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Mission Bougainville : scientifiques et militaires s’engagent pour la biodiversité marine

Pour préserver l’océan, il faut connaître le peuple qui l’anime. Un peuple composé de dizaines de milliards de microorganismes appelé le microbiome océanique. Sans lui, pas d’oxygène et pas de vie sur Terre ! Pour mieux comprendre ce peuple invisible et son adaptation face au changement climatique, l’Institut de l’Océan de l’Alliance Sorbonne Université et la Marine nationale se joignent au programme international Plankton Planet* dans une mission d'observation scientifique unique au monde : la Mission Bougainville. Explications.

Le microbiome océanique : l’univers invisible des océans

Dans chaque litre d’eau de mer à l’échelle planétaire vit un peuple de microorganismes. Virus, bactéries, protistes, animaux… Ils sont entre 10 et 100 milliards et forment le plus grand réseau de vivants planétaires : le microbiome océanique, aussi appelé plancton. 
D’une taille microscopique (moins d’1 mm) et invisible à nos yeux, le microbiome océanique est encore mal connu, alors qu’il contient la majeure partie de la biodiversité marine et régule l’écologie de notre planète. Ce plancton flotte au gré des courants depuis quatre milliards d'années, soit bien avant l’arrivée sur Terre des plantes, des animaux… et des humains ! C’est en partie grâce à lui que la planète est habitable. Ces organismes jouent donc un rôle majeur dans son équilibre si délicat. 

Un consortium inédit pour étudier le plancton 

En 2015, des chercheuses et chercheurs de la station biologique de Roscoff (Sorbonne Université/CNRS), de l’université américaine de Stanford et du Maine, associés avec des marins de la Fondation Tara Océan, créent Plankton Planet.  Ce programme d'envergure internationale vise à mobiliser la curiosité et la créativité des citoyens des mers (seatizen), et des ingénieurs et scientifiques en écologie, afin de mettre en œuvre une nouvelle génération d’instruments de mesure du plancton. 
En 2021, c’est au tour de l’Institut de l’Océan de l’Alliance Sorbonne Université et de la Marine nationale de se rallier à ce programme.  La Mission Bougainville est née. 
Cette mission, tirée du nom d’un grand explorateur français Louis-Antoine de Bougainville (lire encadré), est l’occasion unique pour profiter du rayonnement de la flotte française et de sa présence dans des zones océaniques lointaines et peu fréquentées.  

Des capteurs « frugaux » montent à bord de navire de la Marine

Ces tout nouveaux outils de mesure simples à utiliser, peu coûteux et open source, créés par Plankton Planet, se hisseront à bord de navires de la Marine nationale. Ils permettront de mesurer les microorganismes marins : 

  • Dans les océans Austral, Indien et Pacifique, 
  • Dans de nombreuses zones  situées en-dehors des grandes routes maritimes où peu de bateaux ont d'habitude accès pour des raisons de sécurité. 

A long terme, l’objectif est de déployer ces capteurs sur de nombreux voiliers, bateaux de commerce, de transport ou de pêche pour que chaque seatizen du monde prenne part à cette démarche éco-citoyenne du microbiome océanique.  

Wanted : étudiants et étudiantes motivées à partir en mer !

La Mission Bougainville souhaite impliquer la communauté étudiante de Sorbonne Université. En ce sens, elle lance un appel à candidatures à destination de ses étudiantes et étudiants en master. 
En septembre 2023, quatre d’entre eux se mueront en officiers de la biodiversité, sous le statut militaire volontaire officier aspirant (VOA). Ils embarqueront pendant un an sur l’un des trois Bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) de la Marine nationale et sillonneront les 11 millions de km2 de la France océanique pour récolter des données biologiques sur le microbiome. 
Ces données, accessibles ensuite aux scientifiques du monde entier, permettront de surveiller la santé des écosystèmes marins et leur évolution face au réchauffement climatique.


Une mission, trois objectifs

  1. Récolter des données dans des zones lointaines rarement échantillonnées, sur des séries spatio-temporelles longues, pluriannuelles, et sur les parcours des bâtiments de soutien et d’assistance de la Marine localisés dans les territoires d’outre-mer
  2. Contribuer à la fiabilisation et la normalisation des capteurs et bases de données, et à la mise en place d’une démarche de production pour des applications universelles à large échelle
  3. Sensibiliser et engager les étudiants et étudiantes de Sorbonne Université et les marins de la Marine nationale dans une démarche éco-citoyenne planétaire de mesure et protection des océans.

* Sorbonne Université, CNRS, MIT, Stanford University, University of Maine, University of Auckland, Fondation Tara Océan, Association Plankton Planet

Qui est Louis-Antoine de Bougainville ?

Le comte Louis-Antoine de Bougainville était un officier de marine, explorateur et écrivain français. Entre 1766 et 1769, il a mené le premier tour du monde officiel français en conviant pour son vaste projet des officiers, des équipages expérimentés et deux scientifiques. 
De retour sur la terre ferme, il publie un ouvrage sur son périple Voyage autour du monde par la frégate La Boudeuse et la flûte L’Étoile qui servira de références à de nombreux autres navigateurs.