Lucile a continué sa route en effectuant un premier post doc à Calgary suivi d’un second au Laboratoire Aimé Cotton à Orsay. Elle a tenté l’aventure des concours au CNRS et dans l’enseignement supérieur, puis s’est tourné vers une autre voie. Comme elle le dit si bien dans un Comme elle le dit si bien dans un podcast, elle a vécu cela comme une rupture amoureuse .

Une autre voie possible
En 2018, Lucile ne s’est pas projetée ailleurs que dans la recherche. Après quelques hésitations – elle décroche un CAP de pâtisserie en candidate libre – , la science lui manque et elle s’oriente vers le journalisme. Lucile postule au master Audiovisuel, journalisme et communication scientifiques à l’Université Paris Cité où, grâce à son doctorat en poche, elle est acceptée directement en deuxième année. Ce master est en alternance à raison de 3 jours par semaine en entreprise, elle trouvera son entreprise suite à une annonce de Laurent Simon, ancien du master et cofondateur d’un nouveau média, qui recherche une journaliste en alternance. La rencontre se transforme en opportunité rêvée !

L’aventure TheMetaNews
TheMetaNews*,  vient de voir le jour, créé par le journalise Laurent Simon et Eddie Barazzuol, ayant également travaillé dans le monde du journalisme scientifique. Leur média en ligne traite de sujets liés à  la recherche et est à destination de tous les chercheurs et toutes les chercheuses de tout âge, de toute discipline. Il n'est pas question de vulgariser des résultats scientifiques pour le grand public mais de publier des articles sur les conditions, les politiques et les pratiques de la recherche. Les thèmes abordés sont des sujets sociétaux, comme la place des femmes dans la recherche ou la science ouverte. Le projet enthousiasme immédiatement Lucile, qui obtient très vite la liberté de proposer des sujets qui lui tiennent à cœur, comme la place des postdoctorants. Son rôle dans le journal est à la fois de conduire des interviews, rédiger des articles et des brèves tout en se maintenant à jour via un important travail de veille. Dans une petite structure comme TheMetaNews, qui compte aujourd’hui une quatrième employée, les questions stratégiques et financières autour de la pérennisation du média sont aussi sur la table lors des réunions. Après un an, l’alternance se transforme en CDI.

Le plaisir du métier de journaliste scientifique
Lucile s’épanouit totalement dans ce métier, où elle découvre les pratiques d’autres champs disciplinaires que son domaine initial, la physique. Elle doit publier un article par semaine, temporalité très différente de celle de la science qui est sur un temps long. En tant que journaliste, elle doit faire son enquête rapidement et publier. Un sujet en chasse un autre. C’est à la fois réjouissant, mais peut être frustrant pour quelqu’un qui a l’habitude d’aller au fond des choses. Lucile avoue que son plus grand plaisir est de rencontrer et interviewer les chercheurs et chercheuses. Elle se réjouit d’être payée à prendre du recul sur des problématiques liées à la recherche. Elle réalise aussi la chance d’être salariée permanente dans un journal car beaucoup de journalistes scientifiques sont, à leur début, pigistes un statut spécifique à la profession dans lequel ils proposent des sujets aux rédactions et sont payés à la tâche. Les refus sont nombreux, surtout au début, puis cela devient un peu plus facile avec l’expérience.

De l'importance du réseau
Pour arriver à vivre du journalisme scientifique, le réseau est très important. L’occasion d’un stage ou la proposition d’un bon sujet en tant que pigiste permettra de se faire connaître. Si un certain nombre espère finir permanent dans une rédaction, d’autres préfèrent rester pigistes, synonyme de liberté. Quoiqu’il arrive, être très autonome est une des premières qualités d’un journaliste. Bien sûr, il faut aussi savoir rechercher l’information, aller à sa source primaire, la croiser et surtout garder en tête l’intérêt du lecteur ou de la lectrice. C’est une démarche inhabituelle pour les scientifiques mais primordiale en tant que journaliste. Dernier point : rester humble. En tant que docteur ou docteure capable d’apprendre ou travailler vite, savoir accepter la critique et les corrections de son article est tout aussi nécessaire.
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*Sorbonne Université est abonnée à TheMetaNews : TheMetaNews. En tant que doctorant ou doctorante, vous avez le droit d’accès à ce média).