L'invention du fact-checking

Par Pascal Froissart

Enquête sur la Clinique des rumeurs, Boston, 1942-1943

Presses Universitaires de France

Note de l'éditeur

L’histoire commence à Boston, en pleine guerre, avec une poignée de personnages inattendus : un professeur de l’université Harvard, un de ses étudiants, des journalistes… Bille en tête, ils se lancent dans la lutte contre les rumeurs de guerre et créent une rubrique hebdomadaire de fact-checking dans le quotidien The Boston Herald.

Chaque semaine à partir du 1er mars 1942, une demi-douzaine de rumeurs sont décortiquées et démenties, à grand renfort de noms ronflants et d’images rassurantes. Une armée de mouchards est discrètement mise en place pour remonter les récits litigieux, les moyens de l’État du Massachusetts sont mobilisés, et soudain la notoriété de la chronique intitulée The Rumor Clinic prend de l’ampleur. Celle-ci fait les honneurs des actualités filmées, de la radio, et de la presse en général. Pourtant, quelques mois plus tard, en 1943, la rubrique disparait brutalement et il ne reste bientôt plus que les spécialistes des rumeurs pour s’en souvenir. Il faut alors se pencher sur les archives des services secrets amé­ricains pour comprendre ce que la fin de la Rumor Clinic leur doit. On ne touche pas sans risque à la question du démenti médiatique, source première de diffusion de ce que l’on veut cacher…

Pascal Froissart retrace ainsi une histoire inédite, qui nous plonge dans les débuts d’une pratique devenue courante aujourd’hui : le fact-checking, posant ainsi la question de la vérité journalistique.


Pascal Froissart est professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication et directeur du CELSA (Sorbonne Université). Membre du Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information et de communication (GRIPIC), il travaille sur la rumeur et les fake news depuis de nombreuses années.