Aurore Cabanne
Étudiante en russe et sportive de haut niveau
Je fais en moyenne une compétition tous les quinze jours, voire parfois toutes les semaines, et souvent à l'étranger.
Étudiante en deuxième année de russe à la faculté des Lettres, Aurore Cabanne multiplie les combats. Judo, boxe, lutte, sambo, jujitsu… elle ne baisse pas la garde et mène de front ses études, son engagement dans l’armée de Terre et le sport à haut niveau.
Comment est née votre passion pour vos différents sports ?
Quand j’ai démarré le judo dans le club de mon grand-père, je n’avais pas 3 ans. C’était le sport familial. Mon père et mes oncles ont également commencé très tôt, et c’est sur le tapis que mes parents se sont rencontrés. Ma voie semblait donc toute tracée !
Pourquoi avoir choisi de faire une carrière haut niveau dans plusieurs sports ?
Je pratique cinq sports : le judo, la lutte, le jujitsu newaza (judo au sol), le beach wrestling (lutte sur sable) et le sambo - un sport de combat créé en URSS dans les années 1930, mélangeant principalement le judo, la boxe et la lutte.
Ayant démarré le judo jeune, le haut niveau est venu naturellement au fil des années. Puis, j’ai découvert le sambo à l’adolescence. Je cherchais à m’entrainer davantage et j’ai découvert un club dans mon village qui se trouve être l’un des plus gros clubs de sambo en France. Comme cela marchait bien dans ces deux disciplines, j’ai voulu essayer la lutte qui est un sport de combat assez proche. Connaissant un très bon entraineur près de chez moi, je suis allée m’entrainer avec lui et j’ai fini championne de France lors de ma première participation aux championnats de France. Depuis deux ans, le sambo traverse une passe difficile tant sur le plan national qu’international. Je me suis donc mise en retrait après mon podium mondial.
Pour le jujitsu newaza, j’ai commencé quand l’une de mes amies, vice-championne du monde de la discipline, est allée faire les sélections pour les championnats de France. Cela m’a plu, je l’ai accompagnée et j’ai fini deuxième aux championnats de France. Comme c’est une discipline que j’apprécie, j’essaie de m’y tenir.
Quant au beach wrestling, ce sont les sélectionneurs français qui m’ont repérée et proposé de venir, compte tenu de mon palmarès dans les autres disciplines. J’ai trouvé le concept innovant et intéressant. Les premiers tournois ont été productifs et j’ai continué. Désormais sixième mondiale, je suis qualifiée pour les jeux mondiaux sur sable à Bali en août 2023.
Quelles études faites-vous actuellement ?
Suite à mes voyages à l’étranger, j’ai trouvé la culture slave intéressante et j’ai voulu l’étudier à travers une licence de russe à Sorbonne Université. Je suis actuellement en deuxième année. Mon projet professionnel est pour l’instant un peu flou car j’ai beaucoup de choses à gérer tant sportivement qu’au niveau des études. J’avance en essayant de faire au mieux dans chaque discipline et je pense que des opportunités intéressantes ne manqueront pas de se présenter dans l’avenir.
Comment conciliez-vous vos études et le sport de haut niveau ?
Ce n’est pas simple de tout faire rentrer dans mon planning ! Certaines compétitions ou stages sportifs débordent sur la semaine, rendant mon organisation délicate. Je fais en moyenne une compétition (régulièrement à l’étranger) tous les quinze jours, voire parfois toutes les semaines. Imaginez l’organisation avec les cours, le travail à faire à la maison et les divers entraînements ! Sachant que je donne quelques cours de sambo et que je travaille aussi comme community manager pour plusieurs entreprises car, si certains sports payent, ce n’est pas le cas des miens.
Aucune semaine ne se ressemble. Certaines semaines, je suis à l’étranger, d’autres, je suis présente en cours tous les jours. À l’approche des compétitions importantes, l’entraînement prend le pas sur les études. Par exemple cette semaine j’ai eu un tournoi mondial près de Marseille. Je suis partie mardi, je me suis pesée mercredi, j’ai combattu jeudi et vendredi et je suis rentrée samedi.
Comment Sorbonne Université vous accompagne dans ce projet ?
L’université prend en charge mon déplacement aux championnats de France et d’Europe de judo et je l’en remercie. Sans elle, les déplacements auraient été complètement à ma charge. Par ailleurs, les enseignants sont très compréhensifs et me permettent de rattraper les devoirs en fonction de mon planning.
En parallèle, vous êtes réserviste au sein de l’armée de Terre, dans le 48e régiment des Transmissions à Agen. Pourquoi cet engagement et comment conjuguez-vous cette fonction avec vos études et le sport de haut niveau ?
Mon engagement au sein de l’armée est quelque chose que j’avais imaginé il y a quelques années déjà. J’avais besoin de donner du sens aux choses et il me semble que mon engagement en a. Il m’a aussi permis de mieux m’organiser au niveau global. C’est d’ailleurs curieux qu’une activité supplémentaire me permette d’optimiser ma gestion au quotidien. J’ai trouvé au sein de l’armée de Terre des gens très engagés et fiers de ce qu’ils font et représentent et je suis contente de faire partie de ce groupe.
Vous allez participer au Championnat d'Europe universitaire - EUSA (Europeen Sport University Association) à Zagreb en juillet. Comment vous y préparez-vous ?
J’essaie de m’entrainer au mieux tout en restant dans ma catégorie de poids (-57Kg). Je fais des compétitions de préparation et je m’entraine tous les jours comme je peux en fonction de mon planning.
Quel est votre souvenir le plus marquant lors d'une compétition ?
Les souvenirs sont nombreux. Le plus marquant est la demi-finale 2021 des championnats de France par équipe de judo à Perpignan où je fais le combat décisif qui qualifie mon équipe en finale et lui assure une médaille.