« Notre offre pédagogique sur l’Antiquité n’a d’équivalent nulle part ailleurs »
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"Notre offre pédagogique sur l’Antiquité n’a d’équivalent nulle part ailleurs"

Alessandro Garcea, professeur de littérature latine et histoire des textes, est à la tête de l’initiative des Sciences de l’Antiquité.

Alessandro Garcea

Son ambition : fédérer les forces de l'Alliance Sorbonne Université qui reposent, dans ce domaine, sur l'expérience de terrain des missions archéologiques et la formation en langues et cultures antiques. 

L'Initiative expliquée en 2'40

Rencontre Avec Alessandro Garcea

Dans quel contexte s’est constituée l’Initiative Sciences de l’Antiquité ?

Alessandro Garcea : Nous bénéficions, à Sorbonne Université, d’une richesse extraordinaire en termes de formations et de recherches liées aux sciences de l’Antiquité. Mais l’éclatement géographique et disciplinaire de ces activités nuit à leur visibilité. En 2016, un appel à projet d'université de recherche nous a amenés à réfléchir à un projet de formation pluridisciplinaire impliquant l’ensemble des acteurs et actrices de la faculté des Lettres. 

Ce travail a servi de fondement à notre Initiative qui regroupe aujourd’hui trois écoles doctorales, cinq unités de recherche et les unités de recherche et de formation d’Histoire, histoire de l'art et archéologie, grec, latin et philosophie. Notre ambition est aujourd’hui d’ouvrir cette initiative à l’ensemble des trois facultés de Sorbonne Université.

Quels sont ses objectifs ? 

A. G. : L’objectif est triple. Il s’agit, d’une part, de fédérer les forces de Sorbonne Université qui se consacrent à l’étude de l’Antiquité autour d’un dialogue des savoirs et des disciplines en intra et inter-facultaire. Nous souhaitons créer une communauté intellectuelle en établissant des passerelles entre les unités de recherche, les écoles doctorales et les unités de formation et de recherche.

D’autre part, nous voulons, à travers l’Initiative, décloisonner les formations traditionnelles et promouvoir une offre pédagogique en lien avec l’Antiquité qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Une meilleure visibilité de l’offre de formation existante et un élargissement de celle-ci constitueront une vitrine de l’ensemble de nos activités scientifiques. 

Enfin, nous avons pour ambition de développer des projets de recherche en phase avec une vision élargie de l'Antiquité en obtenant des financements pour des projets de formation ou de recherche, des invitations de collègues étrangers, des contrats doctoraux et post doctoraux, ainsi que des formes nouvelles de publication.

Quels sont ses enjeux en termes de recherche ? 

A. G. : Étudier les sciences de l'Antiquité aujourd’hui nécessite d’avoir une perspective transdisciplinaire. L’Histoire, la littérature, l’histoire de l’art, l’archéologie et la philosophie font toutes partie de l’étude de l’Antiquité. La façon dont se pratique la recherche dans ce domaine implique donc d’avoir des notions dans ces différentes disciplines ainsi qu’en épigraphie, en papyrologie, en paléographie, en numismatique, des sciences souvent considérées comme auxiliaires et ignorées des non spécialistes. 

Seule une approche inclusive est en mesure de montrer à l’ensemble de notre population étudiante, et plus généralement à notre société contemporaine, ce que nous pouvons encore apprendre de l’Antiquité.

Quels sont ses enjeux en termes de formation ?

A. G. : Notre ambition est de donner aux étudiants et étudiantes la possibilité de suivre un parcours qui corresponde à leurs centres d’intérêt et aux besoins actuels en matière de recherche et de préservation des savoirs et du patrimoine, immatériel et matériel.

Pour cela, nous souhaitons créer un diplôme universitaire en science de l'Antiquité. Cette formation innovante viendrait compléter la formation initiale des étudiantes et étudiants de l’Alliance Sorbonne Université qui souhaitent approfondir ce domaine à travers un ensemble de cours : initiation aux humanités numériques, aux sciences modernes appliquées à l’archéologie ainsi qu’aux études des documents anciens. Elle leur assurerait un socle solide de connaissances en langues anciennes, en Histoire, lettres, philosophie et histoire de l’art. 

Ce diplôme universitaire pourrait également être ouvert en formation continue à des conservateurs de musées, des responsables de bibliothèques ou à toute personne qui souhaite approfondir des connaissances sur l'Antiquité. 

Nous avons également mis en place, dans le cadre de l’Initiative, l’École des langues anciennes de Sorbonne Université (Elasu) qui propose des enseignements en langues de l’Orient ancien et de l’Antiquité. Elasu s’inscrit dans la perspective du multilinguisme, essentielle pour comprendre l’évolution des langues, les pratiques d’apprentissage et de traduction, les processus de communication interculturelle, etc. 

La pluridisciplinarité est au cœur des initiatives. Comment se traduit-elle pour vous ? 

A. G. : L'imbrication entre sciences humaines, sciences dures et médecine est de plus en plus d'actualité. Nous redécouvrons, par exemple, aujourd’hui des textes antiques de Galien sur le lien entre le langage et certains états pathologiques. Ces écrits éclairent des réflexions qui ont toujours cours aujourd’hui.  

C’est pourquoi nous avons choisi de financer, dans le cadre de l’Initiative, plusieurs projets interdisciplinaires. L’un d’eux porte sur l’histoire des traditions biomédicales et le lien entre la physiologie médicale et la philosophie : ce projet, développé en partenariat avec l'Initiative Humanités biomédicales, fait collaborer des philosophes de l'Antiquité, des hellénistes, spécialistes de la médecine grecque, et des collègues de la faculté de Médecine.

Nous finançons également un projet intitulé « Palingenesis » qui utilise les nouveaux outils d’analyse multi-spectrale développée à la faculté des Sciences et Ingénierie pour faire réapparaître des textes effacés sur des parchemins grecs et latins. 

Grâce à cette approche pluridisciplinaire, nous couvrons un large spectre de sujets et nous incitons les collègues qui le souhaitent à nous faire part de leurs propositions de projets de recherche et de formation.

Quel impact l’Initiative peut-elle avoir sur la société ? 

A. G. : La connaissance des œuvres de l’Antiquité qui sont parvenues jusqu’à nous et des peuples qui les ont créées implique de prendre en compte une série de savoirs qui se sont développés pendant ces dernières décennies, jusqu’à devenir des disciplines à part entière. Transmettre ces savoirs et préserver ce patrimoine, immatériel et matériel, est essentiel pour notre mémoire culturelle. 

Mieux connaître le monde antique permet aussi d’éclairer notre civilisation actuelle. Prendre conscience de la diversité des langues, des cultures, des religions qui avaient cours chez les Anciens, de la pluralité des identités dans l’Histoire, donne à réfléchir sur la vision que nous avons aujourd’hui des espaces et des peuples. Cette connaissance participe donc de la formation à l’esprit critique. 
 

Témoignage de Marilena Polosa, doctorante