Sorbonne Université, l’une des meilleures équipes françaises du concours iGEM
Avec une médaille d’or, un grand prix et deux nominations parmi 356 équipes, cette année encore l’équipe iGEM de Sorbonne Université a été couronnée de succès dans la plus grande compétition étudiante de biologie synthétique internationale.
« Pour une première à Paris et après deux années en distanciel, c’est une très grande satisfaction et une belle réussite pour les membres de l’équipe et leurs superviseurs », déclare l’un des encadrants Marco Da Costa, enseignant-chercheur au laboratoire de biologie du développement de l'Institut de Biologie Paris-Seine. Durant un an, vingt étudiants et étudiantes de la faculté des Sciences et Ingénierie se sont investis dans cette compétition internationale dédiée à la biologie de synthèse.
Composée d’étudiants en master de biologie moléculaire et cellulaire (BMC), bio-informatique et modélisation (BIM), biologie intégrative et physiologie (BIP), management de l’innovation et d’une étudiante en licence sciences de la vie, l’équipe iGEM Sorbonne Université a défendu cette année le projet écologique NAWI. Ce dernier vise à modifier génétiquement une micro-algue afin de la rendre comestible dans le but de pallier les problèmes de carence en fer relativement répandus dans le monde. Il répond également à des enjeux de durabilité des systèmes agricoles et alimentaires liés à une surexploitation des ressources. Une aventure à la fois humaine et scientifique, comme le souligne Marco Da Costa qui encadre les étudiants depuis le début de l’aventure iGEM1 à Sorbonne Université : « En 2016, quelques étudiants ont eu vent de cette compétition. Ils ont créé l’association Abiosup pour recueillir des fonds et m'ont demandé d’être leur superviseur. Travaillant dans le domaine des biotechnologies et attiré depuis toujours par les innovations pédagogiques, j’ai tout de suite eu envie de m’investir dans cette expérience. »
Créé en 2003 par des étudiants du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le concours iGEM donne à la communauté étudiante l'occasion de repousser les limites de la biologie de synthèse en s'attaquant à des problèmes environnementaux, médicaux, agroalimentaires, etc. Chaque année, près de 7500 personnes consacrent leur été à concevoir un projet biotechnologique innovant qu’ils présentent ensuite lors du Jamboree annuel.
Une compétition en mode projet
Avec Marco Da Costa, Frédérique Péronnet, Pierre Crozet et Guillaume Garnier, ils ne sont désormais pas trop de trois biologistes et d’un doctorant en mathématiques pour aider les étudiantes et étudiants dans cette compétition qui demande un véritable investissement personnel. En seulement quelques mois, les candidats doivent mener un projet allant de la recherche de financements à la communication en passant par l’expérimentation en laboratoire et la mise en place d’actions de médiations scientifiques. L’occasion pour eux de développer de nombreuses compétences. En parallèle des expériences permettant de démontrer la faisabilité de leur concept, les étudiants ont développé cette année un site internet, une chaîne télé NAWI TV ainsi qu’une bande dessinée pour sensibiliser le grand public sur les réseaux sociaux. « Ils ont également effectué des travaux pratiques dans des écoles et des lycées, créé des animations pour la Fête de la science à la Cité des sciences et de l’industrie, organisé plusieurs séminaires autour de leur projet sur le campus de la faculté des Sciences et Ingénierie ainsi qu’un mini congrès avec des équipes iGEM françaises autour de la modélisation ; autant d’initiatives qui comptent dans l’évaluation de leur candidature », explique Marco Da Costa.
Et pour faire face aux dépenses liées à la compétition, l’équipe a dû chercher des sponsors et des financements. Elle a pu compter sur le soutien du FSDIE2, du laboratoire de biologie quantitative et computationnelle (LCQB) et de la CVEC3. « C'est beaucoup de pression pour les étudiants. Ils doivent être très réactifs pour répondre aux appels d'offre tout en continuant à suivre leur cursus universitaire et réaliser leur stage », souligne l’encadrant.
Le Giant jamboree à Paris
Un travail qui a payé, lors du Giant Jamboree de Paris à la Toussaint. Un grand rassemblement où chacune des 356 équipes est venue présenter son projet devant un jury scientifique international. Pendant 3 jours, les étudiants ont vécu un véritable show à l’américaine rassemblant plusieurs milliers de personnes du monde entier. « Ces trois jours à Paris Expo Porte de Versailles ont marqué la fin de cette magnifique aventure qui est l’une des expériences les plus enrichissantes de notre cursus, indique Elio El Ghoul, étudiant en bio-informatique et modélisation et président d’iGEM Sorbonne Université. Notre détermination et notre fort esprit d’équipe ont payé auprès du public et du jury puisque nous sommes revenus avec une médaille d’or, un grand prix et deux nominations. »
Une expérience que les étudiants ne sont pas prêts d’oublier et qui pourra leur ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. « Ce concours représente pour nous une première approche de la recherche et de la création de projet. C’est aussi un moyen de développer de nouvelles solutions qui répondent aux enjeux de demain à travers la biologie synthétique. » souligne Elio El Ghoul. Quelques projets iGEM ont déjà donné naissance à des startups aux États-Unis et nombre d'anciens iGEMers travaillent désormais dans des sociétés de biotech ou d'édition du génome.
1 iGEM ou International Genetically Engineered Machine competition (Compétition internationale de machines génétiquement modifiées)
2 FSDIE : Fond de solidarité au développement des initiatives étudiantes
3 CVEC : contribution vie étudiante et de campus