Le fablab, un lieu de création et d'innovation

Pouvez-vous nous présenter le fablab, son histoire et ses nouveaux locaux ?

Stéphane Muller : Le fablab est né en 2014, d'une idée folle de 2 enseignants-chercheurs, Christian Simon et Vincent Dupuis, qui voulaient créer un endroit où les étudiants pourraient enfin développer toutes leurs idées. Innover, expérimenter, toucher, fabriquer, prototyper, tout cela au sein de l'université. En 2016, Christophe Bailly s’est joint au projet et a ajouté au fablab un espace dédié à la biologie : le greenlab.  

Ce qui a commencé avec seulement quelques imprimantes 3D et une découpeuse laser dans une salle de 70m2, s'est transformé en un espace de 700m2 dédié au prototypage et un espace de 120m2 consacré à la biologie et la chimie.

Qu’y trouve-t-on et quels services sont proposés ?

S. M. : Le fablab est un important parc machines en accès libre pour prototyper et fabriquer presque tout et n'importe quoi ! Dans l'espace prototypage, vous trouverez plusieurs salles sur différentes thématiques : impression 3D, découpe, électronique et menuiserie. Quant à l'espace biologie-chimie, il propose tout le matériel nécessaire pour faire de la biologie végétale et de la chimie, notamment du moulage (silicone, epoxy, polyuréthane...).

Mais le fablab est avant tout un lieu d'échange où se côtoient la communauté étudiante issue de toutes les filières et la communauté des enseignants-chercheurs. On partage ses connaissances, on s'entraide, on expérimente et surtout on apprend en faisant par soi-même.

Composée de trois directeurs, une responsable administrative, une gestionnaire, une chargée d'accueil et de communication, cinq fabmanagers et une cinquantaine d'emploi étudiants, l'équipe du fablab accompagne les utilisateurs et utilisatrices sur leurs projets. Dans le cadre d'une prestation, elle peut également les aider concevoir ou réaliser un prototype pour un laboratoire.

Nous organisons également des formations, des ateliers ouverts à toute la communauté universitaire ou encore des événements comme des « repair cafés » ou des hackathons.

Quels publics peuvent y accéder ?

S. M. : Le fablab est ouvert à l'ensemble de la communauté de Sorbonne Université - étudiants, enseignants, chercheurs, personnels techniques et administratifs...

Nous accueillons aussi des entreprises, des startups et des associations.

Quelles disciplines peuvent-être intéressées ?

S. M. : Toutes les disciplines sont les bienvenues et peuvent potentiellement être intéressées. Le champ des possibles est vaste. Les disciplines scientifiques et techniques sont particulièrement bien représentées bien sûr, mais artistes, étudiants en design, en médecine ou en lettres peuvent également y trouver des projets intéressants à réaliser.

Le fablab est un outil qu'il est possible d'utiliser de beaucoup de manières différentes. Nous avons, par exemple, imprimé le cœur d'une patiente en résine flexible pour des chirurgiens. Un artiste a réalisé des gravures de courbes mathématiques. Des géologues ont reproduit un relief en 3D sur du bois. Des étudiants de l'INSPE ont créé des objets en lien avec la poésie... la seule limite, c'est l'imagination !

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets portés par le fablab ?

S. M. : Citons par exemple le projet de sciences participatives Air Citizen, dont le but est de permettre aux citoyens de mesurer de manière active la qualité de leur environnement proche et en particulier l'air qui les entoure. Il y a également le projet de sciences participatives Open Radiation, qui est une plateforme permettant à toutes et tous de faire remonter des mesures de radioactivité via un compteur Geiger open source.

Le fablab propose également des formations, n’est-ce pas ?

S. M. : Tout à fait, en plus d'ateliers pour se former aux bases de certaines techniques (impression et modélisation 3D, électronique avec Arduino...), le fablab propose la formation de la Fab Academy.

Il s'agit d'une formation qui a lieu en simultané dans des centaines de fablabs à travers le monde. Chapeautée par Neil Gershenfeld, professeur au MIT et inventeur du concept de fablab, elle se déroule tous les ans entre janvier et juin et permet d'apprendre l'ensemble des techniques de prototypage utilisées au fablab. Chaque semaine les étudiantes et étudiants doivent réaliser et documenter un projet différent : scanner un objet, réaliser un moule, fabriquer un meuble, faire un circuit électronique puis le programmer...

La formation s'achève par la présentation d'un projet final utilisant un maximum de techniques apprises au cours des cinq mois.

Quel est votre parcours et quel rôle avez-vous en tant que fablab manager ?

S. M. : J'ai eu la chance d'étudier et de travailler dans plusieurs domaines. J'ai commencé par les télécommunications et les réseaux informatiques, puis j'ai fait de la traduction technique et de l'ingénierie pédagogique multimédia avant de finalement devenir fabmanager.

En tant que fabmanager, mon rôle est d'accompagner les utilisateurs sur leurs projets en les aiguillant dans leur démarche ou en leur apprenant à utiliser les machines. Je réalise des prestations pour plusieurs laboratoires en fabriquant pour eux certaines pièces. Je m'occupe de la maintenance des machines et de la gestion du stock. Je suis également instructeur de la Fab Academy.

Les technologies que nous utilisons au fablab sont en perpétuelle évolution, il faut donc aussi faire une veille et continuer à se former sur les nouvelles techniques, les nouveaux logiciels et les nouvelles machines qui sortent.