À la découverte de la Collection de minéraux
Sorbonne Université abrite l'une des plus anciennes collections de minéraux en France.
Gérée par l'Institut de minéralogie physique des matériaux et cosmochimie (IMPMC) jusqu’en 2022, la Collection de minéraux relève désormais du pôle Collections scientifiques et patrimoine de la bibliothèque Sorbonne Université. Céline Paletta, responsable de la collection, et Paola Giura, présidente du conseil scientifique et responsable recherche et enseignement, nous ouvrent les portes de ce joyau universitaire.
Les premiers indices de sa création remontent à 1823, lorsque François Sulpice Beudant, titulaire de la chaire de Minéralogie de la faculté des Sciences, fait l’acquisition de 1146 échantillons et publie son catalogue méthodique des minéraux. La collection s’est enrichie, par la suite de nombreux achats, dons et dépôts « jusqu’à son transfert en 1970 sur le campus Pierre et Marie Curie. Jean Wyart, alors responsable du Laboratoire de Minéralogie de la Sorbonne et Pierre Bariand, responsable de la collection, mettent en œuvre son ouverture au public » retrace Céline Paletta.
Avec près de 16000 échantillons et une centaine d’instruments de mesure et objets pédagogiques, la collection offre aujourd’hui une diversité exceptionnelle.
« Seuls 1500 minéraux sont exposés, représentant environ 1000 espèces parmi plus de 5500 connues, explique Paola Giura. Chaque année de nouvelles espèces sont découvertes ». L’exposition met en avant des pièces originales, privilégiant les formes cristallines remarquables que la scénographie des années 70, avec ses vitrines panoramiques, permet d’admirer sous tous les angles. « Nous avons par exemple trois des sept plus grosses cumengéites découvertes dans le monde. Ce sont de petites étoiles bleues exceptionnelles provenant exclusivement de la mine du Boléo au Mexique », ajoute Céline Paletta.
Un terrain de recherche dynamique
À Paris, la Collection de minéraux de Sorbonne Université, aux côtés de celles du Muséum national d’Histoire naturelle et de l'Ecole des mines, comptent parmi les plus riches du monde, chacune avec sa spécificité. La collection de Sorbonne Université se distingue par son engagement en faveur de la recherche et de l'enseignement. « Nous répondons notamment aux demandes d’échantillons de chercheurs issus de diverses disciplines : géologues, physiciens, chimistes, médecins, etc., explique Paola Giura. Nous contribuons ainsi modestement à des recherches sur la contamination des sols urbains, la lutte contre la sarcoïdose ou la silicose, etc. Nous avons même fourni des échantillons pour une mission sur Mars ! » Plus surprenant encore, certains minéraux ont servi à l'analyse des vitraux de Notre-Dame de Paris, soulignant l'engagement de la collection envers la recherche interdisciplinaire.
« Nous proposons des stages à tous les niveaux et dans des domaines d'étude variés, allant de la gemmologie à la chimie en passant par les sciences des matériaux ou la physique. Des étudiants de la mineure Communication et médiation contribuent à la valorisation d'expositions temporaires, tandis que d’autres en histoire de l'art viennent se former au dessin d’échantillons. » se réjouit Paola Giura
Par ses liens étroits avec l’IMPMC, la collection bénéficie d'un accès aux plateformes expérimentales, y compris aux équipements sophistiqués tels que des microscopies électroniques, des spectromètres, voire des grands instruments comme les synchrotrons. Les recherches qui portent sur les échantillons de la collection ont pour objectif de découvrir de nouvelles espèces minérales, mais aussi de mieux conserver les spécimens exposés. « Plusieurs facteurs peuvent en effet, altérer les échantillons : l'humidité, l'air, les contaminations biologiques, les UV. Des analyses sont menées ponctuellement sur les dépôts qui se forment à l'intérieur des vitrines, altérant la brillance et l'éclat des minéraux », précise la présidente du conseil scientifique.
Mais la conservation des minéraux passe également par la mise en place de nouveaux dispositifs de contrôle des conditions de conservation et d’inventaire des collections. « En lien étroit avec le pôle Collections scientifiques et patrimoine, nous réalisons un état des lieux précis des besoins en conditionnement, gestion et valorisation des collections. L’objectif étant de préserver, de mettre en ligne et de faire connaitre nos collections universitaires exceptionnelles » ajoute Céline Paletta.
Faire découvrir les richesses de la Terre au grand public
Depuis toujours et encore plus grâce à son rattachement au pôle Collections scientifiques et patrimoine de la bibliothèque en 2023, la collection multiplie ses efforts de sensibilisation.
Elle propose deux expositions temporaires par an, plusieurs visites thématiques, développe des partenariats avec des artistes ou des institutions scientifiques et culturelles, puis participe aux événements internationaux tels que la nuit des musées, les Journées du Patrimoine et la Fête de la Science.
La collection s'efforce, par ailleurs, de développer une programmation spécifique pour les scolaires, en mettant l'accent sur les primaires. « Un site web avec des ressources en lignes pour les enseignants va voir le jour. Il sera accompagné de propositions de formations, en partenariat avec la Maison pour la Science, indique Céline Paletta, et d’une mise à disposition de malles pédagogiques destinées aux travaux pratiques ». Ces malles permettent d’appréhender par l’expérience des sujets aussi variés que la couleur, la lumière ou la reconnaissance des minéraux.
Acteur dynamique de la recherche et de la formation, la collection de minéraux représente un catalyseur d'explorations futures. Profondément enracinée dans l'histoire de l'université, et d’une beauté exceptionnelle, elle incarne un patrimoine vivant, source inépuisable de découvertes et d'émerveillement pour les générations à venir.
Par Justine Mathieu