Clémence Bouvier
Clémence Bouvier est doctorante de troisième année dans l'école Informatique, télécommunications et électronique de Paris. Elle est encadrée par Anne Canteaut à l'INRIA de Paris.
Je sais que tu sais, mais pourtant, tu ne m’as rien dévoilé...
La cryptographie, pour démontrer ce que l’on ne peut révéler
Pourriez-vous montrer que vous savez où est Charlie sans révéler sa position ? Comment prouver qu’un calcul est correct sans dévoiler les nombres qui ont été manipulés ? En cryptographie, nous pouvons résoudre ce problème grâce à des preuves à divulgation nulle de connaissance.
Bien loin des fromages, “A.O.P” est un acronyme anglais désignant les outils cryptographiques dédiés à ces preuves et reposant sur une arithmétique particulière. Si l’alphabet habituel en informatique ne comporte que deux éléments : 0 et 1, dans ce contexte, nous utilisons une structure mathématique qui contient plus d’un milliard de milliards d’éléments.
L’objectif de ma thèse est de trouver les outils mathématiques adaptés à cet alphabet particulier afin de réduire le temps de calcul de ces preuves, tout en résistant aux attaques informatiques. J’ai débuté ma thèse en analysant les failles de sécurité d’algorithmes existants, ce qui m’a amenée à concevoir un nouvel algorithme, tout aussi sécurisé et surtout bien plus performant.
Les algorithmes que j’étudie ont notamment des applications pour les cryptomonnaies. Plus généralement, ces techniques pourraient permettre de garantir la transparence des algorithmes qui nous entourent, par exemple démontrer qu'un classement est juste sans révéler les notes des candidats. Actuellement, de telles preuves sont très lentes... Mes travaux contribuent à en décupler la vitesse : de 30s à 3s !