Iris Tocabens
Etudiante en musicologie et gambiste
Les amphithéâtres du campus Sorbonne offrent une belle acoustique pour la musique classique
Vous jouez de la viole de gambe. Comment conciliez-vous études et passion ?
J’ai commencé à jouer de la viole de gambe au conservatoire de musique de Perpignan à l’âge de 5 ans. Je n’ai jamais envisagé de faire autre chose que de la musique. Après mon bac littéraire option musique, je suis venue à Paris pour intégrer la licence de musicologie à Sorbonne Université. En parallèle, j’ai intégré le conservatoire du 7e arrondissement où j’ai passé le diplôme d’études musicales l’an dernier.
Actuellement en deuxième année, je vais intégrer l’an prochain, en parallèle de ma licence, le pôle supérieur d'enseignement artistique Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB), en partenariat avec Sorbonne Université. Je vais continuer à approfondir ma formation musicale avec des cours de musique de chambre, d’histoire de la musique et d’autres thématiques dans l’objectif de décrocher le diplôme supérieur de pratiques musicales.
Quelles sont les caractéristiques de cet instrument ?
C’est un instrument avec lequel j’entretiens une relation privilégiée car j’ai commencé à y jouer depuis longtemps. La viole possède une grande variété de langages et de sons. Elle est à la fois mélodique, comme peut l’être le violon, et harmonique, comme le piano, grâce à ses cordes agencées de façon à pouvoir jouer des accords. Contrairement au violon, nous pouvons donc facilement réaliser des accords tout en jouant une ligne musicale.
Le répertoire de la viole, qui va du XVIe au XVIIIe siècles, est très riche. La viole de gambe a inspiré plusieurs compositeurs baroques célèbres comme Marin-Marais, Bach ou encore Purcell. Aujourd’hui, quelques compositeurs de musique contemporaine, comme Denis Dufour, ont écrit pour cet instrument.
Par ailleurs, le son que produisent les cordes frottées et la tessiture de la viole (c’est-à-dire l’ensemble et l'échelle de notes qui peuvent être émises) rappellent beaucoup la voix humaine. La viole est donc à même d’engendrer et d’exprimer des émotions particulières.
De quand date votre viole ?
Les instruments d’époque coûtent extrêmement cher. Ma viole a été fabriquée par un luthier du Sud de la France, il y a an. Elle a été faite sur mesure à partir d’un modèle de viole allemande du XVIIe. Chaque viole est différente car elles sont rabotées à la main et faites à partir de différents modèles anciens. J’en ai choisi une qui avait une tête sculptée en forme de faune et un fond voûté, ce qui n’est pas commun car la plupart des fonds sont droits.
Il y a de longues listes d’attente pour la fabrication d’une viole. Il faut compter au moins 6 mois de fabrication en raison des temps de mise en forme et de séchage des vernis et des colles.
A quelles occasions jouez-vous ?
Je joue régulièrement de la musique de chambre et de la musique baroque dans des petits ensembles, composés le plus souvent de clavecins, d’orgues, de flûtes, de violons baroques, ou de plusieurs violes.
La viole de gambe, parce qu’elle résonne peu, a été remplacée, dans les orchestres à partir du XVIIIe siècle, par la famille des violons qui ont une projection sonore bien plus importante. Je ne joue donc pas dans des grands orchestres.
En revanche, j’accompagne des classes de chant, des chœurs ou des amis. Dans le cadre de Sorbonne Université, j’ai également l’occasion de jouer lors de colloques. Les amphithéâtres du campus Sorbonne offrent une belle acoustique pour la musique classique.
Vers quoi pensez-vous vous diriger par la suite ?
Je souhaite intégrer le master de musicologie et acquérir une double compétence en recherche et en interprétation musicale. J’aimerais vraiment devenir interprète, mais il est difficile de l’être à plein temps. Je vais donc, en parallèle, passer le diplôme supérieur de pratiques musicales qui mène au diplôme d’Etat pour devenir professeur au conservatoire.
Côté recherche, j’aimerais travailler sur le répertoire de la viole de gambe et voir également comment les artistes d’aujourd’hui composent pour elle et se l’approprient.