Exposition "Femme, vie, liberté, égalité, fraternité" d'Hanieh Delecroix
Artiste d’origine iranienne, Hanieh Delecroix rend hommage au combat du peuple iranien à travers une exposition dédiée à Mahsa Amini sur le campus Clignancourt du 20 octobre au 20 novembre 2022.
Nous avons rencontré Hanieh Delecroix lors de la mise en place de l’exposition sur le campus Clignancourt. Cette artiste engagée a réussi à susciter la curiosité et l'enthousiasme de la communauté étudiante venue participer au collage des autocollants sur lesquels figure le #MahsaAmini. Une émotion vive s'est emparée de l'ensemble des participantes et participants à l'évocation des souffrances endurées actuellement par les étudiantes et étudiants iraniens.
Hanieh Delecroix est née en 1974 à Téhéran en Iran. Après des études de psychologie en Angleterre et en France, elle devient psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste de l’enfance et de l’adolescence ainsi que des adultes souffrant de maladies chroniques en hôpital. Passionnée d’art, elle met en scène dans ses œuvres sa double culture mêlant comme elle le dit « le lapis-lazuli de Perse au bleu de France ». Une rencontre fut décisive dans son parcours : celle avec Rose Issa, jeune artiste pionnière sur la scène arabe et iranienne contemporaine. De ce coup de foudre artistique naîtront de belles collaborations et des contributions à des collections privées et muséales comme celles du British Museum.
Vos créations artistiques semblent se forger dans l’émotion et sont empreintes d’une grande sensibilité, comment avez-vous imaginé et conçu cette exposition ?
Tout mon travail artistique est effectivement basé sur l’émotion. Ma formation de psychologue clinicienne fait que l’affect a toujours été au cœur de mon travail avec le besoin de tisser des liens humains, de me centrer sur le sujet, l’individu. J’ai choisi d’investir les lieux culturels et les universités car c’est un milieu dans lequel j’ai étudié et où j’ai enseigné lors de travaux dirigés. Les étudiantes, les étudiants et les valeurs de transmission sont essentiels pour moi.
Votre univers est plein de cicatrices, de bleus à l’âme, de trous noirs et d’obscure clarté qui sont le reflet de vos propres blessures. Quels sont les sentiments qui vous habitent actuellement face au combat du peuple iranien ?
Ce qui me bouleverse aujourd’hui c’est le soulèvement entier et puissant de toute une population. Femmes, hommes, enfants, adolescents, de l’école primaire jusqu’aux universités c’est tout un peuple qui se lève et combat pour sa liberté !
C’est la première fois au monde qu’un tel soulèvement contre un régime a été mené par des femmes pour des femmes avec le soutien de tous. Toutes générations et couches sociale confondues. Nul ne peut rester insensible à la mort d’innocents et je pense sincèrement qu’une goutte de sang versé d’une femme iranienne entrave la liberté d’une femme française…
Quel message souhaitez-vous transmettre à la communauté de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université ?
La communauté étudiante iranienne est actuellement persécutée. Beaucoup d’entre eux sont emprisonnés, disparaissent ou meurent sous les coups. Ceux qui continuent à se battre doivent se sentir soutenus. Ils sont très attachés à Sorbonne Université qui bénéficie d’une image prestigieuse en Iran, le soutien de cette institution en est d’autant plus important. Il est également important que les étudiants français sachent le sort qui est réservé à leurs pairs et les soutiennent. Le sentiment de solidarité est primordiale dans ces moments.
Donc j’ai envie de dire à la communauté étudiante de la Faculté des Lettres : « Soyez leurs voix » !