Le programme Doctorat-conseil en innovation, une école de l'efficacité
Depuis plusieurs années, Sorbonne Université offre aux doctorantes et doctorants qui s’intéressent à l’esprit d’entreprendre des programmes qui leur permettent de se former. Cette année, un nouveau programme vient d’être créé. Ce programme "Doctorant conseil en innovation" offrira jusqu’à 14 places à des doctorantes et doctorants qui souhaitent développer leur expertise en conseil en innovation. Ce programme inédit leur permettra de mettre en pratique leurs connaissances et nouvelles compétences au service d’une équipe projet du Diplôme Universitaire Gestion de projet entrepreneurial et intrapreneurial (DU GPEI) sur un vrai sujet proposé par un partenaire industriel. Tout cela, en consacrant 3 à 4 heures par semaine.
Nous avons rencontré Valérie Patrin-Leclere et Hervé Marc, respectivement référente des métiers du conseil et responsable pédagogique du DU pour nous parler de ce nouveau programme.
Le dispositif « Doctorant conseil en innovation » est fait pour des doctorantes et doctorants qui s’intéressent à l’esprit d’entreprendre n’ayant pas le temps de s’engager sur un double diplôme et qui souhaitent être crédibles s’ils doivent candidater dans une entreprise ou envisagent explicitement l’idée de devenir consultant ou consultante sur la base de leur expertise académique.
Comment ce programme est-il né ?
Valérie Patrin-Leclère : Ce programme Doctorant conseil en innovation a été créé, en réflexion avec le Département formation & carrières du Collège doctoral, pour compléter l’éventail des programmes que nous avons adressé spécifiquement aux doctorantes et doctorants qui s’intéressent à l’esprit d’entreprendre.
Dans quel contexte, proposez-vous ce programme ?
VPL : Nous avons au total trois programmes Pépite, pour les doctorantes et doctorants, en lien avec le Collège doctoral. Le premier programme, créé de longue date, le diplôme étudiant entrepreneur (D2E) accessible en double diplôme s’adresse à tout doctorant ou doctorante qui a, dans le cadre de ses recherches développé, un projet susceptible de passer sur le marché. En cours du soir, le doctorant ou la doctorante va acquérir les fondamentaux de l’entrepreneuriat. Le deuxième programme concerne les doctorants intéressés par l’esprit d’entreprendre qui souhaitent comprendre comment fonctionne une entreprise qui se lance, soit pour la rejoindre, soit être chef de projet innovation dans une grande entreprise multinationale. Dans ce cadre, nous avons créé le DU GPEI. Nous sommes bien dans l’esprit d’entreprendre mais c’est de l’intrapreneuriat. Quand le doctorant ou la doctorante a un projet professionnel déjà clair, il peut s’engager dans ce DU GPEI sur une année universitaire. Il travaille en immersion pour le compte d’un commanditaire dans une équipe européenne. Pour une troisième catégorie de doctorantes et doctorants, qui ont plutôt envie d’acquérir les savoir-faire du consulting, nous avons le programme Doctorant conseil en innovation. Les doctorantes et doctorants concernés ont une expertise disciplinaire et souhaitent apprendre à transformer cette expertise en compétence commercialisable dans le cadre du conseil. Notre proposition est de leur apprendre à développer ce savoir-faire en interagissant avec une équipe projet engagée sur une vraie mission pour le compte d’un vrai commanditaire. Ainsi le doctorant ou la doctorante peut acquérir ces compétences avec un engagement en temps plus léger et flexible : une vingtaine d’heures par mois soit 3 à 4 h par semaine, sur des moments librement consentis, qui incluent à la fois l’interaction avec l’équipe projet, avec l’équipe encadrante pédagogique et le temps de travail en production intellectuelle (enquête, interview, rédaction des livrables destinées à l’équipe projet).
En quoi, ce dispositif est-il inédit ?
Hervé Marc : L’interaction avec une équipe pluridisciplinaire et internationale est inédite. Chaque équipe est constituée de 8 à 10 étudiantes et étudiants (doctorants, docteurs et masters) issus de 6 universités européennes de l’alliance 4EU+ (Sorbonne Université, Genève, Milan, Heidelberg, Prague et Varsovie) et couvrant une multiplicité de spécialités disciplinaires. Le contexte est inédit car les projets sont des cas réels portés par des industriels européens de renom. Les doctorantes et doctorants vont vivre de l’intérieur la gestion de projet dans un contexte international et multiculturel accompagné par une structure pédagogique.
Six industriels ou organisations participent cette année. Un des éléments clés est de créer des nouveaux ponts entre le monde académique et le monde économique. Les entreprises sont toutes des partenaires historiques. Les sujets proposés sont importants pour elles mais non confidentiels avec des enjeux d’innovation liés aux grandes transitions : environnementale, gestion des talents, opportunités autour de la réindustrialisation européenne et sociétale. Ces enjeux sont globaux mais ramenés à l’échelle européenne. Parmi eux, se trouvent des acteurs industriels français comme EDF, Suez, Renault, LVMH, Safran, des groupes dans le conseil dans le digital comme SAP (leader mondial des applications de gestion des entreprises) ou KPMG (conseil en stratégie d’entreprise), Edison (Italie).
Vient se greffer sur ce dispositif sur la base d’équipes pluriculturelles et pluridisciplinaires d’une dizaine d’étudiantes et d'étudiants, la possibilité d’accueillir un ou deux chargés de mission, un doctorant ou une doctorante issu de SU qui apprendra le métier de consultant ou de consultante produisant du conseil à destination d’un client.
Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
VPL : Des fiches projets sont fournies aux équipes. Elles sont la base sur laquelle les doctorantes et doctorants conseil vont travailler. Ces derniers dès qu'ils postulent au dispositif Doctorant conseil en innovation, devront se positionner sur le ou les projets pour lesquels leurs compétences scientifiques présentent un intérêt. Il y a sept projets. Dès la semaine du 13 janvier, nous accueilleront tous les doctorantes et doctorants qui s'embarquent dans cette aventure. Nous sommes bien conscients que leur emploi du temps est déjà déterminé. Ils vont devoir jongler avec le calendrier prévisionnel de l’équipe projet à laquelle ils vont être rattachés et l’équipe pédagogique mais le dispositif est souple. La formation se déroulera de mi-janvier à fin juin, période pendant laquelle le doctorant ou la doctorante pourra mettre en pratique ses connaissances et compétences.
A ceux et celles qui estimeront que 4h par semaine, dans la vie chargée d’un doctorant ou d'une doctorante, c’est beaucoup, que répondriez-vous ?
HM : Le programme est une formation accélérée à la posture du conseil. Ces quatre heures par semaine vont permettre à un doctorant ou une doctorante, en un semestre, d’acquérir les compétences nécessaires à cette posture. C’est une vraie démarche de formation continue. Cela se place dans une volonté de compléter ses compétences, sa spécialité de doctorant ou de doctorante par le savoir-faire et le savoir être d’un conseil en innovation.
VPL : Le retour sur investissement est direct. En cours d’année, un doctorant ou une doctorante peut transformer la donne en vendant ses conseils. Tout doctorant peut devenir autoentrepreneur ou free-lance et vendre ses conseils à une agence, un institut d’étude, à un cabinet conseil. Le retour sur investissement peut être extrêmement rapide et apporteur de valeur économique en plus des compétences acquises. Ce dispositif donne des clés pour produire des livrables avec des dates butoirs en temps limité en anticipant les consignes des destinataires. C’est une école de l’efficacité qui sera aussi utile à la doctorante ou au doctorant dans son travail de thèse. La tarification d’un consultant ou d'une consultante est journalière. L’idée est de produire le travail demandé en optimisant le temps consacré.
Valérie Patrin-Leclère dirige Pépite le pôle entrepreneur de SU, le pôle entreprendre du Celsa qui promeut la formation sur l’entrepreneuriat et intrapreneuriat à Sorbonne Université. Elle est enseignante-chercheuse en information et communication, elle travaille au Gripic (Laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication du CELSA) et est docteure SU 2000.
Hervé Marc a passé 30 ans dans les fonctions marketing, communication, de grands groupes anglo-saxons. Il a travaillé sur des projets d’innovation produits, de stratégie de distributions au niveau international pour des marques grande consommation. Il est arrivé à l’enseignement, en faisant des interventions au CELSA puis pour l’Alliance Sorbonne Université. Il donne des cours de sensibilisation à l’entreprenariat depuis 6 ans au CELSA auprès des publics du marketing, il est tuteur de porteurs de projet inscrits au DEE (Pépite) et depuis 4 ans, il anime le DU gestion de projet entrepreneuriat et intrapreneuriat, et dans sa version européenne, depuis 3 ans.
Pour en savoir plus
Podcast : les mots flous (1er épisode sur l'intrapreneuriat)
Descriptif complet du programme Doctorant, doctorante conseil en innovation (format pdf)
Pour s'inscrire (Date limite : 5 janvier 2025)