Fake news et climat
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Fake news et climat

Mercredi 18 septembre 2019, à l'occasion de la parution du numéro "Climat et fake news : le vrai du faux" de l'hebdomadaire le 1, réalisé en partenariat avec Sorbonne Université, découvrez l'article écrit par Nicole d'Almeida, professeure au CELSA-Sorbonne Université.

Comment le climat est devenu l'affaire du siècle

L’été 2019 nous fait assister à de l’inédit : le mois de juillet est classé mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde tandis qu’en août, l’Islande procède à un geste spectaculaire de commémoration d’un des plus grands glaciers d’Europe désormais disparu de son territoire.

La question climatique est une question phare de cette rentrée. Son intensité est liée à un travail de publicisation mené par les acteurs sociaux, son acuité est aujourd’hui accélérée par un vécu climatique qui fait sortir les chiffres de l’abstraction et leur donne une réalité tangible. Le climat se vit à fleur de peau dans ces épisodes caniculaires qui ont perdu leur caractère exceptionnel, moments éprouvants de réorganisation des modes de vie, de travail, de transport, moments d’ébranlement des corps et de réveil de fragilités oubliées. Le changement climatique n’est plus seulement un chiffre, une courbe, ni le thème d’une littérature catastrophiste1ou de films engagés, il est devenu une véritable expérience individuelle et collective. 

Dans l’histoire de la préoccupation environnementale, le climat prend aujourd’hui une place centrale, éclipsant quelque peu les problèmes de pollution et de biodiversité. Il est au cœur d’une discussion mondialisée sur les conditions de vie sur terre. Le climat cesse d’être une question scientifique au long cours éloignée de nous. Il n’est plus envisagé dans la perspective du temps long ni indépendamment des activités humaines. Il devient notre affaire, ici et aujourd’hui, affaire de degrés devenue affaire du siècle, mobilisant des questions morales (interrogeant les conditions de la vie humaine), politiques (mise en avant de principes de justice et de solidarité), économiques (mise en question des modèles de croissance) et esthétiques (saccage ou disparition des paysages).

Il n’y a pas de problème public en soi mais des problèmes devenus publics, sous l’effet de l’intervention de groupes d’acteurs qui se les approprient et les façonnent, chacun à sa manière. La question climatique est marquée autant par la convergence que par la divergence : convergence des publics qui s’en emparent et la placent au centre, divergence des analyses et des préconisations. Elle est structurée par un mouvement à la fois centripète (qui rassemble) et centrifuge (qui distend et divise). L’accord et le désaccord sur ce sujet sont en balance permanente, reposant sur l’imbrication subtile du savoir et du vouloir, de l’état des connaissances et de la volonté politique. La question climatique est située à mi chemin entre savoir scientifique et choix politique, c’est dans cet entre-deux que prend place le travail d’information qui se voit assigner des missions de sensibilisation, d’alerte, d’éducation et d’invitation au débat ou au changement. Enonciation et dénonciation se conjuguent dans un monde d’informations dopé par les réseaux sociaux, où le vrai côtoie le faux, où le statut des sources est souvent incertain, où s’opposent informations et désinformations. 

Nicole d'Almeida et Emmanuel Vincent

Emmanuel Vincent, docteur en océanographie et climat de Sorbonne Université et Nicole d'Almeida lors de l'enregistrement de l'émission "Ouvrez le 1" sur FranceInfo TV

Retrouvez l'article en intégralité et Nicole d'Almeida1, accompagnée d'Emmanuel Vincent, docteur en océanographie et climat de Sorbonne Université, fondateur de Climate Feedback et de Julien Bisson, rédacteur en chef de l'hebdomadaire le 1 dans l'émission "Ouvrez le 1" sur FranceInfo TV.

 


1Nicole d'Almeida est professeure en sciences de l’information et de la communication au CELSA-Sorbonne Université, elle a notamment dirigé l’ouvrage Développement durable, une communication qui se démarque (Presses de l’Université du Québec, 2018) avec Solange Tremblay et Thierry Libaert.