Berni Hasenknopf
Chimiste et conseiller pour l’engagement européen
J'ai toujours pensé que l'enseignement devait avoir la même approche que la recherche
Chimiste passionné et conseiller pour l'engagement européen à Sorbonne Université, Berni Hasenknopf a construit une carrière alliant excellence académique et engagement institutionnel. Il vient récemment de recevoir le prix de l’Amitié franco-allemande qui récompense les efforts visant à renforcer les liens d’amitié, de coopération et de compréhension entre la France et l'Allemagne dans les domaines culturels, éducatifs, économiques ou sociaux.
Originaire de Bavière, en Allemagne, Berni Hasenknopf a suivi un parcours remarquable dans le domaine de la chimie. Son intérêt pour les sciences s'est éveillé en grande partie grâce à un professeur qui a su lui transmettre sa passion pour cette discipline. Après deux années d’études dans cette voie à l’université de Cologne, il choisit de partir à l’étranger. Il étudie notamment en France, à l’université de Strasbourg. « J’avais déjà une certaine maîtrise du français », explique-t-il. « A mes 16 ans, lassé de l'école, j'ai décidé de partir découvrir le monde. Je suis notamment allé en France, où j'ai passé une année à Béthune et à Paris. »
C’est aussi en France qu’il découvre sa vocation pour la chimie supramoléculaire, un domaine qui deviendra le fil conducteur de sa carrière. Sous la supervision de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987, Berni Hasenknopf se spécialise dans cette branche émergente. Son doctorat, suivi d’un postdoctorat, aux États-Unis, a consolidé son expertise dans la manipulation de ces molécules complexes. De retour en Europe, il choisit de s’installer en France et obtient un poste permanent à Sorbonne Université. Ce choix, motivé par des conditions de travail stables en France, lui permet de poursuivre ses recherches dans un environnement propice à l’innovation scientifique. « En Allemagne, les postes étaient précaires alors qu’en France, les postes permanents permettaient une carrière stable », confie-t-il.
L’enseignement et la recherche comme moteurs
Parallèlement à sa carrière de chercheur, Berni Hasenknopf s’investit dans l’enseignement. Passionné par la transmission du savoir, il occupe successivement des postes à responsabilité dans divers programmes de formation en chimie.
À l’époque, son engagement lui permet notamment d'introduire une approche par compétences dans les programmes de master en chimie de Sorbonne Université. « J'ai toujours pensé que l'enseignement devait avoir la même approche que la recherche : si un défi se présente, il faut chercher dans la littérature et s'inspirer des solutions possibles. Il faut que l’enseignement s’adapte », déclare-t-il.
Sa vision novatrice s’applique également aux travaux pratiques, qu’il a modernisés pour mieux répondre aux attentes des étudiantes et étudiants, et aux évolutions du domaine scientifique. Ancien directeur du master de chimie, il a contribué à faire de ce programme l’un des plus importants de France. « Nous avons construit un master avec 500 étudiants, ce qui est très grand pour un master de chimie en France », précise-t-il.
Un engagement fort pour l’amitié franco-allemande et la coopération européenne
En parallèle de ses responsabilités académiques, Berni Hasenknopf développe un engagement institutionnel fort en faveur de la coopération internationale. En tant que conseiller pour l'engagement européen à Sorbonne Université, il joue un rôle majeur dans la gestion des relations de l'université avec les organisations européennes, comme la Ligue des universités européennes de recherche (LERU) et l’Association européenne des universités (EUA). « Je m'informe sur ce qui se passe à Bruxelles, notamment sur les objectifs de la Commission, et j'essaie d’élaborer des positions pour Sorbonne Université », explique-t-il. « Le développement international, ce n'est pas seulement quelque chose que l'université fait pour elle-même, c’est aussi notre mission par rapport à la société européenne. »
Cet engagement s'inscrit dans une trajectoire personnelle marquée par la réconciliation franco-allemande. Résidant en France depuis plusieurs décennies, Berni Hasenknopf a récemment obtenu la double nationalité franco-allemande. Fin octobre, il a par ailleurs reçu le prix de l’Amitié franco-allemande, une distinction qui vient saluer ses efforts constants pour rapprocher ces deux nations, tant dans le cadre de ses engagements professionnels que personnels. « Je suis très honoré par ce prix. Cela me tient particulièrement à cœur. C'est une reconnaissance de mes efforts pour améliorer les relations franco-allemandes », se réjouit-il.
Une vision engagée contre toute forme de discrimination
Berni Hasenknopf est bien plus qu’un chercheur reconnu ou un enseignant passionné ; il est aussi un fervent défenseur des valeurs humanistes. Marqué par l'histoire de sa famille, confrontée aux conflits entre la France et l'Allemagne, il se montre particulièrement attentif aux questions de discrimination, d'antisémitisme et de racisme. « La génération de mes grands-parents a été marquée par des idéologies radicalement opposées : certains étaient des nazis convaincus, tandis que d'autres, communistes, ont activement résisté au régime hitlérien. Ce passé m’a profondément touché. » L’histoire de sa belle-famille, persécutée par les nazis, a également influencé sa vision du monde et son engagement pour la tolérance. « Cela m'a véritablement sensibilisé contre toute forme de discrimination. Je pense que c'est un trait qui me définit. »
Cette prise de conscience se reflète dans son approche de la coopération internationale et de l'enseignement. Il œuvre activement pour une société plus juste et inclusive, où la science occupe une place centrale pour améliorer la vie des individus.
Par Pauline Ponchaux