Présentation de la Cité de l'innovation
  • Université

La Cité de l’innovation : un défi architectural au service de l’avenir

Située au cœur du cinquième arrondissement de Paris, la future Cité de l’innovation se profile comme un projet ambitieux visant à renforcer l’interface entre la recherche, la société, et le monde entrepreneurial scientifique.

L’université en charge de la maîtrise d’ouvrage

Dans un contexte où les universités choisissent le plus souvent de déléguer la construction et la gestion de leurs bâtiments à des partenaires extérieurs privés, Sorbonne Université a décidé de prendre en charge la maîtrise d’ouvrage de la Cité de l’innovation, de la conception à la construction du bâtiment.

L’une des premières étapes a consisté à organiser, en 2011, le concours d’architecture. L’enjeu était de trouver un équilibre entre innovation et viabilité économique, sans pour autant compromettre la qualité et l’esthétisme du projet. Parmi les propositions étudiées, c’est le projet du cabinet danois BIG (Bjarke Ingels Group) en partenariat avec le cabinet parisien Off qui a été retenu. « Bjarke Ingels, fondateur de BIG, était déjà reconnu pour son audace architecturale et sa capacité à conjuguer innovation et fonctionnalité. Son travail vise à maximiser le potentiel géométrique et fonctionnel des bâtiments en explorant toutes les solutions possibles, quitte à repousser les habitudes constructives en termes de technique comme de volume. De son côté, le cabinet Oxo, qui a pris la suite d’Off sur ce projet, s’est fait remarquer avec des projets audacieux comme celui des "Mille Arbres" qui souhaitait relever le défi d’intégrer logements et espaces verts au-dessus du périphérique parisien », explique l’architecte Matthieu Bourdon, chef de projet Cité de l’innovation.

Les appels d’offres pour les travaux ont été lancés en 2021, et le chantier a démarré en septembre 2022 avec un budget global de 69 millions d’euros.

Un défi architectural

La construction de la Cité de l’innovation constitue un véritable défi architectural, en raison des contraintes multiples liées à son emplacement très ajusté au cœur du campus et de son environnement bâti dense. C’est pourquoi le bâtiment adopte une morphologie travaillée, avec des inclinaisons et des creux qui permettent de respecter les distances réglementaires vis-à-vis des bâtiments voisins tout en offrant des vues dégagées.

L’un des autres défis liés à la construction réside dans les caractéristiques du sol, marqué par une faible capacité portante, nécessitant des fondations sur pieux forés pour stabiliser la structure.

La façade inclinée à 5° et orientée vers la Seine et la place Mohammed-V, relève également de la prouesse architecturale. Grâce à cette inclinaison, elle capture et reflète les perspectives emblématiques de Paris comme celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

« Simple en apparence, mais extrêmement complexe à réaliser, comme une partition de Bach, précise Matthieu Bourdon, l’architecture du bâtiment est à la fois transparente et sobre pour créer un bâtiment intemporel qui répond aux exigences du présent tout en regardant vers l’avenir. »

La conception des lieux se veut, en effet, flexible pour anticiper de potentielles évolutions. Les laboratoires, par exemple, sont conçus pour s’adapter aux besoins et usages futurs, en facilitant l’évolution des locaux grâce à une innervation systématique des réseaux et un déploiement des cloisonnements autour d’une circulation centrale à chaque étage.

Une architecture pensée comme interface

La Cité de l’innovation prend racine dans un lieu chargé d’histoire, où se mêlent patrimoine architectural et vie universitaire. Situé dans le secteur nord-ouest du campus Pierre-et-Marie-Curie, le bâtiment côtoie des réalisations emblématiques tels que l’Institut du monde arabe (IMA), les « barres » d’Urbain Cassan, construites dans les années 1960, ou le Gril d’Albert, avec son architecture tramée en métal.

En choisissant un tel carrefour patrimonial, la Cité de l’innovation réaffirme l’importance stratégique du campus Pierre-et-Marie-Curie dans le paysage parisien. Ce site, à la fois riche de son passé et tourné vers l’avenir, devient le terrain idéal pour incarner les ambitions d’excellence et d’innovation portées par l’université.

Le cœur du bâtiment est, quant à lui, organisé autour d’une rue intérieure traversante, un volume libre qui sert à la fois d’élément structurant et de source de lumière. Ouvert sur plusieurs niveaux, ce vide intérieur permet une connexion visuelle entre les différents espaces de travail, les laboratoires et les zones de circulation. Il traduit une volonté de créer un bâtiment inclusif, pensé pour faciliter les interactions entre ses différents usagers : entrepreneuses et entrepreneurs, personnels d'enseignement et de recherche, communauté étudiante, mais aussi public extérieur.

« Contrairement à un simple hôtel d’entreprises, ce projet inclut un incubateur public et des espaces partagés, comme des auditoriums, une cafétéria et une toiture accessible à tous. Ce caractère ouvert, qui vise à en faire un lieu d’échanges et de rencontres, au service non seulement des entreprises hébergées, mais aussi de l’ensemble de la communauté universitaire, engendre des défis complexes », indique Matthieu Bourdon.

Timelapse du chantier de la Cité de l'innovation ©Léon Grosse

Une construction soucieuse de l’environnement

Dès sa conception, la Cité de l’innovation a été pensée pour minimiser son impact environnemental en mêlant sensibilité écologique, sobriété énergétique et gestion durable des ressources. Le projet prévoit ainsi une re-végétalisation des espaces, notamment grâce à des toitures végétalisées et un jardin suspendu. « Ces aménagements verts jouent un rôle crucial dans la gestion de l’eau, grâce à des substrats spécifiques qui permettent de réguler l’écoulement des eaux pluviales sur le site et de limiter l’imperméabilisation des sols », précise le chef de projet Matthieu Bourdon. La diversité végétale, comprenant des arbres florifères, des plantes aromatiques issues d’une étude de terrain réalisée en lien avec des équipes de recherche de l’université, est également pensée pour favoriser la biodiversité en attirant pollinisateurs et faune locale.

Les espaces verts en toiture intègrent également des parcelles d’expérimentation pour mieux étudier la biodiversité. Ces initiatives scientifiques témoignent d’une volonté d’utiliser la Cité de l’innovation comme un laboratoire vivant, au service de la recherche environnementale.

Mais ces espaces verts ne se limitent pas à une fonction écologique : ils constituent aussi des lieux de convivialité et de rencontre pour les usagers du campus et les visiteurs.

La gestion de la lumière naturelle constitue un autre aspect clé du projet. La morphologie du bâtiment, avec son vide intérieur et ses façades inclinées, optimise l’apport de lumière dans les bureaux et les laboratoires. En parallèle, des vitrages performants et des protections solaires adaptées permettent de limiter les surchauffes estivales tout en maximisant les apports solaires en hiver. Ces dispositifs participent à la réduction des besoins énergétiques du bâtiment, en cohérence avec les ambitions de certification HQE (haute qualité environnementale).

La ventilation naturelle permise dans la rue intérieure contribue également au confort thermique tout en limitant la consommation énergétique. En été les ouvertures sur la verrière en toiture facilitent l’évacuation de l’air chaud, tandis qu’en hiver, cet espace tampon réduit les pertes de chaleur pour les façades intérieures.

Les matériaux utilisés pour la construction du bâtiment, comme les panneaux de verre inclinés, ont été sélectionnés en fonction de leur durabilité et de leur pertinence technique. « Par ailleurs, des études ont permis d’optimiser la conception structurelle pour limiter les quantités de matériaux utilisés, tout en garantissant la stabilité et la performance du bâtiment dans un environnement contraint », ajoute Matthieu Bourdon.

Une vision pour demain

Ce projet ambitieux porte une vision d’avenir, où l’architecture et l’urbanisme deviennent des outils pour connecter les savoirs, les individus et les territoires. L’architecture de la Cité de l’innovation reflète une démarche de connectivité et de transparence, où chaque choix formel répond à une double exigence fonctionnelle et symbolique. Ce travail sur les interfaces – climatiques, esthétiques et d’usage – témoigne d’une ambition forte : faire de la Cité de l’innovation un modèle d’architecture ouverte et résiliente, au service de l’université et de la société.

Les grandes étapes du chantier :

  • Juin 2011 : jury du concours international d’architecture
  • Juin 2017 : lancement des études de conception
  • Octobre 2018 : obtention du permis de construire  
  • Février 2021 : lancement de la consultation pour les marchés de travaux
  • Septembre 2022 :  début du chantier
  • Avril 2024 : achèvement du gros œuvre béton
  • Décembre 2024 : achèvement de la charpente métallique
  • Printemps 2025 : achèvement des façades
  • Automne 2025 : achèvement des travaux intérieurs et de finition

Le chantier de la Cité de l'innovation en images

Chantier de la Cité de l'innovation en janvier 2023 ©Léon Grosse
Chantier de la Cité de l'innovation en septembre 2023 ©Léon Grosse
Vue de la rue intérieure - janvier 2025 ©Léon Grosse
Vue du toit terrasse - janvier 2025 ©Léon Grosse