Janie Robert
Doctorante en immunologie et lauréate du second prix du jury MT180
Ce concours met en lumière le travail et le talent des thésards.
Doctorante en immunologie, Janie Robert a remporté le second prix du jury de la finale MT180 de Sorbonne Université. Elle revient sur cette aventure humaine riche en émotions.
Pourriez-vous nous retracer votre parcours ?
Janie Robert : Originaire de la côte est de Madagascar, j’ai d’abord suivi une première année de licence en biologie à l’Université Grenoble Alpes avant de m’orienter en biotechnologie pour la santé. Après un master 1 en sciences et management des biotechnologies, je me suis spécialisée en thérapie cellulaire, thérapie génique et ingénierie tissulaire. Dans le cadre de mon stage de master 2, j’ai intégré le laboratoire Immunology - Immunopathology - Immunotherapy (i3) à la Pitié-Salpêtrière. J’ai ensuite passé le concours de l’école doctorale pour poursuivre mon projet dans ce même laboratoire.
Quel est le sujet de votre thèse ?
J. R. : Je travaille sur une stratégie de thérapie à base de lymphocytes T-régulateurs (T-reg) « boostés » pour le traitement de maladies auto-immunes. Ces maladies sont caractérisées par le dysfonctionnement du système immunitaire qui se retourne contre l’organisme (comme le diabète de type 1, le psoriasis ou la sclérose en plaque). Les T-regs, chez les personnes jeunes et en bonne santé, bloquent les cellules du système immunitaire qui s’attaquent à l’organisme.
Dans les maladies auto-immunes, les T-regs sont inactifs ou en nombre insuffisant. J’interviens donc pour développer des « super T-regs », des T-regs cultivés au laboratoire que je booste pour les rendre plus efficaces et durables dans le traitement de ces maladies. Pour l’instant, mes patients ne sont encore que des souris, mais les « super T-regs » ont déjà prouvé leur efficacité. Nous sommes en train d’adapter le protocole de production des « super T-regs » à un grade très proche de celui nécessaire pour les patients, cela en vue d’un essai clinique.
Pourquoi avez-vous participé au concours "Ma thèse en 180 secondes" ?
J. R. : Mon objectif premier était de faire comprendre à mon entourage ce que je faisais pendant ma thèse. Intéressée, par ailleurs, par le secteur privé, je savais que ce concours pouvait m’aider à développer des compétences complémentaires qui constitueraient un atout dans ma carrière.
Comment avez-vous vécu cette expérience et que vous a-t-elle apporté ?
J. R. : C’est une aventure intense qui m’a énormément apporté : d’abord une expérience humaine riche pendant laquelle j’ai fait de très belles rencontres, mais également des bases solides pour mieux communiquer – parler peu, mais bien ! J’ai particulièrement apprécié l’entraide qui s’est établie entre les candidats, bien loin de l’esprit de compétition que l’on peut imaginer dans un concours. MT180 m’a aussi donné une visibilité via la vidéo Youtube de la finale, véritable support pour permettre à mon entourage de comprendre enfin ce que je fais au quotidien !
À quelles difficultés avez-vous dû faire face ?
J. R. : C’est un vrai défi de trouver le bon équilibre dans le discours pour s’adresser à la fois à des scientifiques et à des néophytes. Le plus dur est de choisir les mots justes pour se faire facilement comprendre du grand public sans pour autant perdre la complexité des concepts abordés. Nous devons revenir continuellement sur notre texte. Tenir exactement dans les trois minutes réglementaires demande également beaucoup d’entraînement. Et toute cette préparation, à laquelle s’ajoute le stress du concours, s’effectue en parallèle de notre doctorat qui doit continuer à avancer.
Comment avez-vous été préparée à cette épreuve de vulgarisation et d’éloquence ?
J. R. : La coach Alexandra de Kaenel nous a apporté une formation complète. Nous avons d’abord eu un cours d’introduction au « pitch », puis une présélection lors d’un oral d’une minute trente sur notre thèse et notre motivation. Nous avons ensuite été coachés durant deux jours sur la posture, la gestuelle, les différents types de public, les grandes idées qui se dégageaient de nos thèses etc. Cela nous a permis d’acquérir les bases pour construire notre présentation.
Un véritable esprit d’équipe s’est créé dans le groupe : nous avons retravaillé nos textes ensemble et nous nous entrainions mutuellement. Lors de notre dernière séance de coaching, nous avons dû faire notre présentation face caméra pour voir et entendre ce qui n’allait pas et la bienveillance de tous les candidats a transformé cet exercice périlleux en une belle expérience.
Vous êtes sélectionnée pour tenter de décrocher une place en finale au mois de juin prochain. Comment abordez-vous cette nouvelle étape ?
J. R. : J’ai participé à la finale sans penser à la victoire car je savais que le choix du jury allait être compliqué vu la qualité des autres présentations. Je suis donc honorée d’avoir reçu le prix du jury et j’espère pouvoir faire gagner Sorbonne Université lors de la finale nationale.
C’est un nouveau challenge, mais mon objectif reste le même : rendre accessibles mes recherches au plus grand nombre en espérant faire encore mieux. Nous aurons une séance de coaching avec Alexandra avant le concours pour parfaire notre préparation.
Quels peuvent être les effets de ce concours sur l’image des thésards ?
J. R. : Ce concours met en lumière le travail et le talent des thésards souvent oubliés. Il valorise les compétences transversales qu’ils développent et mettent en pratique quotidiennement pendant leur thèse. Ce concours apporte la preuve qu’une ou un doctorant peut être pédagogue, convainquant, synthétique, bon orateur et créatif !