L'alimentation, notre première médecine
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L’alimentation, notre première médecine

Martine Glorian et Khadija El Hadri, enseignantes-chercheures à l’institut de biologie Paris-Seine*, nous aident à mieux comprendre le lien entre alimentation et santé et à identifier les comportements alimentaires qui nuisent à notre équilibre.

Notre capital santé dépend de notre alimentation

Nous puisons dans l’alimentation les briques élémentaires qui nous constituent et nous donnent de l’énergie. Au-delà de ces rôles structural et énergétique, il y a donc dans notre alimentation des facteurs de risque et de prévention des maladies chroniques (diabète cancer, maladies cardiovasculaires…).

Au cours de sa vie, un homme assimilera en moyenne 30 000 tonnes d’aliments et 50 000 litres de boissons dont la qualité et la quantité vont fortement influencer son « espérance de vie en bonne santé », un paramètre que l’Organisation Mondiale de la Santé mesure régulièrement dans chaque pays. Il existe aujourd’hui des certitudes sur les liens de causalité entre le déséquilibre alimentaire, le manque d’activité physique et des maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, obésité…).

Des recommandations scientifiquement prouvées

En 1958, le scientifique américain Ancel Keys réalise la première étude suggérant que les graisses saturées en excès (graisses solides à température ambiante) sont délétères pour la santé. Cette étude pionnière, dite des 7 pays, a analysé les causes de décès de plus de 12 000 hommes à travers 7 pays et a comparé ces décès aux habitudes alimentaires.

Depuis, de nombreuses études de ce type ont été menées dans différentes populations, ainsi que des recherches expérimentales sur les mécanismes d’action au niveau cellulaire et moléculaire. Grâce à elles, les scientifiques ont pu identifier, avec certitude, les facteurs qui augmentent ou diminuent le risque de contracter des maladies responsables de mort précoce comme le cancer et les maladies cardiovasculaires.

Les politiques se sont appuyées sur ces certitudes pour mettre en place des programmes de santé publique, comme le plan national nutrition santé (PNNS) et faire des recommandations que nous connaissons tous : pratiquer une activité physique régulière, proscrire le tabac et avoir une alimentation saine. Mais que signifie une alimentation saine ? Il s’agit, selon les recommandations, de :

  • diminuer la consommation de sodas et de sucreries,
  • diminuer la consommation d’alcool,
  • diminuer la consommation de viandes grasses (viande rouge surtout transformée grillée, fumée ou salée -, agneau, porc…), de charcuterie, de sel, de beurre, de fromages, de crème et dérivés (pâtisseries, glaces…) entre autres pour leur richesse en graisses saturées
  • éviter les aliments transformés. Il existe de fortes suspicions concernant le lien entre les additifs, les colorants artificiels, etc. et le cancer
  • favoriser la consommation de féculents, légumineuses, céréales, pain, huile d’olive/colza, poisson, viandes blanches, fruits et légumes. Les fibres permettent de nourrir les bonnes bactéries situées dans le microbiote intestinal et préviennent le cancer colorectal

Dans une étude récente, des chercheurs ont suivi, pendant 18 ans, 1000 sujets âgés de 35 à 64 ans, sur le plan médical et l’hygiène de vie. Ils ont constaté l’existence d’un lien de cause à effet entre des décès précoces, notamment dus à des maladies cardiovasculaires, et le fait de ne pas suivre ces recommandations préventives. 

Changer ses habitudes en douceur

Il n’est jamais trop tard pour commencer à appliquer ces recommandations. Rien ne sert de bouleverser complètement ses habitudes, manger doit rester un plaisir et un moment de partage. Il convient surtout d’enrichir chaque jour nos repas avec les bons aliments et de diminuer les mauvais, sans pour autant complètement les bannir. Par exemple, les graisses saturées permettent, entre autres, la synthèse de cholestérol qui est indispensable à la synthèse de nombreuses hormones. C’est en excès que ces graisses (et donc le cholestérol) sont délétères pour notre santé. Des compléments alimentaires hautement dosés en vitamines sont également fortement déconseillés (sauf sur avis médical, notamment en cas de carence) car certains se sont avérés promouvoir le cancer.

Pour les pannes d’inspiration de recettes et/ou le désir d’en savoir plus, le site du PNNS est un bon guide. Le Nutri-Score permet également, grâce à une lettre et à une couleur, d’informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle d’un produit.


* IBPS - Sorbonne Université/CNRS/Inserm