Mélanie Ephrème
Doctorante en 3ème année
Da chimie code : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ?
L’héritage oublié : le numérique à la recherche de la chimie perdue dans les dictionnaires du 18e siècle
Concernant l’histoire de la chimie, le 18e siècle s’achève dans le sang. Bien qu’Antoine Lavoisier révolutionne les sciences en découvrant que l’eau est composée de substances qu’il appelle « oxygène » et « hydrogène », il finit guillotiné en 1794. Le récit fondateur de la chimie construit au 19e siècle, l’érige en héros national. Ce mythe finit par occulter tout le savoir chimique accumulé avant Lavoisier : ses maîtres, ses concepts, ses mots, ses applications. Depuis trente ans, les historiens séparent ce qui tient des preuves, de la légende. Par touches, ils ressuscitent d’autres chimistes, théories et méthodes. Mais une vision d’ensemble manque : comment caractériser la chimie au 18e siècle ?
Ma thèse consiste à étudier un nouveau genre littéraire pour l’époque : les dictionnaires et les encyclopédies (comme celle de Diderot et D’Alembert). Fixant l’ensemble des savoirs, les dictionnaires constituent un précieux terrain d’exploration remettant en contexte la chimie. Les récentes avancées numériques permettent d’examiner cet immense corpus. Après avoir extrait le texte de sa numérisation, je l’ai structuré grâce à un script informatique. Ainsi, je peux rechercher quels sont les chimistes les plus cités, les concepts fondamentaux, les instruments utilisés dans leurs laboratoires.
Petit à petit, je redécouvre une chimie européenne foisonnante ! Incontournable en métallurgie, en médecine et même en distillerie, la chimie des Lumières brille sur un grand nombre de savoirs…