Céline Gainet
Enseignante-chercheuse et avocate
Il est rare de pouvoir concilier plusieurs activités, mais c’est aussi ce qui rend ma vie professionnelle passionnante.
Femme aux multiples facettes, Céline Gainet s’est construit une carrière plurielle, entre finance, droit et entrepreneuriat. À la fois chercheuse, avocate au barreau de Californie et enseignante, elle a toujours cherché à concilier pratique et théorie, en gardant un pied dans le monde des affaires tout en cultivant une passion pour la pédagogie.
Un parcours pluridisciplinaire
Diplômée d’un double cursus en droit et finance, Céline Gainet a complété son parcours par un master à l’Institut d'administration des entreprises (IAE) de Paris. Dès cette époque, elle s’intéresse à la recherche sur des thèmes désormais incontournables : l’investissement socialement responsable, ancêtre de ce que l’on appelle aujourd’hui l’ESG (environnement, social, gouvernance). « J’avais obtenu beaucoup de données évaluant les entreprises sur leur performance environnementale et sociale. Mais une année ne suffisait pas pour tout étudier. J’ai donc décidé de poursuivre en thèse », explique-t-elle.
Alors que son travail de recherche nécessite des compétences juridiques, elle choisit de reprendre un cursus de droit en parallèle de sa thèse. « On m’a ensuite conseillé de passer le barreau. Je l’ai fait, et je suis devenue avocate, mais mon objectif principal est toujours resté la transmission et l’enseignement », confie Céline Gainet.
Une expérience internationale formatrice
Dès l’âge de 21 ans, elle commence à enseigner. « On m’a propulsée dans une salle de classe, et je me suis demandé ce que je faisais là », se souvient-elle. Heureusement, la pédagogie semble inscrite dans ses gènes. « Mon arrière-grand-mère était maîtresse d’école et ma grand-mère médecin scolaire, mais elle aurait aimé enseigner, raconte-t-elle. L’enseignement, j’adore ça, c’est une véritable passion ».
Sa bourse Fulbright lui ouvre les portes des États-Unis, où elle termine sa thèse à l'Université de Californy à Los Angeles avec un co-directeur de thèse à UC Berkeley. Là-bas, elle découvre une autre approche de l’enseignement. « Les étudiants notent leurs professeurs. Cela est très certainement venu stimuler mon esprit de compétition, je voulais être dans les premiers. Il fallait donc que je comprenne vite les attentes de ce système. Cela m’a obligé à me remettre en question et à améliorer constamment mes cours », explique-t-elle.
Enseigner devant des amphithéâtres de 300 étudiants face à un public international, la pousse à développer une pédagogie flexible et innovante : « Dans mes cours, il y avait des Américains, des Brésiliens, des Japonais, et d’autres. C’était enrichissant parce que ces étudiants avaient des compétences très variées, parfois loin des matières que j’enseignais, et cela me motivait à trouver des moyens efficaces pour leur transmettre ces connaissances. »
Cette immersion internationale lui permet également de diversifier son expérience académique. « J’ai enseigné aux États-Unis, à Abu Dhabi, et dans plusieurs institutions françaises, notamment à HEC Paris, avant d’intégrer Sorbonne Université et de diriger le master Langues étrangères appliquées : Gestion et commerce international (GCI) », indique-t-elle. Ce programme, destiné à des étudiants plutôt littéraires et qu’elle dirigera pendant un peu plus de cinq ans, l’amène ensuite à prendre la tête du master Métiers du management et de l’administration des entreprises (MMADE).
Former les étudiants au monde de l’entreprise
« Ce master est essentiel pour des étudiants venant de parcours variés, comme les lettres ou les sciences, qui souhaitent acquérir des compétences pour intégrer le monde de l’entreprise », souligne Céline Gainet, aujourd’hui responsable du master. Selon elle, il permet d’ajouter une couche de compétences en gestion à des profils très divers. « Ces étudiants ne perdent pas leur identité, mais développent de nouvelles compétences, très recherchées par les entreprises, explique-t-elle. Parmi tous les masters de Sorbonne Université, celui-ci est l’un des plus proches de ce qu’on pourrait labelliser comme un MBA. »
Un pied dans la théorie, l’autre dans la pratique
Ce master en alternance est à l’image de Céline Gainet dont l’équilibre professionnel nécessite de jongler entre activité académique et pratique en entreprise. « Quand j’ai commencé ma carrière d’avocate en 2007, c’était juste avant la crise des subprimes. Puis la crise Lehman Brothers est arrivée. J’ai vu les changements brutaux et les impacts sur les entreprises et cela m’a permis d’apporter à mes cours des exemples concrets, des problématiques réelles, se souvient-elle. Si se concentrer uniquement sur la pratique peut être limitant, trop de théorie déconnectée de la réalité, en particulier en management, peut rendre l’enseignement stérile. Trouver cet équilibre est difficile, mais c’est essentiel. »
Aujourd’hui encore, elle accompagne des start-ups et des fonds de private equity. « J’interviens principalement sur des levées de fonds et la structuration des fonds. Cela m’aide à rester connectée à la réalité du marché, à enrichir mes cours avec des tendances actuelles et à savoir ce que les managers recherchent aujourd’hui », indique-t-elle.
Elle travaille également en lien avec le programme Pépite, qui aide les étudiants à se lancer dans l’entrepreneuriat. « Je les accompagne sur deux ans, dans un programme de mentoring. C’est gratifiant de voir ces jeunes réaliser leurs projets », ajoute l’enseignante-chercheuse.
Une réflexion sur l’avenir de l’éducation
Au-delà de l’enseignement lié directement à son domaine de recherche, Céline Gainet s’investit également dans des projets autour de l’intelligence artificielle (IA) et du numérique. Membre active du Sorbonne Cluster of Artificial Intelligence (SCAI), elle travaille sur un cycle de conférences destiné à sensibiliser un large public aux enjeux de l’IA : « L’idée est de valoriser les travaux de recherche sur l’IA menés à Sorbonne Université et dans les établissements partenaires afin de les rendre accessibles à toutes et tous ». La première conférence se déroulera le 9 janvier 2025 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne.
Elle participe également au réseau ENR (Éducation Numérique Raisonnée), qui prône un usage équilibré des outils numériques dans l’éducation. « Le numérique doit être un outil au service de la pédagogie, pas une fin en soi, rappelle la chercheuse. Parfois, enseigner au tableau est bien plus efficace que de s’appuyer sur des supports sophistiqués. Le numérique doit accompagner l’apprentissage, mais ne peut se substituer à l’art de transmettre, c’est-à-dire la capacité à enseigner clairement, à capter l’attention et à adapter son approche en fonction des besoins des étudiants. »
Une conviction profonde
Céline Gainet reconnaît que partager son temps entre enseignement, recherche et pratique en entreprise n’est pas toujours simple : « Il est rare de pouvoir concilier plusieurs activités, mais c’est aussi ce qui rend ma vie professionnelle passionnante. Il y a des moments où je suis presque entièrement dédiée à mes étudiants, et parfois mon activité de consultante peut me prendre plus de temps. L’important, c’est de trouver un équilibre, même s’il n’est jamais parfait. » Le défi est de continuer à libérer du temps pour mes travaux de recherche, essentiels pour prendre de la hauteur.
Avec son énergie débordante et son engagement à toute épreuve, Céline Gainet incarne une vision moderne et pragmatique de l’enseignement supérieur, où la théorie et la pratique se nourrissent mutuellement pour former les professionnels de demain. Passionnée par sa mission d’enseignante-chercheuse, elle porte sur les étudiants qu’elle accompagne un regard optimiste : « Ce que j’aime chez eux, c’est qu’ils sont brillants, mais humbles. Leur qualité est aussi leur défaut : ils ne se rendent pas compte de leur potentiel. Mon rôle est de leur montrer qu’ils sont capables de grandes choses », conclut-elle avec enthousiasme.