L’EHNE devient la plateforme numérique de référence pour les enseignants d’histoire
L'Éducation nationale fait de l'encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe (EHNE) le partenaire officiel des cours d'histoire en ligne pour les enseignants.
Décryptage avec l’historien Olivier Dard, directeur de l’EHNE, et Matthieu Lahaye, inspecteur général en histoire.
Quels sont les enjeux et les objectifs de l’EHNE ?
Olivier Dard : Portée par Sorbonne Université, l'EHNE est une encyclopédie d'histoire numérique bilingue (français/anglais) qui s'adresse aux chercheurs, aux étudiants, aux enseignants et à tous les lecteurs intéressés par l'histoire. Elle compte aujourd'hui près de 700 articles en accès libre, écrits par des universitaires.
Avec l’EHNE, nous avons fait le pari de la science ouverte. Nous avons estimé qu’en adoptant un format court et accessible pour les lecteurs, l'histoire universitaire pouvait intéresser, avec sa rigueur scientifique et ses nuances, un public plus large que le cercle des chercheurs. Un pari gagnant, puisque depuis six ans, nous avons multiplié nos audiences et comptons aujourd’hui 4000 visiteurs quotidiens sur notre site.
Quelles sont les ressources développées par l’EHNE et comment les diffusez-vous ?
Olivier Dard : L’EHNE s’appuie sur un travail éditorial rigoureux pour rendre les textes universitaires accessibles et proposer une interface fluide et attractive pour les lecteurs.
Afin de toucher des publics différents, nous varions nos supports (articles, commentaires d'archives, vidéos, photographies). Nous investissons les réseaux sociaux et proposons nos contenus à plusieurs médias. Avec le laboratoire d’informatique de Sorbonne Université (LIP6), nous construisons également un projet innovant et transdisciplinaire entre intelligence artificielle (IA) et histoire grâce auquel nous avons déjà testé des algorithmes sur un fonds photographique ancien numérisé.
Nous avons pu nous appuyer sur l'image de Sorbonne Université et son rayonnement international pour diffuser notre contenu auprès d’un lectorat situé pour moitié à l’étranger et 15 % aux USA.
Vous vous associez à l’Education nationale pour devenir la plateforme numérique de référence en histoire pour les enseignants. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Olivier Dard : Les 46 000 enseignants d'histoire en France constituent, depuis le début, un lectorat très attentif et nous sollicitent régulièrement sur certains points du programme scolaire. C’est pourquoi, en 2019, nous avons décidé de créer un manuel d'histoire numérique reprenant les articles de l'encyclopédie et d’en publier d’autres spécialement pour le programme. Cela s'est traduit très nettement dans les audiences.
La proposition par l'Education nationale de nous associer à Eduscol (site professionnel de l’Éducation nationale) est pour nous un aboutissement du travail accompli. Il constitue une opportunité extraordinaire de développement pour l'EHNE et un véritable atout pour le rayonnement de Sorbonne Université.
La convention de partenariat qui vient d’être signée entre Sorbonne Université et l'Education nationale permet à l'EHNE de devenir le site de référence en histoire universitaire dans les années à venir. Nous espérons que les moyens nécessaires seront disponibles pour poursuivre cette formidable entreprise qui renoue avec le cycle des grandes encyclopédies.
Qu’est-ce qui a séduit l’Education nationale dans ce projet ?
Matthieu Lahaye : Nous étions à la recherche d'une grande institution comme Sorbonne Université pour développer ce type de partenariat en histoire, qui existe déjà dans d’autres disciplines comme la géographie. Notre intérêt s’est rapidement tourné vers l’EHNE pour plusieurs raisons : d’abord parce que l’idée de renouer, au XXIe siècle, avec l’esprit encyclopédique qui est au fondement de la culture des Lumières et de notre culture européenne, est un projet qui, à nos yeux, est porteur de sens. Ensuite, parce que nous souhaitions mettre à la disposition des professeurs d’histoire des éclairages sur les différents points du programme au plus près de la recherche historique actuelle.
L’autre atout majeur de l’EHNE, c’est le professionnalisme avec lequel les éditeurs, les développeurs, les rédacteurs, les universitaires ont su produire et diffuser leur savoir à travers un site très bien construit. Enfin, les choses se sont faites d'autant plus facilement que l’EHNE avait déjà commencé à établir des ponts avec les professeurs du secondaire en créant notamment des notices sur les nouveaux programmes de lycée.
Comment ce partenariat va-t-il se traduire concrètement ?
Matthieu Lahaye : Ce qui nous rassemble, c’est le rôle essentiel que les universitaires doivent jouer dans la formation continue des professeurs. Avec la mise en ligne des nouvelles pages dédiées à l’enseignement de l’histoire à partir de cet été, l’EHNE sera constitué de deux volets : l’Encyclopédie en elle-même qui continuera à se développer et l’élaboration de contenus pédagogiques à proprement parler en lien avec l’encyclopédie. Nous allons ainsi mettre en ligne des dossiers documentaires qui apporteront à la fois un cadrage sur les différents points du programme mais aussi des analyses de documents, particulièrement des commentaires de textes originaux, pour aider les professeurs à enseigner l’histoire au plus près des sources et ainsi familiariser les élèves avec la méthode critique de l’historien.
Le groupe histoire-géographie de l’inspection générale se réjouit de ce partenariat qui va permettre d’offrir un site de référence aux étudiants, aux inspecteurs, aux professeurs d'histoire, à leurs élèves, particulièrement ceux qui suivent l’enseignement de spécialité au lycée et plus largement à tous les passionnés de notre discipline.
Olivier Dard : J’espère que ce partenariat durera de très longues années, cela permettra à l’EHNE de devenir l’encyclopédie d’histoire de référence en ligne et un modèle de science ouverte porté par Sorbonne Université.