Joséphine Staron

La solidarisation entre les États et les peuples européens est un parcours inédit. Ma thèse retrace les conditions et les justifications de l’intégration européenne, et plus précisément du passage de ce que Robert appelait une « solidarité de fait à une solidarité de production », c’est-à-dire de l’interdépendance subie, à la solidarité choisie. Mais progressivement, la solidarité européenne s’est vue dépolitisée pour devenir une entreprise technique, engendrant une perte du sens et des finalités du projet européen. Dès lors, la question des justifications légitimes de la solidarité européenne est devenue impérieuse, tout comme la recherche des conditions d’un renouvellement du consentement des États et des peuples à la solidarité européenne. En effet, pourquoi et comment les États ont-ils consenti par le passé à un projet d’intégration qui impliquait des sacrifices en termes de souveraineté, et pourquoi et comment pourraient-ils à nouveau y consentir demain ? La crise de confiance et de légitimité que traverse l’UE est révélatrice d’une crise plus profonde de la solidarité européenne. Après avoir passé en revue les conditions normatives et empiriques de la solidarité européenne, j’identifie les nouvelles finalités de la solidarité européenne et le cadre d’intégration capable de répondre aux attentes des européens en matière de solidarité, celle-ci étant avant tout un moyen de protection complémentaire des solidarités nationales.

Ecole doctorale Concepts et langage

Laboratoire Sciences, Normes, Démocratie (UMR 8011)