Musealia - Alceste ou Le triomphe d'Alcide, de Jean-Baptiste Lully (1674)
Tous les mois, Sorbonne Université fait découvrir à sa communauté et au grand public un objet issu de ses collections patrimoniales.
Ce mois-ci, découvrez les partitions manuscrites d’Alceste ou Le triomphe d’Alcide de Jean-Baptiste Lully (1674), conservées actuellement à la bibliothèque Clignancourt.
Le cycle Musealia est piloté par la Bibliothèque de Sorbonne Université, et notamment par son Pôle Patrimoine.
Alceste ou Le triomphe d'Alcide de Jean-Baptiste Lully (1674)
La bibliothèque Clignancourt, héritière des fonds de la bibliothèque de l’Institut de musicologie qui s’était installé rue Michelet après la Première Guerre mondiale, est riche de plusieurs legs de documents importants pour la musicologie, dont ceux de Paul-Marie Masson, premier directeur de l’Institut. Dans ces fonds se trouvent quelques pépites patrimoniales dont deux partitions manuscrites de la tragédie lyrique Alceste ou Le triomphe d’Alcide de Lully, créée par Lully en 1674 d’après un livret de Philippe Quinault inspiré de l’Alcestis d’Euripide.
Raphaëlle Legrand, professeure de musicologie à Sorbonne Université et membre de l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus, UMR 8223), en souligne l’importance historique :
« Il s’agit de manuscrits de copistes, mais ils sont néanmoins extrêmement précieux. En effet, Lully n’a laissé aucun manuscrit autographe de ses opéras. Il avait l’habitude de dicter ses œuvres, au fur et à mesure de la composition, à des secrétaires. Par ailleurs, l’opéra d’Alceste est une de premières œuvres lyriques de Lully, et dans cette phase initiale de création de l’opéra en France, les œuvres lyriques n’étaient pas publiées. La publication [imprimée] d’Alceste est en effet posthume et peu utile pour une édition critique. Ainsi, ce sont des copies manuscrites de ce type qui livrent les versions les plus anciennes des premiers opéras de Lully. Réalisées dans des ateliers proches du compositeur et probablement établies à partir du matériel d’orchestre de l’Opéra (aujourd’hui disparu), elles sont assez nombreuses mais présentent des variantes qu’il s’agit de confronter pour établir une édition critique. »
Redécouvertes en 2015 par Herbert Schneider, spécialiste de Lully ayant publié en 1981 le catalogue de l’œuvre de ce compositeur, et Jérôme de la Gorce, qui co-dirige avec lui une édition monumentale de ses œuvres complètes, les partitions manuscrites attirent leur attention… et conduisent à la parution en 2018 (chez Georg Olms Verlag) d’une nouvelle édition critique de la partition d’orchestre d’Alceste, établie par Herbert Schneider d’après les versions conservées à Clignancourt ! Les exemplaires conservés à la BSU, remarquables par leur complétude, ont été numérisés dans le cadre d’un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, et sont librement consultables sur Gallica.
Par Édith Faure, responsable adjointe et responsable des collections de la bibliothèque Clignancourt (BSU).
Fiche technique
- Dénomination : Alceste ou Le triomphe d’Alcide de Jean-Baptiste Lully
- Type de document : partitions manuscrites, copiste(s) non identifié(s)
- Numéro d'inventaire / cote : Res F7. 253 ; Res F7. 254
- Description : 136 f. ; 25 x 38 cm
- Date : 1674
- Lieu de conservation : Bibliothèque Clignancourt
Bibliographie
- Jean-Baptiste LULLY, Alceste, Paris : 1674
- Charles PERRAULT, Critique de l'opéra, ou Examen de la tragédie intitulée Alceste, ou le Triomphe d'Alcide, Paris, 1674
- Un exemple de rondeau : guide d'écoute interactif - Alceste (Rondeau pour la gloire) de Jean-Baptiste Lully, Philharmonie de Paris