Florie Lopis
Une expérience in vitro
Depuis deux ans, Florie Lopis façonne le matériel en verre avec lequel les chercheurs mènent leurs expériences. Dans son atelier sur le campus
Pierre et Marie Curie, cette souffleuse de verre de 37 ans travaille en étroite collaboration avec les scientifiques pour imaginer et réaliser des pièces
sur mesure qui répondent à leurs besoins.
C’est à 18 ans que Florie Lopis découvre le métier de souffleur de verre grâce à un artisan qui l’initie à ce savoir-faire ancestral. Devenue son élève dans le cadre du dispositif des Maîtres d’Art en 2011, elle apprend auprès de lui à travailler le verre pour la bijouterie, l’art de la table et le flaconnage. En 2014, elle se forme à la verrerie scientifique au lycée Dorian à Paris, une formation unique en France qui lui permet d’intégrer en 2017 le Service Interdisciplinaire d’Aide à la Recherche et à l’Enseignement de Sorbonne Université et de décrocher en 2019 le concours de technicienne.
En faisant varier les flammes de son chalumeau, Florie Lopis chauffe le verre pour pouvoir le travailler. Équipée de lunettes bleues qui filtrent la lumière dégagée par la matière en fusion, elle modèle sa forme, l’évase, l’affine, avec des outils en graphite ou des pinces. Elle soude ensuite dessus les autres éléments comme des robinets ou des tubes.
Littéraire de formation, Florie Lopis a dû apprendre sur le tas quelques notions scientifiques comme la circulation des gaz afin de mieux répondre aux problématiques des chercheurs. Régulièrement, elle les rejoint dans leurs laboratoires pour étudier le fonctionnement de leurs instruments et leur proposer des améliorations techniques. Il arrive également qu’elle conçoive avec eux de nouveaux prototypes. Elle fait alors des croquis, propose des solutions techniques, invente des formes qu’elle développe « à la volée » ou qu’elle assemble directement.
Le temps de réalisation d’une pièce varie selon sa complexité, de moins d’une heure à plusieurs jours. La plupart sont fabriquées en verre borosilicaté (plus communément connu sous la marque Pyrex) ou en quartz, un matériau plus résistant mais aussi beaucoup plus difficile à travailler.
Pour réaliser des éléments de plus grande envergure, elle utilise un tour qui permet de maintenir les éléments qu’elle travaille en rotation et ainsi éviter que le verre ne coule. La taille des flammes est proportionnelle à la taille de sa création.
Si Florie Lopis travaille principalement pour l’UFR de chimie, elle intervient aussi auprès de structures partenaires, comme le Collège de France ou le Muséum d’Histoire Naturelle. Il lui arrive également de répondre aux demandes des collègues de la faculté des Sciences et Ingénierie. Des demandes parfois étonnantes comme celle de réaliser un aquarium miniaturisé pour le tournage d’un film sur des poissons.
Florie Lopis a trouvé dans son travail un équilibre parfait entre réflexion et fabrication. Mais ce qu’elle préfère par-dessus tout, c’est la contemplation du verre qui se transforme lorsqu’elle travaille la matière en fusion. Un spectacle qu’elle aime faire partager aux stagiaires qu’elle accueille régulièrement dans son atelier.