Sorbonne Université, meilleure équipe française du concours iGEM
L’équipe iGEM Sorbonne Université fêtera prochainement sa réussite au concours international dédié à la biologie de synthèse qui s’est déroulé à Boston en novembre dernier.
« Avec une médaille d’or et des nominations dans quatre catégories1, nous avons été cette année la meilleure équipe française du concours iGEM2 », affirme l’un des trois superviseurs de l'équipe Marco Da Costa, enseignant-chercheur au laboratoire de Biologie du Développement de l'Institut de Biologie Paris-Seine (LBD-IBPS). Durant un an, seize étudiants de la faculté des Sciences et Ingénierie se sont investis dans cette compétition internationale dédiée à la biologie de synthèse.
Créé en 2003 par des étudiants du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le concours iGEM donne aux étudiants l'occasion de repousser les limites de la biologie de synthèse en s'attaquant à des problèmes environnementaux, médicaux, agroalimentaires, etc. Chaque année, près de 6 000 personnes consacrent leur été à concevoir un projet biotechnologique innovant qu’ils présentent ensuite lors du Jamboree annuel.
Lors de la grande finale à Boston en novembre dernier, l’équipe iGEM Sorbonne Université, composée majoritairement d’étudiants en master Biologie Moléculaire et Cellulaire (BMC), d’une étudiante Polytech et d’un étudiant en licence de mécanique, a défendu le projet Bioilogical Factory. Un projet écologique visant à développer une nouvelle méthode de production des principaux composants de l’huile de palme à partir d’une micro-algue verte : Chlamydomonas reinhardtii. « À long terme, nous voulions réussir à produire n’importe quel type d’huile avec cette algue pour répondre aux différentes demandes des industriels, précise l'un des membres de l’équipe iGEM. Nous souhaitions trouver une alternative à l'utilisation de l'huile de palme qui conduit à la déforestation et menace la biodiversité. »
Une aventure à la fois humaine et scientifique, comme le souligne Marco Da Costa qui encadre les étudiants de Sorbonne Université pour la quatrième année consécutive :« En 2016, quelques étudiants du master BMC ont eu vent de cette compétition. Ils ont créé l’association Abiosup pour recueillir des fonds et m'ont demandé d’être leur superviseur. Travaillant dans le domaine des biotechnologies et attiré depuis toujours par les innovations pédagogiques, j’ai tout de suite eu envie de m’investir dans cette expérience. »
Une compétition en mode projet
Avec Frédérique Péronnet et Pierre Crozet, ils ne sont désormais pas trop de trois biologistes pour aider les étudiants dans cette compétition qui demande un véritable investissement personnel. En seulement quelques mois, les candidats doivent mener un projet de recherche de A à Z, allant de la recherche de financements à la communication en passant par l’expérimentation en laboratoire et la mise en place d’actions de médiations scientifiques. L’occasion pour eux de développer de nombreuses compétences.
En parallèle des expériences permettant de démontrer la faisabilité de leur concept, les étudiants ont développé cette année un site internet ainsi qu’un jeu vidéo et une bande dessinée pour sensibiliser le grand public à la menace que fait peser la production d’huile de palme sur l’environnement et la biodiversité. Ils ont également effectué des travaux pratiques dans des écoles et des lycées, créé des animations pour la Fête de la science et organisé plusieurs séminaires autour de leur projet sur le campus de la faculté des Sciences et Ingénierie ; autant d’initiatives qui comptent dans l’évaluation de leur candidature.
Et pour faire face aux dépenses liées à la compétition (inscription au concours, achats des réactifs, frais de communication, séjour à Boston, etc.), l’équipe a dû chercher des sponsors et des financements. Elle a pu compter sur le soutien du FSDIE3, de l’UFR de biologie, du master de Biologie Moléculaire et Cellulaire, de la maison de la Chimie et du CROUS de Paris. L’équipe a également levé des fonds auprès des compagnies Promega et Ozyme et obtenu une aide importante des partenariats Labfolder, Snapgene, JoVE. « C'est beaucoup de pression pour les étudiants. Ils doivent être très réactifs pour répondre aux appels d'offre tout en continuant à suivre leur cursus universitaire et réaliser leur stage », souligne Marco Da Costa.
Le Giant jamboree à Boston
Un travail qui a payé, lors du Giant jamboree de Boston à la Toussaint. Un grand rassemblement où chacune des 350 équipes est venue présenter son projet devant un jury scientifique international. Pendant près d’une semaine, les étudiants ont vécu un véritable show à l’américaine rassemblant plusieurs milliers de personnes du monde entier. « La semaine à Boston est chargée de bons souvenirs : l’excitation du voyage, la motivation pour défendre notre projet devant des équipes et des juges venus des quatre coins du monde, le stress à l’approche des résultats, les balades dans la ville, les petits-déjeuners au Dunkin Donuts et les soirées passées avec les membres de l’équipe », sourient les membres de l'équipe.
Une expérience que les étudiants ne sont pas prêts d’oublier et qui pourra leur ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. Car quelques projets iGEM ont déjà donné naissance à des startups aux USA et nombre d'anciens iGEMers travaillent désormais dans des sociétés de biotech ou d'édition du génome.
Cette expérience m’a permis de découvrir la partie administrative et financière indispensable à tout projet scientifique, présenté des résultats à l’étranger, discuté avec d’autres scientifiques. Bref, j’ai pu appréhender le quotidien des chercheurs que nous ne voyons pas forcément au cours de nos études.
Cette finale, c’est aussi l’occasion pour les superviseurs de suivre l’équipe dans un autre cadre que celui des amphithéâtres et des laboratoires. « À Boston, nous avons vécu une semaine très intense. Il s’agissait de notre premier voyage à nous superviseurs. De nouveaux liens se créent. Alors quand l'aventure se termine, cela fait quelque chose de voir partir l’équipe que l’on a suivie pendant un an. Heureusement la relève est toujours assurée ! », se réjouit Marco Da Costa.
1 Best Environmental Project, Best New Basic Part, Best Synthetic Plant Biology , Best Education & Public Engagement.
2 l'iGEM, ou International Genetically Engineered Machine competition (Compétition internationale de machines génétiquement modifiées)
3 FSDIE : Fond de solidarité au développement des initiatives étudiantes