JO 2024 : le sport est-il bon pour la santé ?
Si les bienfaits du sport sur notre santé ne sont plus à démontrer, des scientifiques mettent en garde contre les conséquences que peut avoir une activité sportive trop intense sur le cerveau, en particulier chez les athlètes de haut niveau. Malgré tout, la pratique régulière d’une activité physique reste le meilleur moyen de prévenir les maladies chroniques et l’obésité.
Un esprit sain dans un corps sain ? Depuis Hippocrate jusqu’à la création du ministère des Sports en 1936, l’idée que le sport est bon pour la santé a fait son bonhomme de chemin. Jusqu’à devenir aujourd’hui un enjeu de santé publique. Pourtant, l’approche des Jeux Olympiques qui se tiendront à Paris en 2024 rappelle que la pratique d’une activité sportive ne doit pas se faire n’importe comment.
Un syndrome « assez mystérieux »
Comme chez les autres travailleurs soumis à une activité intense, les sportifs de haut niveau sont particulièrement vulnérables à une surcharge d’exercices qui peut se traduire par ce que les médecins nomment le « syndrome du surentraînement ». Cet état, qui se caractérise par une sensation de grande fatigue et une baisse des performances sportives, peut causer des troubles du comportement et nuire aux capacités cérébrales.
Auteur d’une étude publiée en 2019 sur la question, Mathias Pessiglione, directeur de recherches à l’Inserm et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau, a tenté d’identifier les causes de ce phénomène. « C’est un syndrome encore assez mystérieux, qui peut arriver du jour au lendemain », reconnait le chercheur. S’il assure que le « sport est bon pour le cerveau », ce dernier explique que la fatigue causée par un surentraînement peut avoir les mêmes origines qu’une fatigue intellectuelle.
Menée sur deux groupes de triathlètes, dont l’un est soumis à des séances plus longues, cette expérience montre que les participants qui ont fait davantage de sport ont vu leurs capacités cérébrales diminuer, notamment le contrôle cognitif. Or, c’est ce contrôle qui nous permet de prendre des décisions en fonction de nos objectifs et sert à dépasser nos automatismes cérébraux. « Si je fais un marathon et que je fatigue, je m’arrête automatiquement. Il faut employer le contrôle cognitif pour aller au-delà », explique Mathias Pessiglione.
« Il y a une limite à ne pas dépasser »
Conséquence : les athlètes ont davantage tendance à recourir à des prises de décisions impulsives et de s’arrêter en cours de route. Voire à prendre des substituts illégaux et parfois dangereux pour la santé. « On voit à peu près où sont situées les zones de motivation, dans le cortex orbifrontal », une zone du cerveau où se déroule le processus de décision, ajoute le chercheur. Comme pour n’importe quelle fatigue, le remède le plus efficace reste le sommeil. « Il y a des sportifs qui s’écroulent, d’autres qui arrêtent de manger. Il y a une limite à ne pas dépasser », préconise Mathias Pessiglione.
« On ne sait pas très bien quel est le bon dosage qui permettrait d’équilibrer l’activité physique et la sédentarité », admet de son côté le professeur Jean-Michel Oppert, chef du service Nutrition à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Comme tant d’autres professionnels de santé, ce spécialiste de l’obésité ne manque pas de rappeler les bénéfices d’une activité physique. « Ça stimule le système immunitaire, la capacité physique et ça aide à maintenir le poids. Si l'on trouvait un médicament qui produirait les mêmes effets, ce serait une molécule incroyable », détaille le praticien.
Un mode de vie sédentaire
Définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l’ensemble des mouvements corporels qui induisent une dépense d’énergie, l’activité physique reste le meilleur moyen pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité dans le monde, ainsi que le cancer et le diabète. Les adultes de 18 à 64 ans devraient consacrer « au moins 150 à 300 minutes par semaine » à une activité physique modérée, selon des recommandations de l’agence onusienne.
« Le sport est une catégorie d’activité physique », ajoute Jean-Michel Oppert, qui met en garde contre notre mode de vie sédentaire. Un état qui correspond « au fait d’avoir une dépense énergétique très proche du repos », et qui fait depuis la seconde moitié du XXe siècle partie intégrante de nos sociétés développées. « Ce comportement a un impact sur la santé », assure le médecin, pour qui « notre mode de vie est totalement inadapté à notre physiologie ».
S’il ne préconise pas de revenir à l’époque des chasseurs-cueilleurs, ce dernier assure qu’il n’est pas nécessaire de courir un marathon tous les week-ends pour se dépenser. « On a besoin de connaitre la maîtrise », ajoute le praticien, pour qui, néanmoins, « toute activité physique est bonne à prendre ».