La crise du transport aérien
Mais de quel monde rêvons-nous pour l’aviation commerciale ? Celui d’une croissance économique illimitée, celui d’un développement durable ou celui de la décroissance ? Aujourd’hui, la croissance de l’activité aérienne se situe dans une courbe exponentielle ; fondée sur le libéralisme, elle fait fi des externalités négatives comme la discrimination sociale, la pollution globale de l’air et la dégradation du cadre de vie autour des aéroports. “Le véritable problème auquel l’humanité est confrontée n’est pas celui de l’épuisement des ressources mais celui de leur utilisation à l’origine de pollutions transformant la planète en immense poubelle. […]. Le triptyque produire plus, répartir mieux, préserver l’avenir – ne pourra pas se décliner sans tensions ou lectures antagonistes. L’enjeu est de résoudre, autrement que par l’arrêt du développement, le conflit latent entre une croissance sauvage et un environnement viable”, écrit Michel Rogalski (2019). C’est pourquoi la prise en compte de la durabilité, gênante pour la croissance à court et moyen terme, peut en réalité apparaître comme un gage de survie à long terme.
Raymond Woessner, professeur honoraire de Géographie de Sorbonne Université, a été directeur du Master Transports, Logistique, Environnement et Territoires de 2011 à 2017.