Ambre Potier
Alumna de la faculté des Lettres et lauréate du concours Lépine
L'idée de Bugless nous est venue en observant de nombreux usagers éviter coûte que coûte de tenir la barre du métro parisien.
Qui n’a jamais été rebuté à l’idée de s’agripper à pleine main à la barre du métro ? Pour répondre à cette question, Ambre Potier et ses camarades du master 2 LLCE, Entreprises et Échanges Internationaux, Guilherme Lobo, Sébastien Ruiz et Gil Valadar ont eu une idée simple : créer une poignée portative permettant d’éviter d’entrer en contact avec les bactéries déposées par les millions de passagers quotidiens des transports en commun. Ils ont remporté cette année la médaille de bronze et le deuxième Prix Fidealis au concours Lépine 2019 pour leur invention.
Pouvez-vous nous présenter votre invention Bugless ?
Ambre Potier : Bugless (en anglais, "sans microbes") est une poignée portative hygiénique. En silicone souple, elle s’accroche sur la barre du métro pour éviter le contact direct avec les microbes qui peuvent s’y trouver. Elle s’adapte également aux parois ou aux vitres des transports et pourra bientôt être utilisées sur les caddies de supermarché, les vélos ou les trottinettes.
Il nous a fallu de nombreux mois et plusieurs prototypes testés dans différents matériaux pour arriver à un modèle résistant, fonctionnel, facilement nettoyable avec un maintien parfait.
Comment est née l’idée de Bugless ?
A. P. : Au départ, nous devions développer un produit ou un service dans le cadre d’un cours de création d’entreprise. Avec Guilherme, Sébastien et Gil, mes trois camarades du master 2 LLCE Entreprises et Échanges Internationaux, l'idée nous est venue en observant de nombreux usagers éviter coûte que coûte de tenir la barre du métro parisien.
Lorsque nous avons présenté notre projet dans le cadre du master, les enseignants et les étudiants ont tout de suite adhéré à notre idée. Avec plus de 70% de retours positifs, l’enquête que nous avons réalisée dans le cadre du cours nous a convaincus d’aller plus loin. Le projet a alors rapidement dépassé le cadre scolaire et nous avons élaboré très sérieusement notre modèle économique.
Comme dans une véritable startup, nous nous sommes répartis les rôles. Gil, juriste de formation, s’est occupé de la partie juridique, Guillerm de la partie commerciale, Sébastien de la production. Quant à moi, je me suis chargée de la communication et des enquêtes.
Quel souvenir gardez-vous de votre participation au concours Lépine 2019 ?
A. P. : C’était un challenge que nous nous sommes lancés et l’occasion de trouver des investisseurs et des partenaires pour commercialiser notre poignée. Nous avons décidé de participer au concours Lépine seulement deux semaines avant la clôture des inscriptions. Lorsque nous avons reçu une réponse positive, tout s’est accéléré. Il a fallu imprimer en 3D la poignée que nous avions modélisée avec une amie ingénieure, peaufiner notre business plan, travailler la présentation de notre stand, etc.
La Foire de Paris 2019 a été un évènement dont nous nous souviendrons toute notre vie. Nous étions les plus jeunes candidats du concours. Les autres participants nous ont pris sous leur aile en nous donnant des conseils. « Les stars », c’est comme cela qu’ils nous appelaient car pendant les dix jours de la Foire, beaucoup de curieux, ingénieurs, journalistes, sont venus nous voir après nous avoir découverts à la télévision. Le fait que nous soyons encore étudiants avait marqué les esprits. Nous avons eu de grosses retombées médiatiques à la fois dans la presse locale, régionale, nationale et même en Belgique et en Suisse.
Vous avez obtenu la médaille de bronze du concours Lépine et le 2e Prix Fidealis. Que représentent ces récompenses pour vous ?
A. P. : Avec notre poignée encore en gestation, nous ne nous attendions pas à cela. Cette médaille correspond, selon moi, à la fierté d’avoir mené un travail collectivement avec nos propres moyens, aussi bien financiers qu'intellectuels, en parallèle de nos études.
Cette récompense constitue aussi pour nous une incitation à poursuivre ce projet. Les membres du jury ainsi que le directeur du concours Lépine nous ont d’ailleurs suggéré quelques pistes d’amélioration. Et durant la Foire, nous avons recueillis l’avis de nombreux visiteurs qui ont trouvé l’idée astucieuse et étaient déjà prêts à acheter notre poignée.
Comment envisagez-vous la suite ?
A. P. : Lorsque j’ai choisi de suivre des études de langues puis le master à Sorbonne Université, c’était surtout dans l’objectif de travailler à l'étranger. Aujourd’hui, je rêve de monter une startup avec Guilherme, Sébastien Ruiz et Gil. Nous avons encore plusieurs mois de développement devant nous avant de proposer un produit commercialisable. Nous devons améliorer la souplesse de la poignée pour la rendre pliable, offrir différentes couleurs, proposer des modèles personnalisables, etc. Il nous faut encore trouver des investisseurs pour poursuivre l’aventure Bugless.