Jean-Dominique Polack
Nouveau président du comité éthique de la recherche de Sorbonne Université
Les membres du CER apportent une expertise plurielle qui nous permet d'examiner les protocoles de recherche sous différents angles.
Professeur d’acoustique à Sorbonne Université, Jean-Dominique Polack prend la suite de Mohamed Chetouani à la tête du comité d’éthique de la recherche (CER).
Qu’est-ce qui, dans votre parcours, vous a amené à vous intéresser aux enjeux éthiques de la recherche ?
Jean-Dominique Polack : J'ai effectué ma thèse dans un centre de psychoacoustique en Allemagne. Cette expérience m'a initié aux enjeux éthiques inhérents à la recherche impliquant des sujets humains. Au cours de ma carrière, j’ai ensuite occupé différents postes en Nouvelle-Zélande et au Danemark. Ces collaborations internationales ont renforcé ma conviction quant à l’importance des comités éthiques qui étaient déjà, contrairement à la France, institutionnalisés dans les pays anglo-saxons.
Lorsque j’ai pris les fonctions de directeur de l’Institut de formation doctorale de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC), en 2011, j’ai remarqué que l'éthique de la recherche commençait à être un sujet prépondérant au niveau européen. Cette prise de conscience m'a conduit à intégrer des présentations sur cette question dès 2014 lors les réunions de rentrée des doctorantes et doctorants, en collaboration avec des spécialistes du domaine. L'adoption en 2016 d'un arrêté rendant obligatoire la formation à l'éthique en doctorat a marqué un tournant positif dans la perception de cet enjeu, tant par les futurs diplômés que par leurs directeurs de thèse.
En 2018, j’ai également organisé, sur les conseils de l’actuelle présidente de Sorbonne Université, alors vice-présidente Formation de l’UPMC, des conférences sur l'éthique. Aujourd’hui, je continue d’animer des sessions de formation sur ce sujet en doctorat. C’est pourquoi, quand j'ai découvert l'existence du comité d'éthique à Sorbonne Université, j'ai naturellement eu envie d’y contribuer.
Quelle différence faites-vous entre éthique et intégrité scientifique ?
J.-D. P. : L'intégrité scientifique se réfère au respect des normes, réglementations et bonnes pratiques de recherche établies. En cas de non-respect de ces normes, des sanctions peuvent être envisagées, bien que leur application dépende souvent des politiques internes des institutions.
Contrairement à l'intégrité scientifique, où les lignes directrices sont souvent claires et prescrites, l'éthique intervient lorsque les solutions ne sont pas évidentes et nécessitent de trouver soi-même les propres règles. Au sein du CER Sorbonne Université, nous nous efforçons d'appliquer des principes éthiques reconnus collectivement tout en tenant compte du contexte spécifique de chaque projet.
Comment voyez-vous votre rôle en tant que président du CER Sorbonne Université ?
J.-D. P. : Comme une continuation du travail accompli par mon prédécesseur, Mohamed Chetouani. Pour garantir le respect des normes éthiques dans les projets de recherche soumis à notre évaluation, nous avons mis en place une méthodologie rigoureuse. Les dossiers sont d’abord lus en réunion. Puis deux rapporteurs en analysent les questions éthiques (informations nécessaires pour prendre une décision, pertinence de l'analyse statistique, etc.) tandis que la direction des affaires juridiques et institutionnelles (DAJI) et la déléguée à la protection des données étudient les aspects juridiques et réglementaires (RGPD). Leur rapport conjoint est ensuite présenté en réunion où les avis éthiques définitifs sont pris collégialement. Rédigés par le premier rapporteur, ils sont ensuite relus par les protagonistes du protocole et validés par le président.
Au cours de ce processus, j’essaie de faciliter les échanges et d’assurer une prise de décision collégiale et éclairée.
Qui compose le CER à vos côtés ?
J.-D. P. : Le CER Sorbonne Université est juridiquement constitué de 15 membres de l’Alliance Sorbonne Université représentant différentes disciplines, d’un représentant de la DAJI, de la déléguée à la protection des données de Sorbonne Université et d’une assistante dont le rôle est central. Ces membres apportent une expertise plurielle qui nous permet d'examiner les protocoles de recherche sous différents angles et d’en garantir une évaluation équilibrée et objective.
Le CER comprend également six membres de la société civile (actuellement, trois ont été recrutés) qui apportent un éclairage précieux. Leur participation renforce notre engagement en faveur d'une science avec et pour la société.
En termes de projet, quelles sont vos perspectives pour le comité ?
J.-D. P. : Un des projets majeurs sur lequel nous travaillons est la labellisation en tant qu'Institutional Review Board (IRB). Cette labellisation, largement reconnue à l’international, permettra d'attester du respect des normes éthiques dans nos évaluations et facilitera la publication des recherches approuvées.
En parallèle, nous travaillons activement à l’amélioration de notre plateforme informatique. Nous sommes également en train de lancer un appel à candidatures afin de renforcer nos effectifs, notamment dans des domaines de la médecine et de la biologie car près de 70% des dossiers viennent de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. La vice-présidente du CER Sorbonne Université est d’ailleurs médecin, ce qui facilite les échanges avec cette institution.
Polytechnicien de formation et docteur en mécanique, le professeur Jean-Dominique Polack s’est aussi formé en Allemagne, où il a soutenu sa thèse dans le domaine de l’acoustique des salles. Au cours de sa carrière, il a occupé différents postes de recherche et d'enseignement en France, en Nouvelle-Zélande et au Danemark. Ses collaborations internationales et son expertise pluridisciplinaire lui ont permis d'explorer différents aspects de l'acoustique (mécanique, psychologique, architectural, etc.).
En parallèle de ses activités académiques, Jean-Dominique Polack a assumé des responsabilités, notamment en tant que directeur de l’Institut de formation doctorale de l’UPMC et rédacteur en chef d’une revue scientifique. Aujourd’hui président de la société française d’acoustique, il a également dirigé le laboratoire d’acoustique musicale de l'UPMC et occupé des postes de direction au sein de l'Institut Jean Le Rond d’Alembert et de l'UFR d’Ingénierie de l’université.