Un projet fédérateur au service des personnes en situation de handicap
En mai dernier, les étudiants ingénieurs de Polytech Sorbonne ont présenté leurs projets phares à plus d’une trentaine d’industriels. Parmi leurs réussites, l’adaptation robotisée d’un poste de travail en partenariat avec la mission Handicap de Sorbonne Université.
Le projet a commencé en 2018 lorsqu’une technicienne de laboratoire souffrant d’une maladie chronique invalidante a vu ses troubles s’aggraver en raison des manipulations répétées qu’elle devait réaliser pour une expérimentation. La neurobiologiste, Elise Morice, qui encadrait cette étude, a sollicité le responsable de la mission Handicap, Eric Lalanne, pour trouver une solution. « J’ai contacté le directeur de l’Institut des systèmes intelligents et robotiques (Isir), Guillaume Morel, qui a eu l’idée de développer une plateforme d’expérimentation automatisée. Laurent Fabre, assistant ingénieur à l’Isir, s’est chargé de concevoir un prototype répondant au cahier des charges », explique Eric Lalanne. Après un travail de plusieurs mois et des réajustements nécessaires pour optimiser l’ergonomie du poste, une plateforme rotative et automatisée, limitant les gestes répétitifs, a pu être finalisée en 2019.
Trois mots d’ordre : pédagogie, science et solidarité
Quelques mois plus tard, le directeur de l'Isir a proposé d'aller plus loin en y associant des étudiants de Polytech Sorbonne dans le cadre de leur projet d'études. « Guillaume Morel nous a proposé de prendre en charge le développement de dispositifs complémentaires au sein de la spécialité robotique », précise Aline Baudry, ingénieure robotique à Polytech Sorbonne et encadrante des projets étudiants. « Tous les ans, nous proposons à nos étudiants de quatrième année de travailler une journée par semaine sur des projets industriels concrets proposés par des personnes extérieures à l'école : des industriels de la robotique, des entreprises d’autres domaines, mais également des chirurgiens ou des laboratoires qui ont une problématique précise. Les étudiants doivent réaliser un prototype, améliorer un dispositif ou faire une étude de faisabilité. Cela leur permet de se former à la vie d'ingénieur : définir ce qui doit être réalisé, développer une preuve de concept, dialoguer avec les clients, mettre en place une équipe, etc. », explique Frédéric Plumet, responsable de la spécialité robotique de l’école.
C’est dans ce cadre qu’un groupe de quatre étudiants de robotique a commencé à travailler sur une deuxième version de la plateforme d’expérimentation. Ils ont proposé un dispositif automatisé permettant de déplacer sur la table rotative les éléments utiles à la réalisation des tests grâce à un bras aimanté.
Ce système robotisé s’accompagne d’une interface numérique qui permet à la fois de gérer les mouvements de la plateforme, mais aussi d’enregistrer le suivi de l’expérience et d’acquérir les données de manière automatique. « L’objectif du système est double : il doit permettre de réduire encore les efforts physiques inhérents à la manipulation de la plateforme, mais aussi d'augmenter la fiabilité des données récoltées en évitant des erreurs humaines », explique la neurobiologiste Elise Morice qui suit de près le projet.
Tour de table
Alors que les étudiants commençaient la réalisation et la programmation du dispositif, la pandémie est venue perturber l’avancement du projet. En septembre 2020, ils ont passé le flambeau aux étudiants du module Engagement étudiant de troisième année, puis l’ingénieure Aline Baudry a terminé la réalisation de la plateforme, soutenue par des collègues d’autres laboratoires. « Nous avons travaillé avec le fablab de Sorbonne Université pour faire la piste en bois du châssis qui guide le mouvement du plateau. J’ai aussi reçu l’appui d’ingénieurs, de techniciens et des usineurs de l'Isir et de Locean, ainsi que l’aide des enseignants et personnels de Polytech. C’est également grâce à la plateforme de prototypage de Polytech, que nous gérons avec Sylvain Viateur, qu'une grande partie des réalisations physiques ont pu voir le jour », explique l’ingénieure. « Aline a joué un rôle fondamental dans ce projet fédérateur, souligne Frédéric Plumet. À la fois en tant qu'encadrante des projets étudiants et en tant que réalisatrice de la plateforme.»
La nouvelle version de la table sera livrée à la rentrée prochaine dans le laboratoire de neurobiologie. Elle servira non seulement à soulager le quotidien de la technicienne, mais aussi à renforcer la fiabilité de l’expérimentation pour mieux comprendre les processus mnésiques chez la souris.
Si ce projet reflète l’engagement de Sorbonne Université pour accompagner et inclure les agents en situation de handicap, il a aussi permis de créer du lien entre les différents acteurs de l’université, de transmettre des compétences, de fédérer des équipes et de stimuler la créativité de tous.