Perrine Lequitte-Charransol
Doctorante en 2ème année
Corvidés en forte extension en ville, les corneilles noires sont suivies de près au Jardin des Plantes
Les corneilles noires de Paris : de grandes voyageuses ?
Le nombre de corneilles noires (Corvus corone) a fortement augmenté dans Paris depuis les années 1990 et la mise en place de sacs poubelle en plastique transparent suite à la vague d’attentats. Elles y trouvaient en effet de la nourriture facile d’accès, car ces corvidés opportunistes s’accommodent parfaitement de nos restes alimentaires, et ont donc pu se multiplier en ville. Elles y causent toutefois des dégâts : percer les sacs poubelle et en répandre les déchets, arracher les pelouses et les fleurs. C’est pourquoi des mesures de régulation (abattage de corneilles) ont été tentées, mais sans succès.
Nous suspectons que cet échec est dû à des flux de corneilles de la campagne vers la ville, des individus ruraux remplaçant les corneilles urbaines tuées localement. Pour mettre en évidence ce flux, nous baguons des corneilles au Jardin des Plantes. Les bagues portent un numéro bien visible, qui peut être lu par des bénévoles, et rentré sur une plateforme en ligne, selon le principe des sciences participatives. Nous utilisons la base de données ainsi générée pour réaliser des modèles afin d’estimer survie et déplacements de la population de corneilles.
En parallèle, quelques individus ont été équipés de balises avec GPS embarqués, permettant de suivre au jour le jour leurs mouvements Nous avons ainsi montré que les corneilles sont très mobiles au sein de la capitale, mais peuvent également effectuer de grands trajets, et s’éloigner jusqu’à 200km de Paris, atteignant par exemple Amiens. Les populations rurales et urbaines de corneilles semblent donc interconnectées.