Le doctorat et harcèlement dans la recherche
Malgré un panorama positif dressé récemment par le RNCD sur le doctorat en France, 11% des doctorantes et doctorants sont insatisfaits de leur expérience en doctorat. Pourquoi et comment remédier à cette insatisfaction ?
Le doctorat en France : une enquête du RNCD
Le réseau national des collèges doctoraux (RNCD) a conduit en 2021, une enquête sur les pratiques de formation doctorale. Elle a été réalisée à la fois sur les doctorantes/doctorants et sur les encadrantes/encadrants. Comme le mentionne le communiqué de presse du RNCD : « La première motivation de cette enquête était d'alimenter, par les retours des premiers concernés de toutes les disciplines, la réflexion sur les actions à mener pour améliorer les pratiques, les conditions et l'offre de formation doctorale. »
Ces réflexions doivent pouvoir être utilisées afin d’améliorer les conditions de réalisation du doctorat en France et le suivi des doctorantes et doctorants. Il a été réalisé pour l’ensemble des acteurs du doctorat, de l’encadrant au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Ce rapport est d’autant plus important que l’effort de recherche repose largement sur le doctorat. Et que, comme le mentionne le RNCD « avec 0,6% de docteures et docteurs dans la population âgée de 25 à 34 ans, la France est en recul par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, qui en comptent 0,9% dans la même tranche d’âge ». Augmenter le nombre de docteures/docteurs et rendre attractif le doctorat nécessite une meilleure connaissance de ce qu’il est, des exigences qu’il renferme et de ses objectifs.
Les résultats ont été publiés début janvier 2022 et vous pouvez les retrouver dans le rapport en ligne. Ils révèlent trois particularités : une contribution majeure des doctorantes/doctorants à la recherche, le rôle capital du travail en équipe et un haut niveau de satisfaction de la part des doctorantes et doctorants. Si ces particularités sont positives, il reste toutefois 11% des doctorantes/doctorants qui sont insatisfaits de leur expérience en doctorat, soit pour des encadrements jugés non adaptés, soit par manque de financement ou par manque de moyens pour la réalisation des travaux de recherche.
Harcèlement : que faire ?
L’enquête du RNCD est positive mais ne doit pas nous faire oublier les problèmes que certaines doctorantes ou certains doctorants rencontrent dans le parcours doctoral. En Janvier 2022, un livre écrit par Adèle Combes, docteure en neurobiologie s’est focalisé sur ces problèmes. Ce livre paru aux éditions Autrement, s’intitule « Comment l’université broie les jeunes chercheurs ? ». Ce travail est basé sur une enquête en ligne « Enquête : vies de thèses ». Il met en scène trois histoires pour illustrer la diversité des problèmes rencontrés. Il dissèque les discriminations et violences sexistes ou sexuelles, les violences psychologiques ainsi que le déséquilibre vie professionnelle et vie personnelle impactant la santé, chiffres à l’appui. En conclusion de son livre, l’autrice propose un certain nombre de solutions réalistes à plus ou moins long terme. Parmi ces propositions, certaines sont déjà mises en place par Sorbonne Université ou seraient assez faciles à mettre en place : identification d’un service médical et psychologique compétent, la formation des doctorantes et doctorants au management de projet, l’organisation repensée du comité de suivi de thèse mais ce n’est pas tout.
Alors, que propose Sorbonne Université aux doctorantes et doctorants ?
Sorbonne Université a mis en place un portail de signalement et d’information sur les risques psychosociaux, la discrimination, le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes. Ce portail s’adresse à tous les personnels et usagers de Sorbonne Université. Vous y trouverez les démarches qui peuvent être engagées, que vous soyez victimes ou témoins de ces agissements. Vous pourrez signaler la situation et identifier les contacts utiles.
En tant que doctorant ou doctorante et en cas de situations telles que le harcèlement sexuel, les violences psychologiques, ou les conflits, la direction de l’école doctorale est le premier pilier, votre premier interlocuteur.
Vous pouvez, aussi, contacter la direction du collège doctoral et même saisir la commission de prévention et résolution de conflit. Chaque partie prenante (doctorant, directeur de thèse, direction de laboratoire, direction de l’école doctorale) peut saisir cette commission.
Il y a plus de 20 ans, Isabelle Lagny, médecin du travail dans une université parisienne, avait publié « Jeune chercheur : souffrance identitaire et désarrroi social ». Elle écrivait « Plus on est conscient de ce qui nous arrive, plus on arrive à le penser avec des mots et pas seulement à l’éprouver, et plus on reprend les rênes pour devenir acteur de la suite des évènements. Ce qui est important, c’est d’arrêter de subir, ne pas se soumettre et ne pas se faire croire que c’est une fatalité ou quelque chose que l’on a mérité ». Que vous soyez victime ou témoin, osez parler.