Cap sur l’Institut de la Mer de Villefranche
L'Institut de la Mer est considéré comme un carrefour international de recherche en biologie marine.
L’exceptionnel environnement de la rade de Villefranche ne cesse depuis le début du 21e siècle d’attirer des scientifiques du monde entier. Installé au cœur de ce décor paradisiaque, entre les caps Ferrat et de Nice, l'Institut de la Mer est considéré comme un carrefour international de recherche en biologie marine.
C’est en 1882 que Jules Henri Barrois, zoologiste du nord de la France, et Hermann Fol, biologiste suisse, décèlent le potentiel de recherche formidable que représente la rade de Villefranche et décident de s’y installer. Ils profitent de l’abandon du bâtiment du Lazaret pour aménager leur laboratoire dans l’une des tours de garde. Les trois tours de ce bâtiment construit en 1669 servaient à l’origine de lieu de stockage des marchandises et de zone de mise en quarantaine des équipages.
L’empire russe à l’origine du laboratoire
Dès 1882, Jules Henri Barrois et Hermann Fol se mettent à inviter des scientifiques étrangers à venir travailler au sein de leur laboratoire. Parmi eux, le professeur de l’université de Kiev : Alexis Korotneff. Ce dernier vient d’une famille noble et jouit de ses relations avec des membres de la haute société russe. Il propose d’agrandir le laboratoire en utilisant le bâtiment de l’hôpital des galériens, transformé en bagne puis cédé à la marine impériale russe au XVIIIe siècle. Grâce à son réseau, Alexis Korotneff obtient l’autorisation d’occuper les lieux. En 1885, un acte officiel des autorités russes en fait un laboratoire de zoologie à part entière. Mais quelques années plus tard, suite à un différend avec Alexis Korotneff, Jules Henri Barrois et Hermann Fol quittent le laboratoire.
Korotneff, scientifique et explorateur, se lance dans une expédition en Indonésie en 1886. Le laboratoire continue en parallèle son expansion et reçoit des dizaines de scientifiques entre ses murs. 1917 marque un coup d’arrêt au financement russe du laboratoire suite aux révolutions qui renversent le régime tsariste. La Russie n’est plus en mesure de financer la recherche à Villefranche. Le laboratoire commence à louer ses services aux universités d’Europe centrale, jusqu’en 1930. Cette année-là Grégoire Trégouboff, dernier directeur russe du laboratoire, obtient du ministère de l’instruction publique qu’il s’engage à prendre en charge les lieux. Le laboratoire est alors rattaché à la France sous la direction de Banyuls. Enfin, c’est en 1971, qu’il est finalement rattaché à l’université Paris 6 [1].
Une plongée quotidienne dans les abysses
L’Institut de la Mer de Villefranche est l’une des trois stations marines de Sorbonne Université avec l'Observatoire Océanologique de Banyuls et la Station Biologique de Roscoff .
C’est un campus universitaire sur lequel travaillent environ 180 personnes. L’Institut a cinq missions principales : la recherche, l’enseignement supérieur, l’observation, la médiation scientifique et l’accueil de scientifiques. Ses thématiques scientifiques se focalisent sur l’océanographie, avec ses composantes biologiques, physiques et chimiques et une spécialisation dans le développement technologique.
La rade de Villefranche, là où la biologie marine coule des jours heureux
1. Grâce à sa profondeur
La rade de Villefranche permet un accès direct pour l’étude du milieu marin. Sa profondeur moyenne de 18 mètres et les courants marins qui la parcourent permettent d’y observer et collecter des groupes de plancton très variés habituellement observés au large.
Le plan d’eau fait environ 2,5 km de longueur et 1,5 km de large. La rade atteint 50 mètres en son milieu et 80 à 100 mètres à son entrée. À son ouverte au Sud sur la mer, elle atteint très vite la profondeur de 1 000 mètres. D’Est en Ouest s’écoule le courant liguro-provençal en provenance de Palerme, qui entraine des remontées d’eaux profondes, favorisant la riche biodiversité de ses eaux.
2. Grâce à son climat
La rade bénéficie d’un microclimat particulièrement doux, dérivé du climat méditerranéen. Par exemple en 2014, l’ensoleillement à Villefranche était de 2 696 heures pour 1 961 heures de moyenne nationale.
3. Grâce à sa variété d’espèces
On observe parfois dans la rade des nappes impressionnantes de vélelles (sorte de méduse), des chaines de salpes, du plancton, des daurades, barracudas, des poissons-lune... Cette situation exceptionnelle explique l’implantation de l’Institut de la Mer, qui effectue des observations quotidiennes du plancton.
[1] Il s’agit de l’université Pierre et Marie Curie, aujourd’hui Sorbonne Université.