Côme Demarigny
Étudiant entrepreneur au sein du dispositif PÉPITE de Sorbonne Université
Le projet ENDAVON Technologies est l’un des 26 projets sélectionnés au programme d'accélération PÉPITE Start'up de la Région Île-de-France.
Nous nous sommes entretenus avec Côme Demarigny, co-porteur du projet et CEO, au sujet de son parcours académique afin de mieux comprendre l’utilité du produit qu’il souhaite lancer, les défis auxquels il a dû faire face et le chemin qu’il lui reste à parcourir.
Quel a été votre parcours à Sorbonne Université ?
Côme Demarigny : D’abord étudiant en médecine, l’électronique a longtemps retenu mon attention. En cherchant ma voie, j’ai passé un entretien pour intégrer la licence d’électronique à la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université. J’ai absolument adoré ce changement de cursus. Afin de me lancer dans le domaine de la microarchitecture des processeurs, j’ai choisi d’intégrer le master informatique de Sorbonne Université. Je garde un excellent souvenir de ces années d’études, que je considère les plus enrichissantes de mon parcours académique. Au cours de ce master, j’ai également enrichi la vie associative de l'université en cofondant et dirigeant l’association Défis Sorbonne, destinée à l’accompagnement d’étudiants dans la création et gestion de projets complexes à grande ampleur (notamment des Hackathon et d’autres événements).
Pourriez-vous nous en dire plus sur le projet « Endavon » ?
C.D. : Les applications nécessitant de hautes-performances de calculs se démocratisent et les marchés concernés sont toujours plus nombreux (conduite autonome, domotique, santé, éducation, recherche, défense, etc.). Cependant, les temps importants de calcul deviennent limitants, et ralentissent la mise en place de nouveaux services, produits et innovations. Des entreprises établies tentent de répondre à ce besoin en reconvertissant leurs produits déjà disponibles, mais les résultats sont peu prometteurs. C’est justement dans ce cadre que nous nous positionnons. Notre travail se base sur des travaux de recherche publique en informatique, notamment issue de Sorbonne Université.
Endavon vise à augmenter la proposition de valeur des intégrateurs commercialisant des solutions matérielles pour, entre-autres, l’intelligence artificielle et le rendu graphique en temps-réel. Nous proposons un portfolio de processeurs sous forme de propriétés intellectuelles, adaptables, performants et sécurisés. Hugo Décharnes (CTO), Bryan Aggoun (CPO) et moi-même, Côme Demarigny (CEO), sommes les trois porteurs du projet.
Quel a été le déclic pour lancer votre projet ?
C.D. : L’idée du projet a commencé à germer au cours de mon stage de fin d’études. Lors de ce stage, j’ai rencontré mon associé, Hugo, ingénieur et un vrai autodidacte en micro-électronique et informatique. Nous avons échangé des idées et opportunités d’ouverture sur l'industrie et avons finalement décidé de lancer ce projet de startup. Cette association s’est élargie avec l’arrivée de Bryan, diplômé du master SESI de Sorbonne Université avec des compétences techniques multiples mais également des connaissances approfondies en gestion de projet et relation client.
L’environnement d’études et de travail à Sorbonne Université est propice aux collaborations tant académiques que professionnelles. J’étais très sensible aux aspects Business et entreprenariat, mais sans compétence réelle. J’ai candidaté au PÉPITE SU après avoir rencontré le comité organisateur lors d’un événement à destination des étudiants et jeunes entrepreneurs. Malgré mon hésitation première due à un engagement professionnel à temps plein et une disponibilité limitée, j’ai candidaté grâce aux conseils d’un ancien PÉPITE qui m’a encouragé à soumettre mon dossier. Le projet a été sélectionné avec un aménagement particulier sous forme de cours de soir.
Comment vous êtes-vous organisés ?
C.D. : Nous sommes tous les trois ingénieurs et nous travaillons à distance avec des disponibilités limitées. L’organisation était un peu compliquée au début, surtout en tenant compte de nos engagements et déplacements respectifs. Le temps avançant, je me suis rendu compte, en tant que CEO, qu’il fallait que l’équipe se consacre pleinement à Endavon. Soutenus par le Schoolab, nous avons intégré Station F dans le cadre du programme PÉPITE IDF, ce qui nous a aidé à accélérer davantage notre projet.
Dans quelle phase du cycle de vie de votre produit vous trouvez-vous ?
C.D. : Toute l'équipe travaille à affiner la technologie et à structurer le projet afin de créer un produit et une offre qui a de la valeur pour nos clients. Nous sommes actuellement en phase de création de la structure et recherche de fonds d’amorçages. Nous nous engageons sur deux ans de recherche et développement avant d’intégrer le marché. Cette étape ne conduit pas à un gain financier immédiat mais un investissement sur le moyen terme afin d’avoir une entreprise fonctionnelle et une technologie innovante.
Quelles sont les pistes d’amélioration possible que vous envisagez ?
C.D. : Il y a beaucoup de collaborations que nous pourrons envisager dans le monde de la recherche. Nous échangeons avec plusieurs experts et laboratoires, notamment de Sorbonne Université, et avec des acteurs privés et publics. En nous basant sur les premiers retours d’expérience et les besoins du marché, nous dirigeons notre technologie dans le sens de ces points de douleurs. Le premier marché que nous visons est celui des Data Centers avec des élargissements possibles et progressifs pour intégrer d’autres secteurs (les voitures autonomes, la 5G, l’edge computing, l’IoT, etc.), avec des solutions tant matérielles que logicielles.
Qu’est-ce que vous a apporté l’entreprenariat étudiant ?
C.D. : L’accompagnement que nous avons eu lors des étapes projet était d’une grande importance et nous a permis d’aborder beaucoup de sujets (développement, organisation, suivi juridique, financement, etc.). L’environnement dans lequel nous faisons évoluer notre projet est très riche et nous sommes entourés de gens qui rencontrent des problématiques similaires : c’est un moyen de rester motivés et d’avancer ensemble tout en ayant des échanges constructifs avec les autres PÉPITE, des opportunités de collaborations avec des experts, une complémentarité des savoirs, sans oublier la construction d’un véritable réseau, le tout dans une ambiance bienveillante et conviviale.
Faire partie de l’expérience PÉPITE rassure généralement nos interlocuteurs, ce qui nous aide à nouer des partenariats et consolider les collaborations que nous tenons à maintenir ou élargir.
Avez-vous reçu d’autres aides ?
C.D. : Les atouts de Sorbonnes Université sont multiples. Nous sommes accompagnés et souvent mis en contact avec des investisseurs, comme le Fond d’investissement de Sorbonne Université. Il faut garder l'esprit d'initiative et d'entreprendre et faire preuve de patience. En entreprenariat, en général, le financement est le nerf de la guerre, vital à la survie du projet.
Comment vous êtes-vous adaptés à la crise sanitaire ?
C.D. : En ce qui nous concerne, la crise sanitaire a été une opportunité. Nous avons pu avancer plus vite que dans des conditions normales. Cependant, nous sommes dans un cycle d’évolution qui est assez « long », et nous n’avions pas vraiment la capacité de contribuer aux efforts de recherche contre le COVID de manière substantielle.
Je vois par contre beaucoup d’autres entrepreneurs qui ont généré des idées novatrices et trouvé des solutions pour beaucoup de problèmes structurels. Cela permet de constater la puissance de l’entreprenariat en ces temps de crise.
Quels conseils pour les jeunes entrepreneurs ?
C.D. : Ce qui est vraiment important dans un projet entrepreneurial c’est l’équipe qui le porte. Faire avancer notre projet d’une manière efficace est une tâche qui nous motive. Le fait de travailler seul pose un problème d’efficacité quant à la conduite du projet et aux visions, compétences et savoirs complémentaires qui sont nécessaires à sa réalisation. Je pense qu’il est important de s’engager très tôt dans la vie associative au sein du campus universitaire. Les rencontres font naître des idées et c’est justement l’un des meilleurs moyens de s’aiguiller vers sa vraie vocation.
Pour finir, je partage avec vous un conseil précieux d’un ami qui, voulant m’aider à surmonter ma peur de l’échec face à la prise de conscience soudaine de l’ampleur du projet entrepris, m’avait dit : « si ça te fait peur, n’est-ce justement pas la raison pour laquelle tu devrais y aller ? »