Pierre-Véquaud

Pierre Véquaud

Docteur Sorbonne Université 2021 et cofondateur de PractiGREEN

Notre métier est d’accompagner les entreprises en douceur dans une transition écologique pour avoir un impact concret, positif et durable.

Pierre Véquaud, tout nouvellement diplômé d'un doctorat en environnement, vient de créer sa propre entreprise avec Guillaume Golding. Ils ont tous les deux bénéficié du statut Etudiant-Entrepreneur de Sorbonne Université qui leur a permis de développer leur activité. Zoom sur une belle histoire.


Pierre Véquaud, pouvez-vous nous retracer sommairement votre parcours ?
À la suite d’une licence en environnement à Bordeaux, j’ai décidé de faire un master en océanographie. Je me suis spécialisé dans les paléoclimats et les environnements anciens parce que c’est quelque chose qui me fascinait. Pouvoir, à partir de quelques indices, de quelques échantillons, arriver à reconstituer un environnement, un climat passé, c’est comme une enquête policière. Au cours de mes stages de recherche en master, j’ai utilisé des indicateurs indirects des conditions environnementales passées comme par exemple la température.

Un jour, mon encadrant de stage de master 2 a reçu une offre de thèse, proposé par le laboratoire METIS (Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols) avec pour porteur de projet Arnaud Huguet. C’était le sujet dont je rêvais. Il traitait du développement de marqueurs lipidiques d’environnement en milieu terrestre et l’application de ses marqueurs sur des archives passées. J’ai postulé et je suis venu à Paris pour commencer ma thèse dans l’école doctorale Géosciences et environnement (ED 398).


Vous avez soutenu votre thèse en mai 2021 et créé votre entreprise en septembre de cette même année. Comment avez-vous eu l’idée de créer cette entreprise ?
Au laboratoire, j’ai rencontré Guillaume Golding, le cofondateur de l’entreprise. Nous discutions beaucoup d’environnement, d’enjeux sociaux, de ce qui n’allait pas en France et dans le monde. Après des heures de discussion, nous nous sommes demandé ce que nous pourrions faire, nous-même, pour changer les choses. J’avais constaté que rénover une maison pouvait être un véritable chemin de croix pour un particulier alors que c’est une des solutions pour limiter l'impact du changement climatique. De là, une idée est née : créer une entité qui pourrait aider les organisations, les entreprises ou collectivités, à assurer leur transition écologique. Ceci permettait de lier nos connaissances en environnement, nos convictions environnementales et sociales.


Vous n’aviez alors aucune connaissance de l’entreprenariat. Comment avez-vous fait ?
Fin mai 2019, le Collège doctoral a organisé une conférence sur le réseau Pépite. J’ai entendu à ce moment-là « Vous les doctorants, vous êtes brillants et vous pouvez avec vos armes monter des entreprises qui vont être utiles et nous, nous pouvons vous aider à y arriver en vous donnant la formation nécessaire, en vous accompagnant avec un mentorat pendant un an et surtout cette formation est compatible avec votre doctorat ». Après être entrés en contact avec Céline Leclaire-Spreux et Valérie Patrin-Leclere pendant l’été, nous avons présenté notre projet fin septembre 2019. Nous avions dégrossi les contours, à qui nous voulions nous adresser, comment nous comptions être rentables et nous avons intégré le programme Pépite. Avec la pandémie, la formation s’est déroulée la plupart du temps en distanciel, néanmoins les intervenants ont toujours été très présents. Nous avions un mentor, Mathieu Porchet, qui nous a épaulé.

Nous nous sommes concentrés sur la création de PractiGREEN après la fin de mon doctorat. Nous nous sommes aperçus que le diplôme d’étudiant-entrepreneur était une grande chance. Au cours de l’année 2020-2021, nous avions dû rendre un plan de financement complet de l’entreprise, une stratégie marketing et une stratégie communication. Cela a créé le socle de l’entreprise. En juin 2021, nous avons mis au propre tous ces rendus, écrit nos statuts juridiques, cherché de l’argent.

Le 4 août 2021, nous avons déposé nos statuts au greffe de Bordeaux, statuts qui ont été accepté 48h après, ce qui en dit long sur la qualité de la formation Pépite. Cette formation nous a notamment permis d’acquérir des compétences alors que nous ne sommes pas juristes. L’entreprise existe officiellement depuis le 1er septembre 2021. Avant cette aventure, j’avais une vision assez péjorative du milieu entrepreneurial comme beaucoup de doctorantes et doctorants. Nous avons rencontré des personnes extraordinaires professionnellement et humainement. Cette formation Pépite a permis d’avoir un réseau et nos premiers clients.


Quel est le modèle économique de PractiGREEN ?
Nous avons lancé l’entreprise en minimisant au maximum les risques. Notre activité est un bureau conseil, nous n’avons pas besoin de gros investissements, seulement d’un endroit pour travailler, un ordinateur, une imprimante. Nous avons décidé statutairement de ne pas nous rémunérer jusqu’au 31 décembre 2022. Même si l’entreprise gagne de l’argent, il sera stocké ou réinjecté en investissements. Nous avons la chance d’avoir le droit au chômage, de bénéficier de l’allocation du retour à l’emploi. Dès janvier 2022, l’entreprise commencera à gagner de l’argent. L’idée est que les premiers fonds servent à embaucher des gens pour des contrats courts ou plus long, à faire de l’investissement dans du matériel ou à faire connaitre l’entreprise.

Notre objectif est double : que notre entreprise puisse grossir pour que nos convictions soient portées dans la société et qu’elle embauche des docteures ou docteurs et qu’ils soient bien payés. Nous espérons embaucher 1 à 2 salariés ou salariées en 2022. Dans 5 ans, nous espérons en avoir embauché 5 à 6. Nous sommes en train de nous questionner sur nos premiers collaborateurs ou collaboratrices. Les prérequis pour faire notre métier sont l’ouverture d’esprit, l’esprit critique, la capacité d’analyse permettant d’avoir une expertise rapidement sur un sujet. Nous sommes convaincus que tous les docteures ou docteurs, y compris en lettres et SHS en sont capables.


Concrètement, quelles sont les activités de PractiGREEN ?
Nous sommes un cabinet d’ingénierie environnemental, créateur de solutions écologiques. Notre métier est d’accompagner les entreprises en douceur dans une transition écologique pour avoir un impact concret, positif et durable. Notre but est de conseiller et d’accompagner les organisations de façon adaptée et sur mesure. Pour ce faire, nous faisons un audit précis des besoins de l’organisation pour lui proposer ensuite des solutions concrètes et déterminer avec elle la meilleure solution. Nous pouvons ensuite l’accompagner dans la mise en place de cette solution et faire un suivi. Par exemple, nous pouvons nous intéresser à la diminution de l’impact environnemental sur la biodiversité, lorsqu’une entreprise va construire un bâtiment, ou à la réduction de son impact sur les ressources en eau, ou encore à la gestion logistique des déchets, à comment mieux gérer l’énergie, mieux chauffer les bâtiments. Nous pouvons nous intéresser à la stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises), comment intégrer toutes ses démarches pour qu’elles soient en accord avec le bien-être des employées et employés. Nous ne sommes pas là pour établir des normes, faire des mesures, juger mais pour accompagner et concrétiser.


Le champ des compétences est très vaste. Comment faites-vous ?
Personne n’est compétent pour travailler sur l’ensemble de ces thématiques à lui tout seul. Nos doctorats ne nous ont pas donné toutes les compétences mais les armes pour comprendre les choses et avoir un regard critique et scientifique. Nous nous sommes entourés de partenaires pour répondre aux problématiques sur lesquelles nous ne sommes pas experts, et de prestataires pour la partie « pratique ». Par exemple, nous sommes partenaire avec Narrau, une entreprise fondée par deux docteurs en sociologie. Cette société nous apporte un point de vue sur les besoins des employées/employés et comment leur faire accepter les démarches de la transition écologique.  Cet écosystème nous permet d’avoir accès à des connaissances multiples.


Quels conseils donneriez-vous aux doctorantes et doctorants pour leur avenir ?
Il n’y a pas qu’une seule voie à la sortie de la thèse. L’académique est un des débouchés. Ce n’est pas parce que vous quittez l’académique que vous ne ferez plus de recherche. J’ai toujours rêvé de faire de la recherche académique. Je travaille à l’heure actuelle sur un article avec des chercheurs chiliens rencontrés lors de ma thèse. Je vais présenter mes résultats de thèse lors d’un séminaire prochainement. Je continue la recherche académique grâce à l’entreprise. Gardez les portes ouvertes. Restez volontaires. Restez bienveillants et ouverts aux autres. Allez vers eux. Il y a beaucoup de gens ouverts d’esprit prêts à vous tendre la main. Vous serez là pour eux et ils seront là pour vous. Nous allons plus loin ensemble que tout seul. Tous les doctorantes et doctorants sont une force et une chance. Ce qui manque le plus aux docteures et docteurs c’est d’avoir confiance en leurs compétences. Il y a un vrai syndrome de l’imposteur. Tout le monde à l’université a un doctorat ou un diplôme d’ingénieur mais en dehors de l’académique, cela n’est pas commun. Notre expertise est très valorisante et valorisable.


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