Léa Guyon
Léa Guyon est doctorante de deuxième année de l'école doctorale Sciences de la nature et de l'Homme : évolution et écologie du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Elle est encadrée par Raphaëlle Chaix dans l'équipe Eco-anthropologie.
Nos ancêtres ont-ils assassiné leurs voisins ? Une alternative pacifiste
Modéliser nos ancêtres pour mieux comprendre notre héritage génétique
Notre ADN, cette molécule fascinante transmise de génération en génération, contient l’histoire de nos lointains ancêtres. En regardant le chromosome Y des hommes dans des populations humaines du monde entier, d’étonnantes bribes de cette histoire nous sont parvenues.
Il y a environ 7000 ans, alors que les premiers agriculteurs étaient bien installés en Europe, l’ensemble des chromosomes Y enregistre une perte de diversité sans précédent, comme si 80 % des hommes avaient arrêté de se reproduire à ce moment-là. Au contraire, l’ADN mitochondrial, un marqueur génétique transmis exclusivement par la mère, ne présente pas cette perte de diversité : ce qui a tant affecté nos ancêtres masculins n’aurait donc pas concerné les femmes ! Mais qu’a-t-il bien pu se passer ?
Il est probable qu’à l’époque, les humains se regroupaient en clans dans lesquels les hommes partageaient un ancêtre commun très récent en ligne paternelle et se mariaient avec des femmes provenant d’autres clans. Ainsi, au sein d’un clan, les chromosomes Y se ressemblaient beaucoup alors que l’ADN mitochondrial était très diversifié. Une hypothèse suggère que l’importante perte de diversité sur le chromosome Y serait due à des guerres de clans dans lesquelles beaucoup d’hommes auraient péri.
Mais la violence est-elle vraiment nécessaire pour expliquer notre phénomène ? En modélisant des populations humaines structurées en clans dynamiques qui fissionnent ou s’éteignent selon leur taille, je montre qu’une hypothèse pacifiste pourrait tout aussi bien résoudre ce mystère…