Égalité femmes-hommes : une priorité à Sorbonne Université
À l'occasion de la journée internationale du droit des femmes, Sorbonne Université fait le point sur les mesures mises en œuvre pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes au sein de sa communauté.
Les chiffres sont alarmants
En 2019, le ministère de la Recherche, de l’Enseignement supérieur et de l’Innovation a publié son état des lieux des inégalités entre les femmes et les hommes dans l’enseignement supérieur en France. À peine 17 % des universités sont dirigées par des femmes, et la proportion des femmes Professeures des universités n’atteint que 25 % et 30 % pour les Directrices de recherche. Sorbonne Université n’est pas épargnée par ce constat d’inégalités. Les femmes sont sous-représentées en sciences, et minoritaires en sommet de carrière universitaire. Prête à relever les défis sociétaux et engagée pour le bien-être de toute sa communauté, Sorbonne Université a fait de l’égalité entre toutes et tous l’une de ses valeurs fondatrices. Elle met en place et renforce sur l’ensemble de ses campus des actions pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, et pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Dans son bilan social 2018, Sorbonne Université compte 40,1 % de femmes inscrites dans des formations scientifiques sur ses 60 517 étudiantes et étudiants, contre 28 % au niveau national. « Nous avons déjà atteint sur ce point l’objectif fixé par le ministère de l’enseignement supérieur pour la rentrée 2020, mais beaucoup reste à faire » explique Véronique Gély, chargée de mission égalité au niveau universitaire. Depuis un an, elle mène un travail de fond pour faire l’état des lieux des inégalités entre les femmes et les hommes et proposer un plan d’action. « Les disparités demeurent très marquées au niveau des personnels : les enseignantes-chercheuses, enseignantes et chercheuses sont minoritaires (41,8%), notamment les titulaires (40%) » poursuit-elle. Surtout, l’accès des femmes aux grades et fonctions les plus élevées reste restreint. Si l’équipe présidentielle de Sorbonne Université respecte la parité on compte seulement 28,3 % de Professeures des universités, et 24,6 % de Professeures des universités– praticiennes hospitalières. « Ces inégalités ont deux causes principales », résume Véronique Gély. « D'abord, les jeunes femmes demeurent moins incitées à s’orienter vers des formations scientifiques. Cela impacte évidemment par la suite leur place globale au sein de la recherche en France. D'autre part, il subsiste un plafond de verre qui stoppe les femmes dans leurs carrières. »
Combattre les préjugés sur le genre
La disparition progressive des femmes à chaque étape de promotion dans la carrière universitaire, comme la sousreprésentation des femmes dans les filières scientifiques, sont des phénomènes internationaux. Selon Michela Petrini, chargée de mission égalité pour la faculté des Sciences et Ingénierie, ils résultent en grande partie de préjugés sur les genres.
« Sorbonne Université cherche à susciter des vocations chez les jeunes filles et à les encourager, par la promotion de modèles de réussite féminins notamment. Petit à petit, nous inscrirons dans l’imaginaire collectif que l’on peut être une femme et une grande experte dans son domaine », positive-t-elle. C’est pour soutenir cette ambition que le débat « Women in Science », organisé par l’institut Louis Bachelier, a fait intervenir en mai dernier sur le campus Pierre et Marie Curie de grandes scientifiques de Sorbonne Université et notamment la mathématicienne Nicole El Karoui. C’est aussi dans cette optique que la Fondation Sorbonne Université a créé le dispositif « Passeports pour les sciences Pluri’elles », un programme de bourses réservées à des étudiantes ayant obtenu une première année de licence avec mention bien ou très bien, issues de milieux modestes. « Nous souhaitons aussi à l’avenir proposer des stages au sein de Sorbonne Université à destination des jeunes collégiennes, et mettre en place des formations sur les stéréotypes de genre pour la communauté des enseignants-chercheurs. »
Nous espérons parvenir à lever les freins structurels et culturels à une répartition égalitaire des femmes et des hommes dans les formations à Sorbonne Université.
Son collègue Christian Brouder, chargé de mission égalité pour la faculté des Sciences et Ingénierie, ajoute : « c’est le mode de présentation de certains cours qui devrait évoluer ». Également chercheur CNRS à l’institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie, il déplore la prédominance des modèles masculins au sein de sa discipline, la physique. « On ne se rend pas forcément compte, mais lorsqu’une discipline est majoritairement suivie par des hommes cela finit par laisser peu de places aux femmes. Les exemples de physiciens ou de mathématiciens donnés vont systématiquement être des hommes, les sujets vont plutôt se rapporter à des thématiques masculines... C’est pourquoi nous pensons à suivre les pas de l’université Carnegie-Mellon à Pittsburgh en réalisant une enquête auprès des étudiantes et des étudiants. » Cette université est ainsi parvenue à faire évoluer le processus de sélection, la pédagogie et la vie de campus de la filière informatique. Le dispositif a commencé en 1995 alors que seulement 7% des élèves étaient des filles, jusqu’à parvenir à la parité totale en 2017. « Avec toutes ces actions, nous espérons parvenir à lever les freins structurels et culturels à une répartition égalitaire des femmes et des hommes dans les formations à Sorbonne Université » espère le chargé de mission.
Lutter contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles
Lever ces freins à l’égalité entre les sexes passe aussi indéniablement par la lutte contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles. Une lutte essentielle à la fois pour protéger la communauté, mais aussi pour garantir le développement des compétences et des talents au sein de l’université. Dans ce cadre, la faculté des Lettres a été la première des trois facultés à se doter d’un lieu physique pour informer et recevoir des témoins ou victimes. Hyacinthe Ravet, professeure de musicologie et vice-doyenne égalité et lutte contre les discriminations pour la faculté des Lettres, a endossé sa mission dès 2017. « Avec Beate Collet, chargée de mission à la lutte contre les discriminations à mes côtés, nous aidons autant d’étudiantes et d’étudiants ou de membres de personnels désireux de se renseigner sur les moyens d’agir pour faire valoir l’égalité, que de personnes souhaitant témoigner d’une situation anormale » explique-t-elle. Fin 2017, lorsque le mouvement #metoo s’est propagé, l’importance de la mission de Hyacinthe Ravet n’en est devenue que plus évidente. « La parole a commencé à se libérer. Nous avons reçu de plus en plus de témoignages et avons senti le manque d’informations dont certaines personnes souffraient face à ces situations. Elles et ils ne savent pas forcément où se situe la limite : nous sommes là aussi pour leur expliquer, les sensibiliser. » C’est dans cet objectif que la faculté a créé et diffusé depuis deux ans sur ses campus un outil d’information pour aider à reconnaître un cas de harcèlement, le dénoncer, et informer sur tous les contacts et aides utiles dans pareille situation. « Toujours dans l’optique d’informer et de sensibiliser, nous organisons des temps forts d’échanges au sein de la faculté », détaille Hyacinthe Ravet, « comme le mois du genre en novembre dernier avec des séances de ciné débat, des conférences, du théâtre... L’idée est de lever les tabous, pour pouvoir avancer ensemble. »
La Charte de Sorbonne Université pour l'égalité femmes-hommes
L’ensemble des chargées et chargés de mission des niveaux facultaires et universitaire a travaillé à la réalisation de la Charte de Sorbonne Université pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce texte fondateur, adopté à l’unanimité au CA du 19 novembre 2019, exprime les engagements de Sorbonne Université pour intégrer l’égalité à tous les niveaux, et protéger sa communauté des violences sexuelles et sexistes.
Sorbonne Université s’engage à lutter contre les stéréotypes et toutes les discriminations, à informer les étudiantes et les étudiants victimes ou témoins de violences sexuelles ou sexistes sur leurs droits et sur l’aide qu’elles et ils peuvent recevoir, à tendre vers la parité dans toutes les instances, ou encore à promouvoir la recherche sur le genre. Un ensemble d’actions concrètes est prévu, comme la mise en place de la cellule externalisée d’écoute et de traitements des violences sexistes et sexuelles dès janvier 2020.
Voir aussi : la mission Égalité et la cellule externalisée d’écoute et de prise en charge des victimes de violences sexuelles et sexistes.