Numériser les archives de la Comédie-Française
À la croisée entre humanités numériques et histoire du théâtre, le projet des registres de la Comédie-Française a pour ambition de préserver le patrimoine exceptionnel dont dispose la maison de Molière depuis plus de 300 ans.
Depuis la fondation de la Comédie-Française en 1680, les membres de la troupe ont conservé une trace quotidienne de leurs représentations en tenant des registres manuscrits comptables et administratifs. Sur chacun des bordereaux journaliers sont inscrits les dates, les recettes, les comptes-rendus des comités, les pièces jouées au sein du théâtre et la manière dont elles ont été mises en scène, le nombre et les places des spectateurs, les activités quotidiennes des acteurs, etc.
Lancé en 2008, le programme international « Registres de la Comédie-Française » (RCF) mené en partenariat avec les universités de Harvard, Victoria, Nanterre et Rouen a permis de créer une base de données qui recense les archives du XVIIe au XIXe siècles, ainsi qu’un corpus de critique théâtrale relatif à la programmation de la Comédie-Française. Le développement de ce programme s’est effectué en plusieurs phases au cours desquelles les différents corpus ont été transcrits numériquement et intégré à des bases de données.
Dans le cadre de ce projet de recherche, Agathe Giraud et Virginie Yvernault, en collaboration avec d’autres chercheurs et les ingénieurs de l’OBTIC « Observatoire des textes, des idées et des corpus » de Sorbonne Université, ont développé, depuis 2019, la base de données qui recense spécifiquement les informations concernant les pièces représentées à la Comédie-Française au XIXe siècle (les données des XVIIe et XVIIIe siècles étant déjà accessibles).
Mis à la disposition du grand public, ce portail numérique facilite les découvertes scientifiques, et favorise les initiatives artistiques comme les journées particulières – lecture-spectacle de pièces aujourd'hui oubliées. Pour les spécialistes, ce fond patrimonial est essentiel pour l'étude du spectacle vivant et de sa réception.
Crédits photo : RCF