Guillaume Leboucher
Docteur en biologie moléculaire et co-fondateur de Labtoo
J'ai pu constater que les formations et le réseau de Sorbonne Université sont reconnus mondialement.
Alumnus de la faculté de Sciences et Ingénierie, Guillaume Leboucher est président de Labtoo. Cofondée en 2017 avec Sophie Hue, cette startup a pour objectif de simplifier les échanges entre les laboratoires, les scientifiques et les entreprises grâce à une équipe d’experts et une plateforme de pointe.
Racontez-nous votre parcours à Sorbonne Université.
Guillaume Leboucher : Animé depuis longtemps par l’envie de comprendre le fonctionnement du corps et des maladies, j’ai suivi un parcours en biochimie à Sorbonne Université avant d’intégrer le master biologie et pharmacologie du vieillissement. Cette formation m’a ouvert au monde de l'entreprise grâce à l’intervention de professionnels de l’industrie pharmaceutique. J’ai ensuite effectué un stage de fin d’études au National Institutes of Health, aux États-Unis, dans le laboratoire de Dr Allan Weissman où je suis resté pour mon doctorat.
Comment avez-vous eu l'idée de créer Labtoo ?
G. L. : Après une thèse sur le cancer durant laquelle j’ai eu la chance de collaborer avec des scientifiques de haut niveau, j’ai travaillé plusieurs années dans une entreprise internationale de matériel de laboratoire. J’ai constaté que le cœur de l’innovation technologique se trouvait du côté du savoir et de la communauté scientifique. Il me semblait donc essentiel de mettre à sa disposition de nouveaux outils afin que son action puisse répondre efficacement aux enjeux de société.
A l’origine, mon projet était d’imaginer une plateforme d’interconnexion permettant de valoriser l'expertise scientifique tout en créant des ponts entre le monde économique et le monde académique. Après plus de deux ans d’existence, nous faisons régulièrement évoluer la plateforme et, plus généralement, notre offre afin de rester au plus près de nos utilisateurs.
Quels sont les objectifs et les ambitions de cette startup actuellement incubée à la Station F ?
G. L. : Aujourd’hui, la mise sur le marché d’un médicament prend entre 10 et 15 ans. Les phases de recherche & développement (R&D) sont très longues et coûteuses. Nous souhaitons que tout porteur de projet innovant puisse accéder rapidement aux expertises qu'il recherche. Par exemple, les jeunes startups, qui ont besoin de réaliser des expérimentations pour leur projet biotech ou pharmaceutique, n’ont pas forcément les laboratoires ni le matériel nécessaire en interne. Nous mettons donc à disposition notre plateforme et le savoir-faire des scientifiques de notre équipe pour trouver en moins de 48h un prestataire qui sous-traitera leur expérimentation et fera avancer leur projet. C’est la combinaison du digital et de l’humain qui nous permet d’être aussi efficaces.
Notre ambition est de contribuer à réduire les temps de développement de médicaments et de repenser la sous-traitance en R&D en biotechnologie. Avec plus de 1000 utilisateurs en France et en Europe (laboratoires publics, privés, entreprises et scientifique-entrepreneur), nous proposons déjà plus de 300 prestations que nous enrichissons quotidiennement.
Quels liens entretenez-vous aujourd'hui avec Sorbonne Université ?
G. L. : C’est grâce au master biologie et pharmacologie du vieillissement que nous avons trouvé nos premiers stagiaires, puis notre premier alternant actuellement en poste chez nous. J’ai d'ailleurs pu constater aux États-Unis et en Israël que les formations et le réseau de Sorbonne Université sont reconnus mondialement.
En 2020, nous avons noué un partenariat avec la direction de la recherche et de l’innovation de Sorbonne Université afin de valoriser le savoir-faire et les services des plateformes technologiques de l’université et proposer leurs prestations à nos clients. Nous avons déjà plusieurs projets en cours et d’autres à venir avec elles. Je suis très heureux de pouvoir garder ce lien et montrer aussi que les docteurs peuvent devenir entrepreneurs !
Quel conseil donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
G. L. : En France, nous avons la chance de bénéficier d’un écosystème propice à l'innovation. Il est important, pour avancer sereinement, de se rapprocher des structures d’accompagnement comme les sociétés d'accélération du transfert de technologies, les incubateurs, la banque publique d'investissement, etc.
Je pense aussi qu’il est essentiel de trouver un associé avec des compétences complémentaires. Pour ma part, j’ai co-fondé Labtoo avec Sophie Hue, mon amie d’enfance, diplômée de l’Edhec et de Paris Dauphine. Familière de l’écosystème startup en France et à l’international, elle a apporté ses compétences en management, marketing, communication et finances. Nous avons également associé Adrien Gatineau. En tant que directeur des nouvelles technologies, il apporte des compétences et une vision supplémentaires pour le développement de notre plateforme.
Dans le contexte de le crise sanitaire, vous avez lancé une plateforme spéciale Covid-19. Pouvez-vous nous en dire plus ?
G. L. : Suite au sondage réalisé auprès de notre communauté, nous nous sommes rendu compte que de nombreux laboratoires prestataires étaient disponibles et prêts à travailler sur des projets Covid-19. Dans le contexte de la crise sanitaire, nous avons adapté notre plateforme pour accélérer les projets sur le SARS-CoV-2 en référençant tous les laboratoires et entreprises susceptibles de contribuer à ce type de projets.
La communauté scientifique soutient cette initiative et la plateforme est déjà en mesure de proposer des services sur le développement de médicaments, de vaccins et de kits de diagnostic pour le Covid-19. Nous avons d’ailleurs déjà réalisé plusieurs projets avec des sociétés françaises et internationales.